Si Turbo Schtroumpfs affichait un nombre d’items extrêmement réduit, Eden Games a rectifié le tir dans Schtroumpfs Kart, ce qui dynamise grandement les courses, d’autant qu’il est possible d’en embarquer deux à la fois. Les missiles (sous forme de glands cette fois-ci) et les fioles d’invincibilité (que l’on pourrait comparer au Bill Balle de Mario Kart) ont été conservés, et sont donc rejoints par d’autres joyeusetés telles que les bogues. L’utilité de ces dernières est double : on peut s’en servir pour neutraliser un projectile, ou alors les placer dans un endroit vicieux pour que l’un des concurrents roule dessus. Il y a également la bulle protectrice sur laquelle il n’est pas nécessaire de s’attarder, ou encore le ressort et ses remontées fantastiques. N’oublions pas non plus les feuilles (sans doute en référence à la salsepareille) qui octroient un boost, ainsi que les guêpes jaunes et rouges. Les premières s’attaquent au pilote le plus proche de nous, tandis que les secondes s’en prennent à celui qui mène la course – un peu comme la carapace bleue de Mario Kart. Quant au pungi, de ce que l’on a compris, il a pour effet d’endormir le concurrent, et donc de réduire sa vitesse. Enfin, on a aussi repéré les roquettes qui s’abattent sur les participants quand on est englué au fin fond du classement. Et les subtilités ne s’arrêtent pas là puisqu’il y a aussi les tremplins qui permettent de gratter un boost en pressant R, les dérapages à la Mario Kart, les baies pour augmenter la vitesse de pointe, et bien évidemment l’incontournable super départ.
On redoutait le pire avec Schtroumpfs Kart, et au final, Eden Games rend une copie moyenne, ce qui est déjà une victoire quand on se souvient de la catastrophe Gear.Club Unlimited.
Quitte à reprendre tout ce qui fonctionne dans le jeu de course de Nintendo, on aurait apprécié qu’il soit possible de maintenir les bogues derrière soi afin de se protéger d’une guêpe ou d’un missile. Là, on est obligé d’attendre que l'alerte se déclenche pour contrer l’attaque adverse au dernier moment. Dans le même ordre d’idées, on se demande pourquoi il n’y a pas moyen de balancer des projectiles en arrière ; une mécanique toute simple qui aurait permis de mieux défendre sa position et ne pas subir les événements. Par exemple, dans les zones munies de rebords ou de murs, on ne peut pas tirer au pif sous peine de se faire punir par son propre gland. Ces manques paraissent anecdotiques de prime abord, mais dans les courses hautement serrées, elles empêchent de développer une véritable tactique défensive. On ressent alors de la frustration, voire une forme d’injustice quand les autres derrière se régalent avec de bien meilleurs items. Et c’est d’autant plus incompréhensible que Schtroumpfs Kart mise absolument tout sur les bonus. En effet, les douze personnages que compte le jeu (le Schtroumpf Bricoleur, le Grand Schtroumpf, le Schtroumpf Maladroit, le Schtroumpf Cuisinier, le Schtroumpf Paysan, Schtroumpfette, Bouton d’Or, le Schtroumpf Robot, le Cosmoschtroumpf, le Schtroumpf Costaud, Tempête, le Schtroumpf Farceur) ne sont différenciés par aucune caractéristique de vitesse, de poids, de maniabilité, d’accélération, ou encore d’adhérence. N’espérez pas non plus modifier les éléments de leurs véhicules : les Schtroumpfs sont tous logés à la même enseigne. Enfin, presque car chacun possède tout de même une compétence qui lui est spécifique.
IL EST OÙ GARGAMEL ?
