Oui, c'est vrai on attendait beaucoup de ce nouveau FIFA. Après tout, avec la puissance des nouvelles machines, les équipes toujours très pointilleuses d'EA Vancouver avaient de quoi se faire plaisir pour introduire plein de jolies nouvelles features qui nous rapprocheraient encore un peu plus de la réalité de notre sport chéri, dont les Allemands sortent toujours vainqueurs à la fin. Alors forcément, en voyant qu'il n'y avait pas forcément d'emphase sur cet épisode en particulier, pas de mise en avant explosive, on s'est un peu inquiétés. FIFA 15 sera-t-il un épisode important, une charnière dans l'évolution de la série ou simplement un porte-drapeau beaucoup plus anecdotique ? Sans être tout à fait manichéen, on va dire qu'on tend plutôt vers la deuxième réponse... Passons d'abord sur ce qui pique un peu, à savoir le manque de grosse nouveauté. Chaque nouvel épisode de la série depuis son comeback définitif en 2008 a été propulsé par un élément, une feature majeure qui poussait un peu plus loin son souci de réalisme. FIFA 15 n'en dispose hélas pas vraiment. Retranscrire l'émotion des matchs était un des points importants voulus par les développeurs, grâce notamment à des introductions mieux mises en scène, des kops de supporters plus présents et surtout un système d'interactions entre les joueurs qui leur permettraient d'avoir des réactions en constante évolution avec ce qui se passe sur le terrain. Tout ça est très chouette sur le papier, mais une fois la manette en main, on ne trouve rien.
"La roue tourne qui tourne"
La mise en scène n'a pas franchement changé, même pour les derbies, qui nous offrent une fois sur dix seulement une vue de l'extérieur de certains stades, alors que la feature avait été particulièrement mise en avant. On repassera pour l'ambiance fiévreuse, si ce n'est pour la caméra qui se met à trembler quand il y a un but pour l'équipe à domicile... Visuellement, FIFA 15 est à peine au-dessus de son prédécesseur. Les joueurs modélisés sont toujours plus beaux et plus nombreux, mais leurs carrures laissent encore à désirer. La pelouse laisse apparaître les marques du jeu au fur et à mesure de la partie et on peut dire que c'est un véritable plus, d'autant que par rapport à notre premier aperçu, l'aspect terrain de rugby a été carrément estompé. Cependant, les commentaires d'Hervé Matoux et Franck Sauzée n'ont pas évolué d'un iota et ne sont même pas à jour (chez eux, Arsenal n'a toujours pas gagné de trophée). Pire, il arrive qu'ils soient en complet décalage avec ce qu'il se passe sur le terrain. Heureusement que les commentaires anglais de Martin Tyler et Alan Smith sont au top. On ne saurait, une nouvelle fois, assez vous les conseiller. Enfin, le système d'émotions et de réactions des joueurs sur le terrain est quasiment invisible. Malgré des pelletées et des pelletées de matchs, nous n'avons vu qu'une seule petite embrouille entre deux joueurs qui n'avaient rien de particulier en commun, et presque aucun autre type de réaction spécifique... Le match qui prend vie, ce sera pour une autre fois.
L'autre déception notable, c'est le contenu de ce FIFA 15. Même si on constate le retour des compétitions, qui avaient été retirées sans explications l'année passée et qui ne sont donc pas vraiment un ajout, on peine à déceler la nouveauté. Les Journées Live vous permettront de disposer d'articles thématiques sur votre équipe favorite, en partenariat avec Goal.com. Cool, mais pas de quoi tomber à la renverse. Pour le reste, il faudra chercher dans le détail pour trouver des différences. Le mode Ultimate Team vous permettra ainsi de planifier votre recrutement avec une équipe concept. De nouveaux jeux techniques ont été créés pour l'occasion. Le catalogue EAS a été garni de nouveaux bonus à débloquer pour les nouveaux joueurs et il est désormais possible d'y accéder via un simple clic du stick droit... Vous l'aurez compris, là encore, ça sent le réchauffé. Ah mais si , je passais à côté de quelque chose, où avais-je la tête ! Quand même : les développeurs se sont lancés dans la refonte de l'interface de gestion d'équipe. C'est beaucoup plus intuitif, plus compréhensible aussi. Et au niveau tactique, on comprend enfin à quoi correspondent les boutons qu'on bidouille.
Gardiens de la Galaxie
Heureusement, au niveau des sensations de jeu, FIFA 15 fait mieux que son aîné et demeure donc au top. Il ne s'agit pas vraiment d'une révolution, les améliorations peuvent d'ailleurs paraître minimes, mais ensemble, il est indéniable qu'elles permettent de retranscrire encore un peu mieux la réalité d'un match de football. C'est dans la construction des actions, dans la façon avec laquelle le jeu vous pousse à les développer, dans l'équilibre des rencontres que FIFA 15 laisse enfin voir ce qu'il a dans le ventre. L'ère des matchs de ping-pong, où la balle allait d'un but à l'autre est définitivement terminée. Les passes en profondeur lobées considérées par certains joueurs (qui devraient peut-être jouer plus bas...) comme des solutions faciles sont beaucoup plus difficiles à passer désormais, tout comme les centres hyper efficaces, même si on réserve encore notre avis là-dessus. La bataille du milieu est un aspect d'autant plus important désormais que des nouveaux systèmes tactiques vous permettent de mieux développer votre pressing (on peut enfin demander à la ligne d'attaque de gêner les premiers relanceurs) et que deux mentalités supplémentaires (une ultra offensive et une ultra défensive) donnent plus de nuance à votre organisation. La nouvelle physique de la balle, qui est désormais toujours plus ou moins en mouvement, en rotation, même quand elle est au pied d'un joueur, renforce ce côté réaliste et oblige à s'appliquer davantage sur ses transmissions (au prix de quelques approximations au niveau des contacts). Idem pour la partie physique du jeu : avec la possibilité de faire jouer l'impact à l'épaule et la protection du ballon pendant la conduite de balle (grâce à la gâchette gauche), il faudra bien timer vos percussions en solitaire sous peine de vous faire rattraper par la patrouille si votre feu follet hyper technique est un peu trop freluquet.
Le fruit du Hazard ?
Sachez également que l'IA a été retravaillée pour paraître plus humaine: elle tente des choses, se loupe aussi, développe son propre jeu et s'adapte à la situation. Le processus connaît quelques écueils (l'ordinateur qui joue la montre au point de corner dès la 75ème minute), mais il y a une volonté derrière de le faire réagir en fonction du score, du moment du match et du statut de l'équipe adverse, ce qui est tout à fait louable, même si ça ne fonctionne pas tout le temps. Et même si en mode Légende, l'intelligence artificielle reste parfois imprenable, elle en viendra tout de même à perdre des ballons si vous défendez de manière cohérente, sans vous jeter comme le premier Per Mertesacker venu. C'est alors à vous d'exploiter ces occasions au mieux ce qui implique de battre le portier adverse, dont le comportement a lui aussi été revu. Là encore, tout ne fonctionne pas tout à fait et on a assisté à des scènes un peu farfelues : un gardien qui dégage un ballon de la tête hors de sa surface alors qu'il était complètement seul ou un autre qui s'envole pour mettre une frappe assez banale en corner. Mais globalement, que ce soit dans les attitudes, dans les sorties ou dans les réflexes, on peut vraiment considérer qu'il y a du mieux là aussi.