Forcément, avec le boulot que se tapent les équipes de Rockstar North entre la création de contenu pour GTA Online, le contenu de Red Dead Online, et le développement de GTA VI, il y avait peu de chances qu’un remaster puisse trouver une place dans ce planning surchargé. C’est donc Grove Street Games qui s’est retrouvé aux manettes du projet, et si le nom de ce studio vous évoque déjà GTA : San Andreas, ce n’est pas pour rien. Assez méconnu sur le marché des gros jeux console et PC, Grove Street s’est fait principalement la main sur mobile, et réalisant moult portages des hits de Rockstar. On leur doit ainsi les versions Android et iOS de GTA 3, Max Payne, GTA Vice City, GTA San Andreas, GTA Chinatown Wars, Bully Anniversary Edition ou encore ARK Survival Evolved. Vous l’avez compris, il s’agit donc du premier gros projet d’envergure pour ce studio qui a donc du se débrouiller pour moderniser un tant soit peu des titres âgés d’une vingtaine d’années, soit la préhistoire en termes vidéoludique, surtout que là ou les sprites 2D conservent leur charmes, on sait que la 3D vieillit particulièrement mal.
Les trois jeux ont donc eu peu ou prou droit au même traitement, à savoir un bon lifting graphique afin de les remettre un peu au goût du jour, ainsi que quelques légères évolutions pour moderniser le gameplay. L’avantage d’utiliser un moteur graphique moderne comme l’Unreal Engine, c’est que les titres fonctionnent d'emblée avec nos écrans modernes, et même les dernières cartes graphiques Nvidia si votre PC en est doté. Exit les jeux en 480p 25fps de la PS2, désormais, chaque opus est compatible avec les set-ups ultra-larges. Dans notre cas, ce sera 4K 144fps, en partie grâce au fait que ces titres antiques ne demandent pas un équipement de folie même dans leur nouvelle mouture, et d’autre part grâce à la compatibilité avec le système de supersampling Nvidia DLSS qui est présent. Dis comme ça, cela n’a l’air de rien, mais en réalité, le seul fait de pouvoir disposer du jeu dans une résolution moderne fait déjà beaucoup.
AH SHIT, HERE WE GO AGAIN
Mais ce n’est pas tout, toutes les surfaces ont eu droit à un traitement afin de lisser les arêtes, gommant un peu l’effet « tas de polygones » des prémices de la 3D. Les textures ont également beaucoup progressé, avec entre autre des personnages au look transfiguré, et qui font désormais nettement plus cartoon. Ce n’est pas forcément plus moche, mais c’est clairement différent, et cela change pas mal l’esthétique du jeu, surtout lors des cinématiques. On note aussi des reflets incroyablement plus poussés sur les voitures dont les chromes sont désormais réellement brillants. La nature n’est pas en reste avec une végétation un peu plus dense, et des touffes d’herbe volumétriques qui se déforment sous les pieds de CJ dans la campagne de San Andreas par exemple. Là encore rien de bluffant, mais il suffit de relancer la galette PS2 pour se rendre compte qu’on avait principalement droit à des textures vertes auparavant.
Globalement, le jeu reste daté visuellement, mais on peut toutefois en profiter sans avoir les globes oculaires en sang, sauf peut-être lorsqu’il pleut de nuit, et que le rendu tient plus du blizzard en plein nord canadien que de l’averse à Los Angeles. Sans rire, dans ce cas de figure, la visibilité est tellement mauvaise que le titre en devient presque injouable. On note aussi plusieurs bugs visuels, souvent en lien avec les nuages ou la météo, mais rien de rédhibitoire outre-mesure. De même, on aura droit à toujours autant de clipping au niveau du trafic routier, alors que la distance d’affichage revue à la hausse aurait permis de faire apparaître les voitures bien plus tôt. Le gameplay lui-aussi a eu droit à quelques petites touches de modernité. La plus visible, et probablement l’une des plus salvatrices, concerne l’arrivée d’une roue des armes qui permet de choisir directement la pétoire de notre choix. Les anciens se souviennent encore des plombes passées à appuyer sur les boutons de tranche pour faire défiler les armes une à une jusqu’à tomber sur celle voulue.
WE GROVE FARM !
Plusieurs missions ont ainsi été corrigées, et simplifiées afin de coller aux standards modernes (cette poursuite de train en motocross avec Big Smoke dasn San Andreas). Mieux, lorsqu’on meurt en cours de mission, le jeu nous propose même de retenter notre chance depuis une sauvegarde automatique, et en bonus, on ne perd pas notre arsenal. Les gunfights aussi ont été légèrement revues, avec un lock des ennemis plus facile, mais rien qui ne transcende réellement l’expérience. Le feeling est toujours rigide et daté, mais cela fait aussi partie du charme de l’ancien, comme disent les agents immobiliers. Ceci dit, le gain de fluidité apporté par un framerate qu’on peut laisser libre est également d’une grande aide. Il transfigure également la conduite qu’on redécouvre sous un nouveau jour, et qui s’avère bluffante au vu de l’âge des jeux. Grâce au travail sur les éclairages, la nuit permet aussi des paysages magnifiques, qu’il s’agisse des teintes néon de Vice City, ou des divers environnements de San Andreas, de rues crades de Los Santos aux illuminations de Las Venturas.
On note aussi certaines différences de contenu, avec des punchlines jugées trop racistes qui sont passées à la trappe, tandis qu’on imagine que des histoires de droits ont joué sur la composition des tracklist (disparition de Billie Jean de la BO de Vice City). Certains easter eggs semblent aussi avoir été oubliés, dont les voitures fantômes de la campagne de San Andreas qui sont toujours présentes, mais restent immobiles. Ceci dit, tout n’a pas été laissé de côté, puisque le panneau Bridge Facts qu’on trouve devant le San Fierro bridge (et qui détaille le nombre de polygones, ou l’espace disque utilisé par ce dernier) a été mis à jour. On apprend ainsi que cet ouvrage d’art est passé de 16 000 à 34 815 polygones, de 11 à 40 textures, ou que l’espace de stockage occupé a largement augmenté, passant de 1.27 Mo à 38.9Mo. En clair, il va à nouveau y avoir pas mal de choses à découvrir dans ces trois jeux mythiques grâce à cette Definitive Edition.