Ainsi, le Schtroumpf Farceur prendra un malin plaisir à expédier des cadeaux explosifs à ses adversaires – s’ils sont suffisamment réactifs, ils pourront néanmoins s’en débarrasser – tandis que Tempête leur enverra une salve de flèches modifiant soudainement leur trajectoire. On aime aussi les gâteaux du Schtroumpf Cuisinier qui donnent le hoquet, ce qui perturbe grandement la maniabilité du kart, surtout dans les portions sinueuses. Le principe des compétences spéciales a beau être charmant sur le papier, on regrette toutefois qu’Eden Games n’ait pas fait preuve d’une plus grande créativité car on s’aperçoit assez vite que certaines aptitudes font doublon avec les items. On pense notamment à la poudre magique du Grand Schtroumpf qui agit comme le pungi, ou bien au gyrophare du Schtroumpf Maladroit qui remplit les mêmes fonctions que le ressort. Du coup, quel est l’intérêt de choisir tel ou tel personnage si, au final, on peut bénéficier des mêmes pouvoirs via la roulette des items ? En fait, il aurait sans doute été plus judicieux de réduire le nombre d’objets disponibles en piste pour que le pouvoir de chaque Schtroumpf soit réellement unique. Là encore, cela impacte la dimension stratégique de Schtroumpfs Kart dont la maniabilité n’est pas des plus folles. Cette impression de rouler constamment sur des œufs fait que l’on ne peut pas travailler ses trajectoires comme on le voudrait alors que les circuits sont bien fichus en matière de track design. Ce n’est pas du Mario Kart, entendons-nous bien, mais comparé à Chocobo GP qui est sorti en mars dernier, les tracés ont été nettement mieux pensés.
Ils marient avec intelligence secteurs techniques et zones plus larges pour donner du rythme aux courses. Mais ce qui est encore plus intéressant avec les pistes de Schtroumpfs Kart, c’est la marge de progression qu’elles offrent. D’ailleurs, elles intègrent quelques raccourcis que l’on ne repère pas forcément au premier coup d’œil et qui incitent donc à multiplier les tours jusqu’à maîtriser totalement les lieux et leurs particularités. Naturellement, les circuits sont situés dans des environnements connus des inconditionnels qui auront l’occasion de croiser la route de Grossbouf, de Gargamel et d’Azraël, sans oublier le barrage, le village, les marais ou bien la plage. Bref, sur ce point, le cahier des charges a été plus que respecté. Là où le jeu pèche sévèrement en revanche, c’est au niveau des choix de couleur qui ne sont pas tout le temps judicieux – c’est particulièrement vrai pour Les Marais Brumeux et Chaos chez Gargamel où la visibilité n’est pas top à certains segments. Quand on est lancé à pleine vitesse, il n’est pas évident de distinguer les éléments du décor. Ce constat permet d’évoquer la réalisation du jeu qui est plutôt correcte compte tenu des capacités graphiques de la Nintendo Switch. Les effets visuels et les textures sont basiques, ça clippe aussi, mais le framerate répond présent. Est-ce que l’on en attendait plus ? Pas vraiment, et on doit dire que l’on est même agréablement surpris par les thèmes musicaux qui sont réussis dans l’ensemble.
Le principe des compétences spéciales a beau être charmant sur le papier, on regrette toutefois qu’Eden Games n’ait pas fait preuve d’une plus grande créativité car on s’aperçoit assez vite que certaines aptitudes font doublon avec les items.
Pour ce qui est du contenu du jeu, Eden Games s’est contenté du strict minimum. Pas de mode « Histoire » alors que l’univers des Schtroumpfs s’y prête parfaitement, mais un mode « Grand Prix » qui permet de choisir entre deux cylindrées (Fun et Super vitesse). Derrière, il s’agit de boucler trois Coupes (Village, Forêt et Gargamel) contenant chacune quatre courses. Si l’on inclut les variantes miroir, on arrive à un total de 24 épreuves. Oui, ce n’est pas beaucoup. En plus du mode « Grand Prix », il y a également le mode « Défi Chronométré » qui demande de battre des temps établis par les personnages pour récupérer des médailles (bronze, argent, or). Dans le mode « Course libre », une poignée d’options (cylindrée, niveau de difficulté, présence ou pas des objets entre autres) peuvent être paramétrées pour jouer sans pression. De son côté, le multi se limite au local en écran splitté, jusqu’à quatre pilotes pouvant prendre part aux modes « Grand Prix » ou « Course libre ». Histoire de ne pas passer pour des radins, les développeurs ont blindé Schtroumpfs Kart de 110 autocollants à collectionner. Ces derniers s’obtiennent selon les performances réalisées en piste – terminer tant de courses avec tel ou tel Schtroumpf, remporter telle coupe en Fun ou en Super vitesse, obtenir la médaille d’or contre tel pilote, etc. Perso, on aurait préféré des personnages et des coupes à débloquer en guise de carotte. Enfin, pour un jeu de course qui se veut accessible et cible à l’évidence un jeune public – d’ailleurs, des assistances sont activables pour tourner et accélérer automatiquement – on est étonnés que Schtroumpfs Kart ne dispose pas d’un tuto détaillant de façon claire chacun des items. Parce que bon, les messages subliminaux envoyés pendant les écrans de chargement, c’est light.