
Aux armes et cætera
TERA fait effectivement voler en éclats les conventions de gameplay qui minent les MMORPG depuis de nombreuses années. A savoir, l'omniprésence de sorts, flèches, balles, et même coups d'épée, à tête chercheuse. Le système qui consiste à choisir une cible puis à enchaîner les sorts d'une main tout en mangeant un sandwich de l'autre n'est pas de mise ici. Bien au contraire, le titre coréen s'inspire des jeux d'action classiques. Un viseur occupe donc le centre de l'écran et il appartient au joueur de le positionner sur la cible de son choix puis de tirer avec le bouton gauche ou droit de la souris. Pas question d'appuyer sur la touche Tab pour que l'ennemi le plus proche soit automatiquement sélectionné ! Et ensuite, il faut continuer à viser en permanence, sous peine de voir les projectiles manquer leur but. Naturellement, certains ennemis ont tendance à esquisser régulièrement des pas d'esquive. Ce degré de liberté marche également dans l'autre sens, ce qui permet donc au joueur d'éviter les coups ennemis. Il n'y a donc plus uniquement le niveau et l'équipement du personnage qui comptent, mais également la mobilité et l'habileté du joueur. A bien y réfléchir, il devrait toujours en être ainsi. Pour autant, le jeu reste très accessible. Il se fend par exemple d'un didacticiel interactif, qui a le mérite de nous habituer aux petits changements d'interface que le système de combat dynamique implique. Au passage, c'est l'occasion de vérifier si l'on préfère jouer au clavier ou à la manette, puisque celle-ci est supportée. Par la suite, tout est fait pour que l'on identifie aisément les donneurs de quêtes, les endroits où l'on doit se rendre, les créatures que l'on doit abattre, etc. Et pour attirer un maximum de monde à lui, TERA a revêtu ses plus beaux atours. Grâce à l'Unreal Engine 3 (et malgré son fameux bug de retard d'affichage de certaines textures), les graphismes sont de très bonne facture pour un MMORPG. Le plaisir de l'exploration s'en trouvé décuplé tandis que le design plaisant des personnages et des créatures est joliment mis en valeur. Hélas, tout cela ne suffit pas à faire oublier un énorme défaut qui vient sensiblement doucher notre enthousiasme : les quêtes ! Si les principales sont globalement sympathiques, les quêtes secondaires sont en revanche terriblement lassantes. Elles sont quasiment toutes basées sur le sempiternel schéma du facteur-exterminateur ("va tuer tant de bestioles, ramène-moi tel truc"). Le fond n'est donc pas à la hauteur de la forme, et le dynamisme des combats ne suffit pas à éviter la lassitude du "grinding" à tout-va. Un problème d'autant plus gênant que le jeu ne peut s'abriter derrière l'excuse du free-to-play. Il faut en effet s'acquitter d'un abonnement mensuel, alors même que ce modèle économique semble vivre ses dernières heures. Plaisant mais imparfait, TERA ne se montre finalement pas aussi révolutionnaire qu'on pouvait l'espérer.