Dix ans ont passé depuis que les démons ont tenté d'envahir l'Angleterre en 1783 (comment, vous n'étiez pas au courant ?), et alors qu'on pensait la paix revenue, voilà qu'un sinistre château surgit de nulle part, signe que les affreuses créatures sont de retour. Il appartient à Miriam, Cristalliseuse de son état, d'aller nettoyer tout cela. On vous passe les détails de ce qu'est un Cristalliseur (en gros, un humain lié aux démons) car le scénario n'est évidemment qu'un prétexte pour aller arpenter des niveaux typiquement castlevaniesques, ou metroidvaniesques si l'on préfère. Au fur et à mesure que Miriam gagnera des capacités, il lui sera possible d'entrer dans des salles qui lui étaient auparavant inaccessibles, afin de combattre toujours plus d'ennemis, et ainsi de faire avancer le scénario. Bref, vous connaissez la chanson. Evidemment, avec Koji Igarashi aux commandes, Bloodstained : Ritual of the Night n'est pas n'importe quel Metroidvania. Que ce soit en terme de level design, d'ambiance graphique ou de mécaniques de jeu, quiconque a apprécié les Castlevania du début du millénaire retrouvera instantanément ses marques. Les nouveautés sont rares, mais il faut reconnaître que la recette a fait ses preuves. Ainsi, de la même manière que Soma pouvait absorber l'âme des monstres dans Aria of Sorrow, il arrive que Miriam extraie un fragment de puissance démoniaque de leurs cadavres. Ces fragments lui donnent accès à différents pouvoirs magiques, qu'il s'agisse de sorts instantanés, de sorts à visée, de sorts passifs ou encore d'appels de familiers. La palette est extrêmement variée puisque n'importe quel ennemi croisé dans l'aventure est susceptible de nous fournir une capacité supplémentaire. Et plus on collecte de fragments d'un même type, plus le pouvoir devient puissant. La profusion est également de mise en ce qui concerne les armes, qui peuvent prendre la forme, entre autres, d'épées, de fouets, de chaussures, de massues, et même de pistolets. Et vous pouvez ajouter à cela plusieurs types de vêtements et éléments d'armure.
CASTLE MANIA
A vrai dire, Bloodstained n'hésite pas à jouer à fond la carte de l'artisanat. Car en plus de Dominique et de son poste d'approvisionnement (une vendeuse donc), on peut régulièrement rendre visite à l'alchimiste Johannes. Son atelier permet à d'améliorer les fragments, de démanteler des objets, d'en fabriquer de nouveaux, et même de cuisiner ! La nourriture n'est pas à négliger car elle ne se contente pas d'apporter des bonus temporaires. La première fois qu'on goûte une nouvelle recette,on a également droit à un bonus de statistiques définitif. Qu'il s'agisse de la nourriture, des armes, des pouvoirs, rien n'est à négliger car les boss sont bien coriaces. Si on roule sans trop de problèmes sur les ennemis standards, les champions demandent généralement plusieurs essais avant d'être vaincus. Pour s'en sortir, il est important de se préparer en fonction de leurs types d'attaques et de leurs faiblesses. Un aspect intéressant... qu'on peut éventuellement zapper par une montée de niveau artificiellement acquise en tuant en boucle les monstres de base, puisque ces derniers réapparaissent à l'infini. Il suffit de sortir d'une pièce et d'y revenir pour les voir à nouveau debouts. Hé oui, étant donné que Bloodstained respecte à la lettre les principes de Castlevania, il souffre d'un petit côté old school qui pourra gêner certains joueurs. Il faut par exemple passer par les menus pour boire une simple potion de vie, aucun signal sonore ou visuel ne nous prévient franchement quand la barre de santé approche du zéro, et si vous mourez alors que vous n'avez pas croisé de salle de sauvegarde depuis vingt minutes, il vous faudra tout recommencer. Les fans voulaient un Symphony of the Night 2.0, ils l'ont !
Heureusement, les graphismes ont bien progressé depuis une vingtaine d'années, et la 2,5D affichée par le jeu est bien supérieure à ce que proposait le hit de 1997. Techniquement, on reste tout de même loin des standards de 2019, et on sent bien que le cel-shading qui habille les personnages fait un peu office de cache-misère. La direction artistique a quant à elle tendance à partir dans tous les sens, pour le meilleur comme pour le pire. L'architecture gothique est très plaisante, mais certains ennemis ressemblent un peu trop à des Pokémon pour qu'on les prenne au sérieux. Et si se faire attaquer par un chat géant muni de cornes vaut son pesant de cacahuètes, il faut bien reconnaître que l'ensemble manque cruellement de cohérence. Par ailleurs, le jeu n'est pas imperméable aux bugs, pouvant aller du boss totalement immobile aux mouvements de l'héroïne qui deviennent subitement et irrémédiablement lents. Et la localisation française peut également être pointée du doigt puisqu'on a droit à quelques fautes d'orthographe, à des points de suspension systématiquement mal placés, à un double voire triple espace après chaque apostrophe ou, au contraire, à des espaces manquants entre certains mots ou après certains signes de ponctuation. Voilà qui ne fait pas très sérieux. Evidemment, les adeptes de Castlevania sauront passer outre les différents défauts de ce Bloodstained : Ritual of the Night, car sur le fond, c'est incontestablement le jeu qu'ils attendaient !