The Clue Bender Society ou, dans la langue de Molière, La Communauté des Traqueurs d'Enigmes est une bande de détectives qui a convié notre petite Nancy Drew (sorte de Veronica Mars virtuelle) à participer à une compétition regroupant les plus fins limiers de la planète. Dans un manoir perché au sommet d'une île étrange, la voilà donc entraînée dans une enquête digne d'un roman d'Agatha Christie, à la recherche d'un livre secret mystérieusement disparu. Qui est le voleur ? A vous de le découvrir ! Et ne comptez pas sur nous pour vous dire de qui il s'agit, puisque même en ayant fini le jeu (ce qui nous a demandé trois bonnes heures, en y allant calmement), nous serions bien incapables de vous expliquer de quoi retourne cette abracadabrante histoire, aux rebondissements improbables issus d'un étrange croisement entre les enquêtes de l'inspecteur Bourrel et un mauvais ouvrage du Club des Cinq. C'est mou, très mou, mais l’histoire part tout de même dans tous les sens, tant et si bien qu'une fois arrivé à la moitié du jeu, on ne sait même plus très bien ce après quoi on court.
Clue et Do
Mais dans notre malheur, c'est là que l'on peut remercier chaudement les développeurs du jeu, qui ont consciencieusement pensé aux joueurs (peu attentifs) que nous sommes. Ici, nul besoin de comprendre un traître mot de ce qu'il se passe, puisqu'avec son déroulement ultra linéaire et son gameplay dirigiste, on pourra aisément venir à bout de ce soft sans faire fonctionner un seul neurone. Lorsqu'on rentre dans une pièce, un point d'exclamation nous indique les objets à ramasser. Lorsqu'on se retrouve face à une combinaison, celle-ci finit par être découverte en trifouillant les boutons un peu n’importe comment. Même lorsqu'on est au milieu d'une pièce, des cercles de couleur nous indiqueront comment accéder à une autre partie de la même pièce ! Au final, n'importe quel gamer ayant tâté au moins une fois dans sa vie ce genre de jeu se sentira irrémédiablement pris pour un imbécile. Et même si par moment, un petit mini-jeu viendra égayer un peu la partie (jouer trois notes au piano, crocheter une serrure, placer deux roues crantées dans une machine pour activer un mécanisme...), ces derniers se révèlent être d'une simplicité tellement enfantine que leur résolution ne procurera aucun plaisir. Bref, neuf fois sur dix, il suffira de cliquer sur les points qui clignotent, de récupérer un objet par terre et d'échanger une phrase avec un personnage pour que le tour soit joué. De quoi faire se retourner Horst Tappert dans sa tombe... Avec son scénario bâclé, son absence de difficulté et sa faible durée de vie, Nancy Drew ne nous aura vraiment pas convaincu. Et si l'on rajoute à cela une maniabilité fichtrement mal pensée (où l'on est obligé de se servir en même temps de la croix directionnelle, de la touche A et du stylet) et certains angles de caméra pas du tout judicieux (des grands plans larges où l'on ne voit strictement rien), on se retrouve là face à un point & click pas franchement recommandable. C'est un peu dommage car le jeu dispose en revanche d'une réalisation soignée (avec des cut-scenes dynamiques et fort jolies), de graphismes agréables et d'une musique entraînante que l'on croirait sortie d'un Alone in the Dark 2. Des points positifs qui sont bien insuffisants pour sauver le soft de Gorilla, qui aurait tout intérêt à retravailler sa copie s'il veut sortir un troisième épisode sur DS, où la concurrence est plus que rude.