La couronne de champion n'a jamais été aussi proche de changer de tête dans le domaine des simulations de foot. Quelques jours après la sortie d'un PES 2016 plus agressif que jamais, FIFA 16 fait finalement son entrée dans l'arène, avec la mission plutôt ardue de faire oublier une cuvée 2015 qui avait quelque peu déçu certains joueurs et critiques. Pourtant, Electronic Arts n'a pas dévoilé d'arme secrète ni de feature majeure, destinée à chambouler une recette en train de s'essouffler. Découvrons ensemble si l'éditeur américain nous a bien caché son jeu, s'il a privilégié la continuité ou s'il a plus simplement perdu la bataille de l'innovation.
L'année passée, FIFA 15 a déçu certains joueurs et critiques à cause d'un manque de renouvellement particulièrement criant et de défauts trop importants pour être mis de côté (à commencer par les trous d'air des gardiens de but). Electronic Arts a réagi, certes… mais pas dans tous les domaines et pas forcément de la bonne façon. Et le résultat est finalement assez mitigé. Explications.
DRAFT PUNK

Côté contenu, on sent en effet une tentative de réaction de la part des équipes de développement de l'éditeur américain. On pense bien sûr à l'arrivée des douze sélections féminines, qu'il faut évidemment saluer, même si cela ne change pas foncièrement grand-chose en termes de manipulation pour être tout à fait honnête. FIFA 16 a également ajusté son "Ultimate Team", qui intègre désormais un mode Draft. Vous sélectionnez un système tactique, puis pour chaque position, le jeu vous propose cinq joueurs tirés au sort. Evidemment, tous sont sélectionnés dans le haut du pavé, le but étant de pouvoir jouer avec une belle équipe de stars, contre une autre équipe de stars. En enchaînant jusqu'à quatre victoires, vous débloquerez des récompenses de plus en plus chouette (des packs de joueurs). Le hic qui n'était pas précisé jusque-là : il vous faudra payer (assez cher) pour jouer une partie en mode "Draft" ; mauvaise idée. Le mode "Carrière" a également été amélioré et propose désormais des tournois de présaison, pour rallonger le budget transferts et vous habituer à votre nouvel effectif. Surtout, une fois par semaine dans le jeu, il sera possible d'entraîner cinq joueurs pour les faire progresser. A chaque fois, vous faites le choix de l'exercice, des capacités à améliorer et du ratio difficulté/progression potentielle qui lui est lié. Idéal pour orienter le développement d'un jeune par exemple. Quelques nouveautés, mais pas non plus de quoi tomber à la renverse donc.
REACTION EXCESSIVE

Sur le terrain, le sentiment est identique. EA Sports a voulu rectifier le tir de FIFA 15, en premier lieu au sujet des gardiens. Après de nombreux matchs, on peut vous dire que le problème de la lourdasse au premier poteau a été correctement éradiqué. D'ailleurs en règle générale, les gardiens ont vu leurs capacités méchamment boostés ; au point même que certains deviennent imbattables et déploient des réflexes d'une autre galaxie. Par exemple, les portiers tentent maintenant des sorties aux poings à la première occasion. Au début, on se dit que c'est carrément cool. Puis on réalise qu'ils dégagent 90% des corners et des centres, et là forcément, ça nuance. Cependant, et c'est assez bizarre, l'amélioration générale des performances des gardiens de but semble s'être faite au détriment des duels, qui étaient pourtant une des forces des précédents opus… L'autre problème majeur de FIFA 15, la propension de certains joueurs à pouvoir se retourner sans problème et à percer les lignes trop facilement, a également été corrigé en renforçant le milieu de terrain et la défense. Les duels sont plus âpres que jamais, les défenseurs imposent leurs physique et le placement des joueurs a été légèrement amélioré. Mais là aussi, EA Sports a eu la main un peu lourde. Les défenseurs costauds sont devenus des brutes impassables et il y a trop souvent une jambe ou un torse sur le chemin de vos frappes pour que cela paraisse naturel.
La série peine à remettre le doigt sur ces features majeures qui la rendaient de plus en plus réaliste, année après année

Pas de méprise, FIFA 16 conserve tout de même pas mal de qualités qui en font un bon jeu de foot. La variété de ses frappes, la sensation d'inertie qui se dégage du déplacement des joueurs, la fidélité des animations des têtes les plus célèbres… Cependant, la série peine à remettre le doigt sur ces
features majeures qui la rendaient de plus en plus réaliste, année après année. Et lutte pour équilibrer les ajustements qu'elle cherche à apporter, comme nous l'avons expliqué plus haut. C'est également le cas des transmissions et des contrôles, qui se veulent plus dépendants de la force de la passe et du pressing dans le dos du joueur comme c'était le cas dans FIFA 13, mais pour un rendu parfois WTF, même avec les joueurs les plus techniques. Par ailleurs, en passant derrière PES 2016, FIFA souffre de la comparaison dans certains domaines, et c'est une première depuis longtemps. Les appels des joueurs sont probablement l'exemple le plus édifiant : là où dans PES, vos latéraux et vos milieux proposent toujours des courses, dans FIFA, la plupart de vos coéquipiers restent les pieds dans le béton avec, parfois, le doigt en l'air. Histoire de vous faire croire que. Pire, FIFA ne progresse plus visuellement, et même si PES a encore du retard là-dessus, le jeu d'EA ne brille plus par son avance technique.