Mais avant de nous pencher plus en détails sur les qualités du jeu, rappelons aux plus étourdis que Titanfall est un titre uniquement multijoueur. Si vous espériez pouvoir profiter d'une campagne solo explosive et cinématographique, comme on en trouve notamment dans les Call of Duty, vous risquez d'être déçu ! Cette lacune est regrettable à plus d'un titre, puisqu'elle met de côté les joueurs asociaux ou misanthropes, empêche le jeu d'installer correctement son univers, et force les plus timides ou les plus novices à plonger directement dans le grand bain du multi. A vrai dire, certains de ces problèmes étaient censés être évités grâce à la présence d'une campagne multijoueurs scénarisée. Et là, c'est la douche froide... Tout d'abord, il ne faut qu'une heure et demi pour voir le bout de cette "aventure". De plus, sa mise en scène et ses enjeux sont tellement pauvres que le fait de pouvoir (et même devoir, si l'on souhaite débloquer tous les types de titans) la recommencer une seconde fois n'est pas vraiment un point positif. Totalement insipide, le scénario se contente de nous mettre devant le fait accompli. En gros, l'IMC affronte la Milice et ne cherchez pas plus loin. Les quelques personnages que l'on croise n'ont aucune épaisseur et n'apparaissent à l'écran que quelques secondes, ce qui fait qu'il est totalement impossible de s'y attacher. Les événements sont principalement racontés à travers de simples briefings audio. Et surtout, jouer dans un camp ou un autre ne change strictement rien, à part la petite scène matérialisant l'arrivée des soldats sur le terrain. Même le fait de gagner ou de perdre n'a aucune incidence sur la suite des événements. Malgré les promesses des développeurs, il faut donc abandonner tout espoir de narration intéressante. Cette "campagne" n'est finalement qu'une succession de simples parties multijoueurs, qui se limitent qui plus est à seulement deux modes différents (Attrition, une sorte de Team Deathmatch, et Domination, où il faut capturer des points).
Le choc des Titans
C'est donc maintenant établi : Titanfall ne vaut que par son gameplay. Et heureusement, ce dernier est véritablement excellent. Notamment parce qu'il bénéficie d'une prise en main immédiate, alors même qu'il nous propose une palette de mouvements bien plus riche que la moyenne. Même lorsqu'ils se retrouvent à évoluer à pied dans les maps, les pilotes de titans sont loin d'être de simples soldats d'infanterie classiques. Ils peuvent réaliser des doubles sauts, courir sur les murs ou encore s'accrocher à différents éléments du décor. Leur agilité extrême ne pose aucun problème de maniabilité, et permet d'atteindre des hauteurs au premier abord insoupçonnées. Tout l'aspect "parkour" du jeu est donc parfaitement réussi. Quant à la présence de titans, elle est loin de n'être qu'un atout marketing. Dans la plupart des modes, on commence à pied et ces robots géants ne peuvent être appelés sur le terrain qu'au bout de quelques minutes. Chaque joueur est alors libre de faire appel à leurs services ou non. Une fois invoqué, on peut ordonner au mech de rester sur place, ou de nous suivre, l'intelligence artificielle se chargeant alors de ses déplacements et de ses tirs. Mais le plus intéressant reste évidemment de prendre position à l'intérieur du titan pour le contrôler directement. Le point de vue s'élève, on se retrouve avec des armes surpuissantes et, s'il n'est plus possible de sauter, il reste possible de "dasher", c'est à dire d'effectuer un mouvement rapide dans la direction de son choix. Ceci afin d'éviter un tir ennemi, ou de se rapprocher d'un adversaire pour mieux le castagner. Dans ce contexte, on pourrait craindre que les frêles pilotes restés sans compagnon robotique n'aient plus aucune chance. En vérité, il n'en est rien. Certes, leurs chances de survie sont considérablement réduites s'ils restent bêtement au sol et à découvert. Il est en effet quasiment impossible de survivre à une roquette de titan et, qui plus est, on peut tout simplement se faire écraser comme la première fourmi venue.
