Mario. Un nom, un héros, une licence mais surtout une icône qui a su traverser les âges sans jamais prendre la moindre ride. Il faut dire que son créateur, Shigeru Miyamoto, n’a pas son pareil pour injecter de nouvelles trouvailles à chaque épisode, quelque soit le support sur lequel son héros est apparu. Du premier Mario Bros. sur NES en 1986 au Super Mario Galaxy de la Wii paru en 2007, en passant par l’inégalée Super Mario World de la Super NES, Paper Mario ou bien encore New Super Mario Bros., tous, sans exception, ont participé à l’évolution de la plate-forme. Seulement voilà, depuis deux ans maintenant, Nintendo semble céder à la facilité, tout en renforçant sa politique de jeux casuals destinés à un public qui n’a pas forcément grandi avec Mario. C’est à partir de cet état de fait que Nintendo a annoncé une suite à Super Mario Galaxy (une première dans l’histoire de la saga !) et l’arrivée de New Super Mario Bros. Wii, une version grandeur nature de New Super Mario Bros. sur DS qui fut l’un des plus gros cartons de Nintendo. La firme de Satoru Iwata ne nous avait jamais habitué à ce genre de pratiques que certains qualifient aujourd’hui de recyclage industriel. S’il fut pendant plusieurs décennies un gage de qualité, Mario serait-il en train de vendre son âme au diable ? Avant d’en arriver à pareille conclusion, analysons les points forts et les côtés négatifs de ce New Super Mario Bros. Wii.
Millésime 2009
Puisqu’on parle d’adaptation grandeur nature pour New Super Mario Bros. Wii, pas besoin de feindre la surprise quant aux choix de revenir à une approche old school avec un gameplay calqué sur les tous premiers épisodes de Mario. Nintendo est allé jusqu’au bout de ses idées puisqu’il faut impérativement tenir la Wiimote à l’horizontale pour jouer. Le bouton 1 pour courir, la touche 2 pour sauter et quelques secousses à faire de manière très ponctuelle, on ne peut pas dire que la prise en main soit des plus compliquées. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus réussis de New Super Mario Bros. Wii, qui pourra néanmoins déstabiliser les utilisateurs premiers qui ne se sont pas essayés à New Super Mario Bros. sur DS, l’inertie de Mario étant quelque peu différente de celle de ses premières aventures. Une fois le pli assimilé, il va falloir se lancer à l’assaut des 8 mondes qui nous attendent, composé chacun d’une petite dizaine (plus ou moins) de niveaux. Tous les thèmes sont représentés. Du désert hostile jusqu’au royaume volcanique de Bowser, sans oublier le montagnes enneigées ou le monde aquatique, on retrouve avec une certaine joie ces univers colorés qui ont fait la réputation de la licence. D’ailleurs, histoire d’enflammer nos cœurs nostalgiques, Nintendo a décidé de reprendre le concept de la carte où l’on promène Mario d’un point à un autre, en sachant que notre plombier peut à tout moment être pris d’assaut par un Goomba ou une plante carnivore mobile. Le moindre contact avec ces créatures oblige Mario à venir à bout d’un tableau bonus, où l’on peut gagner jusqu’à trois champignons magiques, mais aussi perdre une vie bêtement en cas d’échec. Une idée que les plus vieux assimileront à l’opus Super Mario Bros. 3 sur NES, alors qu’il suffit de relancer New Super Mario Bros. pour se rendre compte que le modèle ne peut qu’être que lui. D’ailleurs, l’inspiration étant visiblement trop forte, Nintendo ne s’est même pas foulé la cheville pour changer l’ordre d’apparition des mondes qui est peu ou prou le même que l’épisode DS. La présence des maisons-fantômes réjouiront également les joueurs trentenaires que nous sommes, qui font définitivement leur retour dans la saga, après avoir été bêtement évincé. Mais ce sont surtout les arrêts aux maisons Toad qui intéresseront le joueur, toujours avides de power-up qui lui permettront de se sentir surpuissant©. Pas toujours accessibles facilement, certaines d’entre elles ouvrant leurs portes via un passage secret, les refuges de Toad sont en effet l’occasion de recharger ses batteries et de récupérer quelques items, toujours très utiles.
