Le monde de Vertiel est en proie à une menace glaciale venue du nord. Des hordes de créatures plus mortes que vivantes sont envoyées par les seigneurs du froid pour décimer les paisibles habitants du continent. Autrement dit : l'hiver vient… Passons donc rapidement sur le scénario de Bound by Flame, qui recycle les sempiternels poncifs de l'heroic-fantasy. On ne lui en tiendra évidemment pas trop rigueur, puisque même les poids lourds du genre en font tout autant. Notre héros et apprenti sauveur de monde du jour, car il en faut bien un, s'appelle Volcan. Ce patronyme peut tout aussi bien dissimuler un homme qu'une femme, le joueur ayant également la possibilité de choisir parmi quelques visages et coiffures prédéfinis. Si nous vous précisons ce point relativement futile, c'est qu'il traduit assez bien les qualités et les défauts du jeu dans son ensemble, qui cherche à faire comme les grands mais n'y arrive jamais vraiment. Ici, il faut donc se contenter d'une personnalisation esthétique limitée, bien loin des possibilités offertes par le premier Elder Scrolls venu. Dans ce cas, n'aurait-il pas mieux fallu imposer directement un personnage ? Gothic et Risen ont prouvé par le passé que cela ne posait aucun problème. Surtout que la destinée de notre héros est toute tracée (du moins dans un premier temps) puisqu'à la fin de la première séquence de jeu, qui fait également office de didacticiel, son corps se voit envahi par un démon de feu, avec qui il doit désormais cohabiter. Pour résumer les choses, on peut donc dire en quelque sorte que Satan l'habite. Mais durant l'aventure, certains choix proposés au joueur lui permettront de laisser plus ou moins de place au démon. Le jeu nous propose ainsi plusieurs fins et, surtout, plusieurs chemins d'évolution pour le héros. Laisser le démon s'exprimer pleinement permet de maximiser les pouvoirs de feu, mais cela se fait au détriment de l'équipement (armure abîmée par les flammes, impossibilité de porter un casque à cause des cornes qui poussent….) et de la relation avec certains compagnons.
FEU FOLLET
L'évolution du personnage se fait également à travers la disponibilité de trois arbres de compétences bien distincts. L'un est donc consacré au démon, et permet de lancer des boules de feu ou encore d'enflammer les armes. Les deux autres correspondent à deux styles de combat bien distincts : armes lourdes ou dagues. Le joueur peut passer à tout moment d'un style à l'autre, en fonction notamment des ennemis qu'il croise. Contre une créature munie d'un bouclier, mieux vaut sortir l'épée à deux mains afin de briser la défense gênante. Dans ce mode, un coup de pied permet même de repousser l'adversaire et de briser sa garde. En mode dagues, il se voit remplacé par une fonction d'évitement. Les combats deviennent alors plus fluides et Volcan fait preuve d'une agilité insoupçonnée. Cet arbre de talent "Rôdeur" abrite également quelques compétences dédiées à la furtivité. Hélas, cette dernière se voit sous-exploitée, comme c'est souvent le cas dans les jeux qui n'en font pas leur gameplay principal. Concrètement, on pourra démarrer certains combats en surprenant une créature par l'arrière pour mieux entamer sa barre de vie, mais les autres ennemis se retrouveront alors immédiatement alertés de notre présence, ce qui limite fortement l'intérêt de la manœuvre. En dehors de ce bémol, ainsi que d'une fonction de verrouillage de cible perfectible, on peut en revanche louer le système de combat dans son ensemble. Exigeant et tactique, il demande une véritable implication du joueur, qui ne peut se contenter de marteler les commandes de frappe au hasard. Garde, évitement, placement, utilisation de pièges, de sorts ou d'arbalètes… tout a son importance. Pour gérer au mieux l'ensemble des possibilités, le jeu nous propose une quasi-pause active, qui ralentit extrêmement l'action et permet d'opérer tranquillement les choix les plus tactiques. Un conseil : n'oubliez jamais que Volcan est artificier de son état, et construisez donc un maximum de pièges explosifs. Les créatures venues du froid n'appréciant guère le feu, il faut bien cela pour venir à bout des groupes les plus coriaces. Mais là encore, Bound by Flame ne cède pas à la facilité. S'il est possible de crafter n'importe quel consommable (pièges, potions, carreaux d'arbalète...) et d'améliorer également les armes et pièces d'armure, les ingrédient restent rares. Même en lootant tous les cadavres et coffres présents dans les différents niveaux, on a en permanence la peur de manquer.
Ce côté hardcore, presque sans concession, est sans conteste l'un des points forts du jeu, notamment à une époque où Dark Souls remporte tous les suffrages (ou presque...). En contrepartie, la difficulté du mode normal étant déjà très élevée, certains joueurs risquent d'être carrément rebutés. Dans ce cas, nous leur conseillerons exceptionnellement d'activer sans honte le mode facile. En dehors de son système de combat et de crafting relativement évolués, Bound by Flame se montre plus classique, voire décevants sur certains points. Il en va ainsi de nos compagnons de route, dont l'intelligence se montre parfois un peu trop artificielle. Et surtout du level design qui est à mille lieux d'un monde ouvert. Le jeu est découpé en différents chapitres, eux-mêmes découpés en différents niveaux, dont certains ne peuvent être parcourus qu'au prix de temps de chargement supplémentaires lorsque l'on souhaite rentrer dans certains lieux précis. Sachant que les quêtes servent de prétexte à nous faire faire de nombreux allers et retours, attendez-vous à voir très, très régulièrement les écrans de chargement, et les tips qui vont avec, pendant la vingtaine d'heures nécessaire pour boucler l'aventure de fond en comble. En ce qui concerne les graphismes, Bound by Flame est fidèle à son thème de base puisqu'il souffre le chaud et le froid. Des effets de lumière très beaux, et technologiquement avancés, côtoient quelques décors guère inspirés et des mouvements de lèvre peu convaincants lors des dialogues. Le jeu de Spiders rentre donc dans la catégorie des jeux clairement imparfaits mais potentiellement attachants, pour peu qu'on soit sensible aux points sur lesquels il fait mouche.