Les attentats du 11 septembre 2001 et la politique militaire américaine consécutive à ces attaques auraient-ils influencé à tous jamais l’équipe de développement de Pivotal Games ? Un an jour pour jour après que le World Trade Center se soit effondré comme un château de cartes, le studio à la botte d’Eidos Interactive nous sortait Conflict : Desert Storm, un titre qui revisitait à sa sauce la Guerre du Golfe avec en point de mire l’élimination d’un grand manitou du terrorisme aux faux airs de Saddam Hussein. En voilà un titre qui cocotait le patriotisme américain à des kilomètres à la ronde. Et comme si ça ne suffisait pas, Pivotal Games a remis le couvert avec un deuxième opus, puis s’est attaqué au Vietnam avant de s’assagir avec un Conflict : Global Storm plutôt médiocre. Plutôt que de s’enfoncer plus profondément encore dans les abîmes du jeu vidéo en nous réchauffant toujours la même tambouille, les développeurs ont pris le problème à bras-le-corps. Ils ont fait table rase et sont donc partis sur de nouvelles bases, celles d’un FPS tactique, soit tout ce qu’il y a de plus à la mode.
 
Double impact
 
Ainsi, on fera l’impasse sur le scénario de ce Conflict : Denied Ops tant il est un classique du genre : des terroristes qui ont le sang chaud et qui sont prêts à tout faire péter si on ne se plie pas à leurs exigences. Et forcément, face à cette bande de petits scélérats, on retrouve une organisation anti-terroriste bien rôdée qui peut compter sur le courage et la force d’intervention de deux de ces membres : Lincoln Graves et Reggie Lang. Première nouveauté donc, le quatuor infatigable des quatre premiers opus a pris un congé sabbatique – ou une retraite anticipée – pour laisser sa place à un binôme que tout oppose, même l’âge. Du haut de ses 47 printemps, Graves fait office de pilier de la Special Activities Division de la CIA. Sa réputation n’est plus à faire. Du désert irakien aux montagnes afghanes, il est surtout connu pour ses talents de sniper et sa discrétion déconcertante lorsqu’il abat ses cibles. Tout le contraire de Lang. A 28 ans, ce dernier préfère quand ça canarde dans tous les sens à l’aide de sa grosse mitraillette, quitte à improviser un feu d’artifice avec un bon lance-roquettes des familles. Deux styles radicalement opposés avec lesquels il faudra composer. Pour éviter toute jalousie dans le groupe, il n’y a pas de leader. C’est vous qui déciderez celui qui est le plus à même de boucler la mission. Switcher d’un gaillard à l’autre ne vous prendra que le temps d’une pression sur le bouton associé. Cependant, le deuxième larron ne restera pas dans son coin pour bouder. Grâce à une gestion d’ordre plutôt limitée (regroupement, tenir une position, feu de couverture, feu de suppression, lancer de grenades), il s’activera en fonction de vos besoins. De ce fait, les niveaux et leur construction varient suffisamment pour faire mumuse avec ces deux compères. Mieux, les maps sont parfois suffisamment larges et vous offrent plusieurs voies d’accès pour surprendre vos ennemis. Et si par malheur vous bloquez plusieurs heures sur une épreuve, pas d’inquiétude, les développeurs ont pensé à tout. Vous êtes libre de choisir les étapes en fonction de votre avancement dans l’histoire, ce qui vous permettra de débloquer de nouvelles armes et des équipements inédits pour la suite des hostilités. Un bon point à n’en pas douter mais qui n’a pas les épaules suffisamment solides pour résister à ce qui suit.
 
Army of Toutou
 
Revenons à la gestion des ordres rapidement évoquée plus haut. Comme si le fait d’être réduit à son strict minimum n’était pas suffisant, votre collègue met des plombes à réagir lorsque l’ordre est validé. Il faudra s’y reprendre à deux fois pour être sûr qu’il ait compris le message. Une fois que ses méninges ont suffisamment chauffé, on peut s’attendre au pire, notamment lorsqu’il s’agit de rejoindre votre position. Plutôt que de suivre scrupuleusement votre trace, il improvisera un parcours de santé inadapté au beau milieu du feu ennemi avant de s’écrouler comme un taureau dans l’arène. Heureusement vous aurez trois minutes pour lui administrer les premiers soins. Juste le temps pour faire le ménage au préalable. Et très franchement, les ennemis dans Conflict : Denied Ops paraissent inconsistants lorsqu’on a goûté à Rainbow Six : Vegas ou à FEAR. A la ramasse du début à la fin, ils font peine à voir lorsqu’ils se mettent à courir comme des dératés totalement à découvert, à se calfeutrer entre deux bidons d’essence qui ne demandent qu’à être explosés, à recharger bêtement devant vous, ou encore à sortir leur tête toujours au mêmes endroits. Et pourtant, ils arrivent à faire mouche dès les premières munitions gaspillées. Il faut dire que le gameplay de Conflict : Denied Ops n’est pas très adapté à la situation. Une visée imprécise qui se heurte à certains murs invisibles, notamment lorsque vous tirez trop près d’un mur tout ce qu’il y a de plus physique, sans qu’aucun impact ne marque le crépit, le sol ou la tenue du terroriste. Bizarre… Etrange comme cette visée nocturne verdâtre qui n’est pas d’une grande aide en pleine nuit ou dans des pièces plongées dans le noir.
 
Olive Nucléaire
 
La faute assurément à un choix graphique de mauvais goût. Outre le character-design mal choisi, c’est le moteur graphique de Conflict : Denied Ops dans son ensemble qui est en retard de quelques années même pour un jeu dit de "nouvelle génération". On le sait, la série Conflict a toujours été à la traîne d’un point de vue visuel et Conflict : Denied Ops ne déroge pas à la règle. Lorsque les niveaux sont trop vastes, ils manquent cruellement de détails. De la neige, du désert ou de la flotte à perte de vue, c’est pas ce qu’il y a de plus gratifiant esthétiquement parlant. Lorsque les maps se resserrent, on assiste à un déluge de textures démodées saupoudrées d’un contraste mal équilibré à la Hour of Victory. Quant aux effets d’explosions ou de fumées, encore une fois il faudra repasser. Ce n’est pas aujourd’hui que les développeurs de Pivotal Games maîtriseront les effets pyrotechniques comme Infinity Ward. A la rigueur, l’interactivité avec les décors parvient tout juste à sauver les meubles sans pour autant nous convaincre à cause d’un moteur physique exagéré, où les cadavres s’écroulent en vrille et terminent leur arabesque avec une jambe en l’air. Cette nouvelle réalisation de Pivotal Games ne fera de vague artistique surtout qu’on a sans cesse l’impression que le frame-rate est prêt à rendre l’âme d’une minute à l’autre. Par conséquent, on le ressent tout de suite dans le gameplay avec des déplacements lents, certaines actions qui mettent des plombes à s’exécuter et une visée pas assez nerveuse. Et la présence de véhicules n’y change rien. Pas très beau et plutôt mou, on a vraiment du mal à se prendre au jeu et on demandera l’aide à un ami pour boucler Conflict : Denied Ops. Car oui, le titre d’Eidos Interactive peut se jouer en coopératif en écran partagé ou en ligne. Et qui dit jeu en ligne, dit également Deathmatch, Team Deathmatch et Conquête mais les serveurs sont désespérément vides. Quelle poisse.
JeuxActu.com
                 
                     
                                
                                
                                
                                
                                    
