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Evacuons d'emblée une autre source d'inquiétude potentielle : le fait que le jeu soit développé par les équipes d'Ubisoft (Paris et Milan) et non par Nintendo. Que ceux qui craignaient un feeling général trop "ubisoftien" ou une présence trop lourdingue des lapins crétins se rassurent : on se croirait réellement dans un jeu Nintendo. Mario, Luigi, Peach, Yoshi, Toad, Toadette, les Bowser père et fils, Bill Bourrin et autres Chomps ont été modélisés, animés et sonorisés avec une très grande fidélité par rapport aux canons instaurés par Miyamoto, tandis que le Royaume Champignon est plus reconnaissable que jamais, malgré les bouleversements dus à l'invasion des lapins crétins. Cette invasion commence dans notre monde, lorsqu'une jeune scientifique fan de Mario laisse son casque de superfusion (qui permet de combiner deux objets quelconques) et son assistant robotique Beep-0 sans surveillance, alors même que les lapins crétins débarquent à bord de leur machine à laver spatio-temporelle.
Quelques méli-mélos plus tard, et voilà le monde de Mario en proie à un déferlement de lapinus crétinus corrompus par Spawny, chef malgré lui car porteur du casque de superfusion. Heureusement, tous les lapins ne sont pas agressifs. Notamment ceux issus d'une fusion avec les personnages de l'univers de Miyamoto. C'est ainsi que Mario, Luigi, Peach et Yoshi vont se retrouver à faire équipe avec Lapin Mario, Lapin Luigi, Lapin Peach et Lapin Yoshi… Ces rencontres improbables sont l'occasion de quelques saynètes humoristiques bien sympathiques. La réunion de ces deux univers forts fonctionne d'ailleurs étonnamment bien, et c'est un véritable plaisir de voir évoluer les lagomorphes idiots dans les décors chatoyants du Royaume Champignon. A commencer par le château de Peach, qui sert de hub à l'aventure. On y trouve différents bâtiments "crétins" qui permettent de constituer son équipe, d'accéder aux mondes déjà visités afin de remplir des défis, de lancer le mode coop, d'admirer les objets de collection trouvés dans les niveaux, voire, pour les amateurs du genre, de connecter des Amiibo afin d'obtenir des armes inédites.
BATTLE ROYALE
L'aventure nous donne l'occasion de visiter quatre mondes thématiques différents (jardins, désert gelé, zone hantée, lave), chacun d'entre eux comportant dix chapitres, dont un secret. A chaque fois, la balade nous donne l'occasion de ramasser des pièces dans les décors, de résoudre quelques énigmes pas trop prise de tête, et d'explorer de fond en comble des niveaux sympathiques. Et ce plusieurs fois si l'on souhaite découvrir tous les passages secrets et objets à collectionner, certains n'étant accessibles qu'après avoir débloqué des compétences spéciales (la poussée de rochers par exemple). Les déplacements s'opèrent aisément car, dans les phases d'exploration, on contrôle uniquement Beep-0, que les trois personnages de notre équipe suivent inlassablement. Mais le cœur du gameplay réside en réalité dans chacune des une à quatre batailles qui ponctuent chaque chapitre, pour un total d'environ cent combats. Ces derniers reprennent les grands principes de la série XCOM et se déroulent donc au tour par tour.
Le positionnement, les déplacements et les actions de chaque membre de de l'équipe doivent être mûrement réfléchis si l'on souhaite emporter la victoire.
Le positionnement, les déplacements et les actions de chaque membre de de l'équipe doivent être mûrement réfléchis si l'on souhaite emporter la victoire. Avant tout, il convient d'utiliser intelligemment les blocs de couverture, qui peuvent nous abriter partiellement ou totalement, et qui peuvent être destructibles ou non, voire explosifs. Lors des mouvements, il faut prendre en compte l'ensemble des possibilités offertes par le jeu. Par exemple, on pourra effectuer une charge afin de tacler un ennemi sur notre chemin. Ou réaliser un saut d'équipe en sautant sur la tête d'un coéquipier, afin d'augmenter le rayon de déplacement et accéder à des zones situées en hauteur. Ou emprunter les tuyaux qui jonchent les maps afin de prendre certains ennemis à revers. Quant aux actions à proprement parler, elle découlent non seulement de l'utilisation des armes (deux par personnage, à choisir parmi des centaines en tout) mais également de compétences spécifiques. A chaque tour, les héros peuvent réaliser une action spéciale.
