Ambitieux tout cela ? Pas tant que ça car, à l'usage, on s'aperçoit que le contexte du jeu n'a finalement guère d'importance. Certes, les fans apprécieront de combattre dans le royaume de Westeros et d'incarner l'une des huit maisons du continent (Targaryen, Lannister, Baratheon...). Mais les défauts comme les qualités de A Game of Thrones: Genesis sont tellement imposants, que l'aspect adaptation passe totalement au second plan. Il faut dire que la mise en scène générale n'aide pas vraiment à se passionner pour les évènements décrits. Courte et vieillotte, la cinématique d'introduction donne le ton d'un jeu manifestement réalisé avec de faibles moyens. Ainsi, quelle que soit la manière dont on les aborde, les graphismes nous ramènent dix ans en arrière, voire plus encore. Modélisation peu détaillée, textures en basse résolution, couleurs désespérément ternes, effets spéciaux médiocres, animations datées... c'est un véritable festival ! Et l'aspect sonore ne vaut guère mieux. Les musiques sont peu présentes et assez quelconques, tandis que les voix françaises manquent clairement de conviction. Le gameplay aurait également mérité une meilleure finition, puisqu'on ne peut que déplorer la lenteur de déplacement des troupes, leur trop petite taille qui les rend parfois difficiles à sélectionner, et un manque flagrant de différentiation des factions ennemies par rapport aux unités amies. Il faut zoomer au maximum pour pouvoir lire plus ou moins distinctement un minuscule blason, alors qu'un code couleur franc (vert/rouge) aurait été nettement plus pratique. Evidemment, tout cela n'est pas franchement engageant et personne n'irait jeter la pierre à des joueurs pressés, qui tourneraient le dos au jeu au bout de quelques minutes seulement. Et pourtant, ils n'auraient pas forcément raison car tout n'est pas foncièrement pourri au royaume de Westeros. Si tout ce qui concerne la forme est au pire détestable (l'affreuse carte affichée en plein écran lors des déclarations de guerre) et au mieux banal (l'interface générale), le fond reste digne d'intérêt.
Westeros, morne plaine
Voilà, il est maintenant établi que le jeu est réservé à ceux qui savent que la véritable beauté est intérieure. Ceux-là, s'ils sont également de fins stratèges, pourraient trouver matière à se laisser séduire. Car nous n'avons pas affaire à un vulgaire RTS où il suffit de créer des soldats en masse avant d'aller raser la base adverse. A la manière d'un jeu de plateau, chaque carte est ici découpée en territoires à conquérir. Ces zones peuvent abriter des villes, des châteaux, des champs, des ruines, des mines d'or, ou encore des septuaires, les monastères du royaume de Westeros. Pour les capturer, il ne suffit pas d'amasser des unités militaires comme dans d'autres jeux de stratégie. Il faut bien au contraire utiliser au mieux les différentes possibilités offertes par le jeu, qui ne limite pas à la manière forte mais embrasse également les voies diplomatiques et politiques. Nous n'allons pas nous attarder longtemps sur la description des unités de combat (soldats, archers, cavaliers, commandant...) ni sur celle des unités de production (fermiers qui amassent la nourriture, marchands qui transportent l'or) car.tout cela reste assez classique. En revanche, les autres unités soufflent un vent d'air frais et enrichissent grandement l'aspect stratégique du jeu. L'émissaire peut ainsi nouer des alliances avec des villes neutres ou délivrer un message de paix aux adversaires potentiels. L'espion, particulièrement réjouissant, crée des accords secrets, découvre les troupes furtives et inspecte les unités amies pour découvrir s'il s'agit de traîtres. Le filou déclenche des émeutes chez les alliances ennemis et corrompt les unités adverses. La courtisane les séduit pour mieux les faire changer de camp, et se marie avec les seigneurs des villes afin de renforcer leurs défenses. Le suzerain, pièce maîtresse dont la perte est synonyme de fin de partie, doit se marier pour obtenir des fils légitimes, l'aîné de ceux-là devenant alors son héritier. En l'absence de descendance officielle, il engendra des bâtards qui, s'ils sont découverts par l'adversaire, font perdre des points de prestige. L'ensemble de ces paramètres forme un jeu vraiment pas comme les autres, qu'on apprécie de plus en plus au fil des parties. Notamment en multijoueurs, car les réactions des adversaires sont alors moins prévisibles que celles de l'intelligence artificielle, ce qui rend l'action moins répétitive. Au final, il est réellement dommage que le capital sympathie du jeu parte de si bas, en raison de lacunes esthétiques et techniques difficilement pardonnables. Au moins, le studio de développement sait ce qu'il doit améliorer si jamais une suite devait sortir un jour.