Vous ne choisirez pas de jouer piéton ou titan parce que l'un est cheaté par rapport à l'autre, mais plutôt en fonction de vos goûts et des circonstances."
Mais l'agilité des piétons vient finement compenser leur faiblesse. Grâce au parkour, il est facile de semer un titan et de rejoindre des endroits hauts perchés pour mieux lui tirer dessus. Les plus audacieux pourront même carrément grimper sur le dos des mechs, ouvrir une trappe et tirer sur ses circuits internes. Les géants ont bien sûr différents moyens leur permettant de se débarrasser d'un importun de ce type mais, et c'est là une des grandes forces du jeu, l'ensemble des possibilités et contre-mesures reste toujours équilibré. Vous ne choisirez pas de jouer piéton ou titan parce que l'un est cheaté par rapport à l'autre, mais plutôt en fonction de vos goûts et des circonstances. Il est également important de porter au crédit du jeu la présence de bots dans les deux camps. Non seulement ces soldats dirigés par l'intelligence artificielle peuplent le terrain et évitent que les parties (limitées à six contre six) paraissent trop vides, mais surtout ils permettent à tout le monde de réaliser des frags. Faibles, peu résistants, les Grunts et autres Spectres servent de chair à canon, notamment auprès des joueurs les moins bons, qui peuvent ainsi amasser de l'expérience et s'amuser malgré leur noobitude. Il est même possible de pirater certains d'entre eux pour qu'ils rejoignent notre camp et nous suivent comme des lemmings. Pendant ce temps, les joueurs les plus doués continueront à virevolter dans les airs ou à rester de longues minutes à bord de leur titan (qui dans tous les cas a tendance à devenir la cible de tous les joueurs adverses, ce qui vient compenser une nouvelle fois sa puissance).
Les géants ont bien sûr différents moyens leur permettant de se débarrasser d'un importun de ce type mais, et c'est là une des grandes forces du jeu, l'ensemble des possibilités et contre-mesures reste toujours équilibré."
Si le gameplay mérite un concert de louanges, il ne faut tout de même pas perdre de vue les petites mais nombreuses lacunes du jeu. On s'étonne par exemple de ne pas pouvoir renommer les classes personnalisées pour pouvoir les retrouver plus facilement. On regrette qu'un bouton "ready" ne permette pas d'écourter la session d'attente dans le lobby quand tout le monde est prêt à jouer. Et surtout, on déplore que le système de matchmaking ne soit pas plus performant. Entre les moments où il ne voit pas des serveurs qui existent pourtant bel et bien, et ceux où il place tous les joueurs dans la même équipe au lieu de les répartir, il y a de quoi pester. D'ailleurs, lors de notre session de test, nous nous sommes retrouvés plus d'une fois à combattre à trois contre cinq. Aucune balance automatique n'est venue égaliser les camps à quatre contre quatre, et plus gênant encore, aucune commande ne permet de le faire manuellement. Mais le plus regrettable reste surtout le nombre peu élevé et le peu d'originalité des modes de jeu proposés. En dehors des "Domination" et "Attrition" cités plus haut, on a droit à l'antédiluvien "Capture The Flag", à un "Last Titan Standing" qui se limite grosso modo à du "Team Deathmatch" de titans sans respawn (avec tout de même la possibilité de passer en mode piéton si on le souhaite) et à un Pilot Hunter qui n'est rien d'autre que le mode "Attrition" avec une façon différente de compter les points. Soit, en tout et pour tout, quatre modes et demi dont aucun ne fait vraiment preuve d'originalité. Avec la présence des bots et des titans, il y avait pourtant de quoi faire ! Pourquoi pas un "Capture The Titan" ? Ou un mode qui nous demande de pirater un maximum de Spectres ? Ou un mode délirant façon "Zombies" ou "Extinction" ? Ou même un simple mode Free For All qui manque étonnamment à l'appel. Si on n'ira pas jusqu'à parler de coquille vide, il semble tout de même que Titanfall soit sorti du four un peu trop tôt. Le gâteau reste délicieux, mais il n'est pas très gros et pas tout à fait assez cuit.