Cela faisait longtemps que l’idée d’une "Assassine" était évoquée par la presse, mais les développeurs n’avaient jamais réellement exploré cette piste jusqu’à présent. Cet épisode portable était donc vraisemblablement l’occasion rêvée pour Ubisoft Sofia et Ubisoft Montréal d’essayer cette nouvelle formule, plutôt que de simplement proposer une aventure différente avec Connor, le héros d’Assassin’s Creed 3. Nous voilà donc plongés dans les années 1760 en Louisiane, propriété française en terre américaine, avant de passer aux mains des Espagnols. La Guerre d’Indépendance entre l’Angleterre et ses treize colonies du Nouveau Monde est donc loin. La Nouvelle-Orléans est le territoire d’Aveline de Grandpré, née de l’union entre un riche commerçant et l’une de ses esclaves. Abandonnée par sa mère, la jeune fille a rapidement été repérée puis embrigadée par la Confrérie des Assassins. L’aventure commence alors que les disparitions d’esclaves se multiplient à la Nouvelle-Orléans, et Aveline va évidemment découvrir que les Templiers se cachent encore une fois derrière cette sombre affaire. Un scénario qui tient la route, mais qui peine réellement à capter l’attention du joueur durant les trois-quarts du jeu. Même si le twist final donne un bon coup de fouet à l’histoire, on a souvent l’impression de jouer une quête annexe géante plutôt qu’une véritable aventure. Les ellipses temporelles entre les chapitres laissent des trous béants dans la narration, que le joueur doit combler lui-même par déduction/imagination, et certains éléments sont vraiment posés là, comme une poignée de cheveux sur la soupe (la présentation d’Agaté, le rôle de la mère d’Aveline, l’artefact amérindien). Sans compter les petites approximations (des statuettes mayas au Mexique ?!).
Même si le twist final donne un bon coup de fouet à l’histoire, on a souvent l’impression de jouer une quête annexe géante plutôt qu’une véritable aventure."
D’ailleurs, on a globalement l’impression de jouer à un épisode classique de la série, mais en moins bien, ce qui était déjà le cas avec les portages sur consoles portables il y a quelques années. On retrouve donc en termes de gameplay ce qui fait l’essence de la série : un scénario principal, des missions secondaires et des environnements ouverts dans lesquels Aveline peut se déplacer en free-run. Le jeu ne compte que deux niveaux : la ville de la Nouvelle-Orléans et le bayou (trois, si on compte les missions ultra-guidées au Mexique). Ces deux environnements sont certes assez vastes - d’autant qu’il est désormais possible de grimper aux arbres - mais on aura vite fait d’en faire le tour au cours des vingt heures de jeu. Les missions et objectifs secondaires sont peu intéressants dans la mesure où les réussir n’apporte rien de plus à l’expérience. Et vu qu’il n’est même pas nécessaire d’acheter de nouvelles armes pour arriver au bout du jeu, on ne se sent pas contraint de récupérer de l’argent à tout prix. Mais surtout, c’est la technique très inégale du jeu qui lui donne son rôle de second couteau. Le tout reste correct visuellement ; les nouvelles animations d’Assassin’s Creed 3 ont été intégrées à Liberation avec brio, certains visages sont très réussis, tout comme les textures des tissus. Mais le reste risque d’en rebuter plus d’un. Les baisses de framerate en ville sont insupportables et mettent un coup à la fluidité historique de la série. Le jeu est rongé par un clipping qui s’exerce non seulement sur les éléments du décor, mais aussi sur les textures. Le bayou est à ce titre une belle bouillie grisâtre. Et comme son aîné, Liberation est bourré de bugs, notamment de collisions.
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