Les dictateurs n'ont pas la cote, et les jours du peu magnanime leader maximo Magnus sont doublement comptés. Premier souci, l'inquiétant chef d'état sud-américain souffre d'un trouble cardiaque, et à moins que son médecin personnel à la mèche grasse et à l'inquiétant accent allemand ne lui trouve un palpitant de rechange, l'infarctus fatal n'est plus très loin. Le nazillon expatrié se met donc en tête d'arracher ce graal à la poitrine de concitoyens terrorisés, soulevant ainsi le second problème, autrement plus dangereux pour la santé de son supérieur et pour celle de tous ses porte-flingues : Shank. Le Rambo alcoolique et assoiffé de vengeance n'aime guère les engagements politiques, mais lorsque l'on touche aux amis, à la famille, ou à sa dernière et plus fidèle compagne, la bibine, la brute aux poignards est parfaitement capable de renverser tous les tyrans du monde. Quoique parsemés d'embuches, les huit niveaux de ce nouveau règlement de compte ne ralentiront guère le bonhomme, qui rendra sa loi en moins de quatre heures. Une expédition punitive aussi brève que jubilatoire.
Morceaux de choix
Déconseillé aux moins de 18 ans, Shank 2 n'est effectivement pas le plus délicat des jeux d'action mais sa violence outrancière ne trompera personne. Blague de potache gorissime façon série Z, la création de Klei Entertainment s'affirme immédiatement comme un splendide défouloir interactif. En optant pour un rendu visuel inspiré des comics les plus classes au détriment de l'hyper-réalisme, les développeurs canadiens s'ancrent dans la pure fiction, un monde où tout est possible, sans conséquence. Les membres volent, les tripes giclent, les assassinats les plus sauvages sont dûment récompensés, et tout vire si vite au chaos sanglant qu'il n'est guère possible de prendre cette folle aventure au sérieux. L'équipe dirigée par Jeff Agala, passé par l'animation, et Jamie Cheng, ancien de Relic Entertainment, ne semble ici avoir eu pour seul mot d'ordre que de créer le titre le plus divertissant possible, et s'en sort avec les honneurs. Esthétiquement spectaculaire - les animations sont somptueuses, les personnages et décors impeccablement finis - son furieux bébé est aussi une belle expérience de gamer. Malgré quelques petits soucis de prise en main, notamment une esquive au stick droit assez peu pratique à mettre en œuvre (et des contrôles au clavier pénibles pour les joueurs PC), Shank tranche, découpe, charcute et explose des milliers de méchants avec dextérité. Arme de base (un incisif duo de poignards), attirail plus lourd pour les assauts vraiment violents au corps à corps (une machette, classe latino oblige, mais également une tronçonneuse et une masse), armes de jet, pétoires et grenades, vous choisissez vos petits préférés, débloquez au fil des niveaux les joujoux qui vous manquent et n'avez plus qu'à enchaîner les combos. Le scrolling horizontal et monoplan évite les subtilités de la castagne en profondeur, mais Shank dispose d'une gamme de coups à décrocher les mâchoires de bien des héros tout en 3D. En sus des classiques attaques légères et élans brise-crânes puissants, le musculeux tueur sait également choper, à terre et dans les cieux, contrer et surtout bondir, toutes lames dehors, pour massacrer avec la manière des adversaires distants. Vous pouvez maîtriser la bête en moins de deux minutes et enchaîner les brutalités sur des opposants pas futés mais carrément nombreux, distribuant quelques mandales à l'un avant d'allumer le suivant à coups de fusil à pompe et de terminer le dernier venu à la tronçonneuse. A priori répétitif, l'exercice n'ennuie à aucun moment tant l'hécatombe s'effectue avec fluidité au cours d'une campagne donc bien courte mais particulièrement rythmée. Des bonus un peu plus sexys que des skins alternatives pour le héros et des options multi un poil plus étoffées - le Survival Mode intégré est tout de même rigolo - auraient été bienvenus, mais pour 10 €, cette belle tranche de plaisir saignant ne manque franchement pas de saveur.