La parution de World in Conflict : Soviet Assault coïncide à celle de World in Conflict : Complete Edition. Deux titres, deux publics. D’un côté, l’extension seule, de l’autre, le jeu original et l’extension. Ce second produit est évidemment destiné aux nombreux joueurs PC qui sont passés, pour une raison ou pour une autre, à côté du brillant jeu de stratégie paru à la fin de l’année 2007. A tous ceux-là, pour peu évidemment qu’ils aient quelques affinités avec les RTS, nous ne pouvons que recommander l’achat de cette Complete Edition. Le temps et la sortie de quelques nouveaux poids lourds (Dawn of War II et Empire at War pour ne pas les nommer) auraient dû reléguer World in Conflict dans les cartons de l’histoire. Pourtant, le titre aux innombrables récompenses en impose toujours autant. Superbe, bien que les cinématiques exploitant le moteur du jeu font un peu grise mine au regard de ce que produit la concurrence, ce récit d’un conflit fictif entre l’URSS et le monde libre est surtout un beau modèle d’efficacité ludique. Très accessible, privilégiant une approche brutale du genre, impeccablement pensée et parfaitement développée, la production suédoise est une belle réussite en solo et une pépite à plusieurs. Le mode multijoueur met en effet l’accent sur la complémentarité des forces au détriment du classique "un joueur, une base", et permet d’intéressants développements tactiques dans un contexte de guerre sauvage. Jouable et sacrément défoulante, cette spectaculaire virée uchronique en 1989 vaut largement les 25 petits euros que votre revendeur habituel vous en demandera. De l’autre côté, il y a donc World in Conflict : Soviet Assault, destiné au public déjà acquis à la cause des Scandinaves. Mais l’idolâtrie vaut-elle 15€ ? Non, et ce pour plusieurs raisons.
Orient express
Cette première extension vous offre la possibilité d’incarner les Russes durant six missions en solo, séquences qui viennent s’intercaler entre les niveaux des Américains. Cette construction apporte quelques éclaircissements scénaristiques, d’autant que la psychologie des héros rouges (qui s’expriment en français mais parlent avec un accent russe, merci pour le cliché nauséabond) a été davantage travaillée que celle de leurs très bornés ennemis. Néanmoins, si vous n’avez pas conservé vos sauvegardes, vous ne pourrez broyer du tank yankee avec vos Mil qu’à la seule condition de tout reprendre à zéro. Nous ne reviendrons pas sur la qualité intrinsèque de l’aventure, d’autant que son manichéisme est légèrement atténué par l’implémentation des péripéties soviétiques, mais il aurait tout de même été intéressant de bénéficier d’une vraie campagne indépendante. Pour ne rien arranger, les six nouvelles missions sont relativement inégales. Certaines offrent de grands moments de bravoure, mais l’action se limite encore trop souvent à sécuriser et tenir une position pendant de longues minutes. Les hommes de Moscou disposent de quelques armes de soutien inédites qui ne manquent pas de piquant, comme la bombe incendiaire, mais l’absence d’unités vraiment originales dessert franchement l’action. Côté multi, Massive Entertainment s’est encore moins foulé et ne délivre que quelques modifications de gameplay, de chouettes réglages esthétiques (les rois du Nuke apprécieront) ainsi que deux nouvelles cartes, le tout étant inclus dans le patch 10 que tout joueur régulier a déjà téléchargé… gratuitement.