La soirée commence plutôt bien pour notre héros du quotidien, qui rentre chez lui et retrouve sa femme pour un petit dîner en amoureux. Mais au bout de quelques minutes, un policier débarque dans l'appartement, menotte l'épouse et l'accuse de parricide, son père étant décédé il y a huit ans de cela. Et maintenant...c'est à vous de jouer ! Allez-vous tenter de vous battre ? Si tel est le cas, sachez que le flic (ou voyou ?) aura systématiquement le dessus et vous tuera ou vous enverra dans les pommes. Dans les deux cas, vous vous réveillerez sur le pas de votre porte et découvrirez avec étonnement que cette soirée mi-romantique mi-dramatique vient tout juste de recommencer. Et il en sera systématiquement de même dès que douze minutes se seront écoulées depuis votre entrée dans l'appartement. Bienvenue dans la boucle ! Si vous vous souvenez des événements passés (ou plutôt futurs, du coup), votre femme n'en a en revanche nullement conscience. Libre à vous d'essayer de la convaincre de ce qu'il va arriver, ou de mettre en place un plan pour que les choses se déroulent autrement.
En ce qui concerne le gameplay à proprement parler, Twelve Minutes est un véritable jeu d'aventures, qui reprend à son compte les grands principes des point and click. Vous disposez donc d'un système de dialogues à choix multiples, de zones interactives et de quelques objets transportables. Mais le concept de boucle temporelle apporte un nouveau souffle aux énigmes. Il est nécessaire de penser "out of the box" et l'on ressent un véritable soulagement lorsque après plusieurs tentatives infructueuses, une de nos idées finit enfin par s'avérer fonctionnelle. D'ailleurs la durée de vie dépend grandement de votre sagacité. Nous avons atteint la première réelle fin du jeu (il y en a six en tout, dont une ou deux tiennent presque du clin d’œil) en seulement trois heures, alors que certains de nos collègues (que nous ne nommerons pas, par charité chrétienne) ont eu besoin de huit heures pour atteindre ce stade, et sont restés longuement bloqués à certaines étapes cruciales.
CONTRE-LA-MONTRE
Au-delà de ses qualités purement ludiques, Twelve Minutes vaut également par son ambiance et par sa mise en scène. Le parti-pris d'une caméra en vue de dessus fonctionne d'autant mieux que le jeu se déroule quasiment intégralement dans un modeste appartement constitué d'une pièce principale, d'une chambre, d'une salle de bains et d'un minuscule placard. Il se dégage de l'ensemble une atmosphère de huis clos qui rajoute à la force dramatique de l'histoire. D'ailleurs, cette dernière n'hésite pas à jouer la carte du twist scénaristique impossible à voir venir. Et quel twist ! Nous ne piperons mot quant à sa nature exacte, mais sachez qu'il a perturbé de nombreux joueurs. Pour nous, il s'agit d'une des plus grandes réussites de l'aventure, mais c'est pleinement subjectif.
Très cinématographique dans l'âme, Twelve Minutes assure également en ce qui concerne le casting vocal, puisqu'il fait appel à James McAvoy, Daisy Ridley et Willem Dafoe. Autant dire que la VOSTFR est un délice. Décor unique et vue de dessus obligent, nous avons affaire à quelque chose d'assez simple graphiquement. Cette simplicité ne manque heureusement pas d'esthétisme, la perspective et les jolis effets de lumière s'avérant très séduisants. En revanche, l'animation des personnages est bien trop rigide pour un jeu moderne. Ce qui est d'ailleurs très étonnant puisque les développeurs ont fait appel à la sacro-sainte motion capture. Le système de dialogues pèche également, car certaines lignes s'enchaînent assez mal les unes avec les autres ou ne prennent pas parfaitement en compte les différentes boucles passées. Rien de catastrophique, mais ces petits désagréments viennent tout de même diminuer le plaisir de jeu général.