Jack se la coule douce
Nous avions déjà croisé la route de John Kroknes, producteur de Headhunter Redemption, lors de l’E3 2003. A priori, tout semblait bien se passer dans ce long processus qu’est le développement d’un jeu vidéo. Le studio Amuze a des idées, et l’univers qu’ils ont créé lors du premier Headhunter était déjà cohérent, sombre, avec un vrai discours politique et un cynisme ravageur. C’est ce qui avait plu aux joueurs à l’époque, plus que la réalisation et le gameplay qui traînaient un peu la patte. Mais le jeu avait un certain charme, et son héros aussi.
Aujourd’hui, Jack Wade se la coule douce. il a recruté une petite nana qu’il avait sauvé il y a des années, et cette dernière se tapera tout le sale boulot.
Régression dans le genre
Inutile de tourner autour du pot : Headhunter Redemption est plutôt raté. On oserait presque dire bâclé, tellement les aberrations pullulent. Le scénario tient encore bien la route, mais le rythme est lent à mourir et les incohérences sont nombreuses. On nous parle d’un monde où les nantis sont à la surface et les gueux sous terre (ça nous rappelle le manga Gunnm), mais dès qu’on s’aventure dans les bas fonds, on ne croise que des méchants sur lesquels on tire sans se poser de question. Et on retombe dans les pires travers du jeu vidéo : des caisses, des couloirs gris, des manivelles à tourner, des clés à choper à droite à gauche… Rien, absolument rien de nouveau. Pire, le gameplay ne vous permet que le quart des actions possibles dans un Metal Gear Solid période PSone.
Leeza X, l’héroïne, s’accroupit, se plaque contre les murs et fait des roulades. C’est tout. Le système de visée est lamentable, et si vous êtes caché accroupit derrière une caisse, ça marche pas. Vous préférez la mitraillette ? Pas de chance, Leeza X vise très mal avec cette arme. C’est comme ça, on n’y peut rien. Elle s’accroche à certaines caisses, aussi, mais pas partout. Elle ne saute pas non plus, c’est trop difficile. Ou alors c’est elle qui choisit de le faire à certains endroits. La diriger n’est pas un calvaire, n’exagérons rien, mais on aurait aimé bénéficier d’un peu plus de liberté parce que là, on a rarement fait plus dirigiste.
On essaye même de nous faire croire qu’il est possible d’agir en toute discrétion, à la Sam Fischer. Mais c’est peine perdue, Leeza est incapable de se déplacer en douceur, se plaquant contre les murs alors qu’on aimerait la voir se faufiler derrière l’ennemi. Du coup, on y va à la bourrin, mécaniquement. On se cache pour recharger, on vide un chargeur sur chaque bonhomme et on recommence. C’est pas un jeu, c’est du boulot.
Headhunter 3 ? Bof…
D’après les quelques joueurs courageux qui auraient déjà terminé ce jeu, une suite serait évoquée. On ne trouve pas que ce soit une vraie bonne idée, à moins qu’un sérieux boulot ne soit fait, et que les phases de moto du premier épisode soient de retour, histoire de varier les plaisirs. De plus, Headhunter Redemption n’est pas très beau (mais plus fin sur Xbox, quand même), et s’il s’améliore légèrement par la suite, avec la possibilité d’incarner Jack Wade dans des décors plus variés, cela ne va pas plus loin. Nous sommes déçus, c’est peu de le dire.