New kids on the block
A ce propos, dans New Super Mario Bros. Wii, Nintendo a pris le soin d’ajouter quelques nouveautés, histoire de marquer la différence avec l’épisode DS dont il s’inspire fortement. C’est pourquoi, on retrouve le champignon à hélice qui permet à notre plombier de revêtir le costume hélicoptère qui lui permet de prendre de la hauteur, ou pourquoi pas fondre sur un ennemi telle une toupille excitée. C’est certainement le costume le plus réussi du jeu puisque celui du pingouin est déjà une redite du costume à glace, la faculté de glisser sur le ventre et de ne pas déraper sur les surfaces gelées en plus. Quant au mini-champignon, il s’avère être totalement inutile, si ce n’est à découvrir quelques passages secrets qui auraient pu être de toutes les façons présentés autrement. Quitte à repomper les idées de la mouture DS, on aurait largement préféré le méga-champi qui aurait offert une approche destructrice certainement plus jouissive. Mais ce qui frustre davantage dans ce New Super Mario Bros. Wii, c’est bien l’utilisation parcimonique, anecdotique, insignifiante (faites votre choix) de Yoshi qui aurait pu apporter un challenge supplémentaire à l’aventure. Que nenni ! C’est d’autant plus regrettable car le challenge n’est même plus d’actualité ! Vous trouviez New Super Mario Bros. facile ? La version Wii ne vous résistera alors pas très longtemps. Comptez entre 7 et 8 heures pour boucler l’aventure classique et 2/3 supplémentaires si vous avez envie de débloquer les défis du neuvième monde. Avouez que pour un épisode Mario, Nintendo nous avait habitué à plus de skill. Certains niveaux demandent un certain sens du timing, de l’anticipation et de l’observation, mais les joueurs qui ont grandi aux côté du plombier le trouveront peut-être un peu patraque. Ne parlons d’ailleurs même pas des Boss qui ne font que répéter systématiquement le même schéma d’attaque. Leur sauter trois fois sur la tête est aujourd’hui devenu une partie de plaisir, au point de rester de marbre face à tant de facilité. Car, ce n’est pas l’introduction du Super Guide (qui a d'ailleurs fait couler beaucoup d’encre lors de son annonce) qui viendra saboter votre progression. Non seulement, il n’est accessible qu’après un certain nombre d’échecs à répétition (5 d’affilée si notre mémoire est bonne) pour qu’un bloc d’aide n’apparaisse à l’écran, mais en plus, libre au joueur de faire intervenir Luigi pour qu’il prenne les choses en mains. Auquel cas, il sera marqué sur la carte que vous avez eu besoin du frangin, à travers la marque rouge du niveau qui vous rappellera votre incompétence à finir un niveau sans aide.
Vous trouviez New Super Mario Bros. facile ? La version Wii ne vous résistera alors pas très longtemps. Comptez entre 7 et 8 heures pour boucler l’aventure classique et 2/3 supplémentaires si vous avez envie de débloquer les défis du neuvième monde."
Mais qu’importe ! Si l’aventure solo reste néanmoins l’attraction première de ce New Super Mario Bros. Wii, Nintendo préfère capitaliser et valoriser son jeu par son aspect communautaire, grâce à l’intégration du mode multijoueur. C’est lui qui est d’ailleurs mis en exergue, jusqu’au choix de la jaquette, avec la possibilité de faire l’aventure jusqu’à quatre joueurs. Luigi et deux autres Toad se joignent alors à Mario pour sauver la princesse Peach, cette fois-ci aux prises de Bowser Jr. Seulement voilà, comme on pouvait le deviner, le multi de New Super Mario Bros. Wii semble factice, à tel point que certains niveaux deviennent carrément impraticables à plusieurs. La nature étant ainsi faite, les premiers essais à quatre tournent rapidement au règlement de comptes, certains collègues de bureau préférant nous jeter dans le vide que de se serrer les coudes pour passer les obstacles. Aux antipodes d’un LittleBigPlanet qui a été pensé pour le multi, New Super Mario Bros. Wii ne fait que joindre des bouts pour tenter d’apporter un semblant de jeu coopératif. En réalité, il faut se tourner vers le mode "Collecte de pièces" pour que l’on s’amuse véritablement. L’objectif est on ne peut plus simple : ramasser le maximum de pièces pour espérer sortir vainqueur de la rixe. Les coups foireux s'enchaînent, les coups vicieux aussi et c'est un régal que de vouloir mettre à mal son voisin. L'euphorie est néanmoins stoppée en raison de ces freezes intempestifs dès qu'un joueur récupère un item ou qu'il meure tout simlement. En termes de fluidité, on a vu mieux, c'est une certitude. Heureusement, Nintendo a pris le temps – et le soin – de créer des niveaux spécialement pour ce mode, histoire de prouver qu’il ne se contente plus de recycler des idées déjà utilisées ailleurs.