En réalité, chaque personnage possède son propre arbre de compétences. En répartissant intelligemment les points d'aptitudes et en composant savamment son équipe, il y a moyen de réaliser des tas de combos d'une efficacité à toute épreuve.
Ainsi, "Regard héroïque" reprend par exemple le concept de Vigilance de XCOM et permet à Mario ou Luigi de réaliser un tir réflexe en dehors de leur tour, dès qu'un ennemi se trouve à leur portée. Mario qui, par ailleurs, peut occasionner des dégâts en atterrissant sur la tête d'un ennemi après avoir réalisé un saut d'équipe. En dehors de son hilarante capacité à prendre des selfies incongrus lors des scènes cinématiques, Lapin Peach peut quant à elle soigner ses coéquipiers et tacler deux ennemis à la suite. Grâce à la super chance, Yoshi garantit la réalisation de coups critiques tandis que la danse magnétique de Lapin Mario attire les ennemis à lui. Et on pourrait continuer longtemps l'inventaire des possibilités. En réalité, chaque personnage possède son propre arbre de compétences. En répartissant intelligemment les points d'aptitudes et en composant savamment son équipe, il y a moyen de réaliser des tas de combos d'une efficacité à toute épreuve. Surtout si l'on ajoute dans l'équation les super-effets des armes, qui se déclenchent lorsqu'on réalise un coup critique. Miel pour coller les ennemis au sol durant un tour, Encre pour les empêcher d'attaquer, Rebond pour les repousser ou encore Incinération pour les forcer à courir dans tous les sens, on dénombre en tout huit super-effets différents.
50% MARIO, 50% LAPINS, 0% CRÉTIN !
Vous l'aurez compris, le gameplay tactique de Mario + The Lapins Crétins est étonnamment riche. Et même si certaines options assurent une grande accessibilité (mode facile pour obtenir 50% de santé en plus, option d'auto-remplissage des arbres de compétences, possibilité de les réinitialiser à tout moment…), la difficulté est réelle. Le jeu ne fait aucune concession majeure puisqu'il nous interdit de relever un héros tombé au combat, ne soigne pas automatiquement les personnages après chaque bataille, n'offre pas assez d'argent pour acheter toutes les armes existantes, et vous garantit la défaite si vous vous refusez à utiliser toutes les subtilités des compétences et armes disponibles. De plus, l'intelligence artificielle des ennemis est de très bonne facture. Ils n'hésitent pas à vous contourner et à utiliser eux aussi toutes les subtilités du système de combat. Le summum est atteint avec les mini-boss et les boss, qui créent à chaque fois la surprise, en plus de marquer les esprits par leur design. Sur le fond comme sur la forme, le jeu s'avère donc extrêmement réussi. La bande-son est excellente, tandis que les graphismes paraissent extrêmement propres. La Switch se permet de tousser légèrement par moments, mais ces ralentissements malvenus restent très occasionnels. Dans l'ensemble, le jeu est fluide et très maniable.
Le jeu ne fait aucune concession majeure puisqu'il nous interdit de relever un héros tombé au combat, ne soigne pas automatiquement les personnages après chaque bataille, n'offre pas assez d'argent pour acheter toutes les armes existantes, et vous garantit la défaite si vous vous refusez à utiliser toutes les subtilités des compétences et armes disponibles.
On pourra toutefois lui reprocher la gestion de la caméra, pas aussi libre qu'on le souhaiterait. Pas de gros souci à signaler lors des phases de combat, surtout qu'une caméra tactique permet de prendre de la hauteur pour étudier soigneusement le terrain. Mais lors des phases d'exploration, la caméra a tendance à être un peu trop rivée sur l'axe horizontal. On aimerait pouvoir porter notre regard en hauteur par moments, afin d'admirer convenablement les décors. De plus, de manière assez étrange, le jeu bloque la rotation de la caméra dans certaines petites zones particulières. Au chapitre des grognements, on pourra également évoquer la nécessité d'acheter un Season Pass si l'on souhaite profiter de l'expérience complète, l'absence de mode compétitif, ou l'impossibilité de profiter du mode coopératif en ligne. En revanche, bon point pour le mode coop local, qui propose des niveaux spécifiques et enrichit les tactiques possibles puisqu'on contrôle alors des équipes de quatre héros (deux par joueur) au lieu de trois. Au final, Mario + The Lapins Crétins : Kingdom Battle constitue une très bonne surprise qui remplit parfaitement son contrat. Non seulement en ce qui concerne la fusion des deux univers, mais également au niveau de la richesse tactique, bien plus élevée que ce qu'on attendait. Si vous possédez une Switch, il s'agit clairement d'un incontournable !
