
Il est parfois amusant d'imaginer comment se conçoit l'histoire de base d'un jeu, d'un film ou d'une série, surtout en faisant face à quelque chose qui secoue le sens commun.
The Gunstringer est à ce sens un très bon sujet d'étude. Trahi par ses associés, un porte-flingue revenu d'entre les morts entreprend de traquer son ancienne bande composée d'un tube en plastique mou, d'une poupée en bois et autres marionnettes étranges. Le tout sur une scène de théâtre avec un public qui réagit aux agissements du héros zombifié. Un postulat pas banal qui accouche sans douleur d'un gameplay , lui beaucoup plus simple. Et ce malgré une idée de base qui pourrait aisément faire rougir les studios de
Microsoft censés donner envie d'acheter le périphérique monolithique. Composé de quelques fils et de tissu, le Gunstringer est un simple pantin dans un spectacle que vous dirigez. Un mouvement de la main gauche suffit pour le soulever et l'animer, comme le ferait un marionnettiste. Une trouvaille limpide, à la fois intelligente et d'une logique évidente qui fait pour une fois de Kinect un outil de mime justifié. Une performance qui pourrait se suffire à elle-même, mais en tant qu'amateurs de spectacle, les créatifs de Twisted Pixels ont enrobé le tout d'un travail sur l'ambiance qui leur ressemble, complètement barré et vraiment amusant. Durant toute l'aventure, une voix-off aux accents de baroudeur du fin fond du Dakota commente votre progression, un peu à la manière d'un
Bastion, son timbre rauque souligné par une bande-son étonnante de Matt Chaney, un habitué du studio. Des accents bien secs d'un vieux far-west un peu kitsch qui collent parfaitement à la vengeance post-mortem du
Gunstringer.
Tout remettre à deux mains

Rail Shooter, le jeu repose sur l'utilisation des deux mains, l'une dirigeant donc le personnage et l'autre servant de viseur. Il suffit alors de locker les différentes cibles avant d'effectuer un mouvement du bras pour tirer. Passif important de Twisted Pixels oblige, ces phases alternent avec des passages de plateformes dans lesquels il suffit de lever la main pour tirer la marionnette zombie vers le haut et donc effectuer un saut. Très accessible malgré la latence injustifiable de Kinect,
The Gunstringer joue clairement dans le domaine de l'arcade et ne s'étend que sur de courts niveaux à la difficulté assez éteinte et ce même en hardcore. La vraie lutte se fait finalement davantage avec la reconnaissance de mouvements taquine de Kinect dans son salon de moins de 20 m². L'habitude de concevoir des titres pour le XBLA est ici un avantage important pour le studio qui parvient à concevoir un jeu idéalement calibré pour le périphérique de
Microsoft. Pour autant, la structure des niveaux manque de renouvellement et d'inventivité, à la différence des idées visuelles et de narration qui font de
The Gunstringer une odyssée vengeresse délirante qui se poursuit même dans les options et son premier DLC gratuit. Nommé Les Chroniques du Grand Inconstant, ce dernier est une sorte de film intéractif à la
Lethal Enforcers qui n'a rien à voir du tout avec le gameplay de base du jeu. Le scénario : le fils du premier boss, un tube en plastique donc, se sert d'une machine à remonter dans le temps pour essayer de tuer le Gunstringer avant qu'il abatte son père, le tout joué par de vrais acteurs avec environ 10 dollars de budget. Normal. Une sorte d'épilogue hallucinant qui vaut autant par son taux de débilité que par sa précision totalement aux fraises. Bien moins maîtrisé que Splosion Man,
The Gunstringer fait partie des rares jeux Kinect pensés pour les possibilités qu'il peut apporter et surtout qui développe un imaginaire et un concept forts autour de la gesticulation devant un écran. Le manipulé est lui pour une fois derrière la caméra et il ne s'en porte que mieux.
TEST VIDÉO THE GUNSTRINGER