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Test également disponible sur : PlayStation 2

Test The Sword of Etheria

Test The Sword of Etheria
La Note
8 20

Drapé des meilleures intentions pour apporter sa pierre à l'édifice et d’une certaine élégance, The Sword of Etheria est rongé jusqu’à l’os par des carences de production qui massacrent impitoyablement toute aspiration qualitative. Répétitif et finalement assez creux, le gameplay est terrassé sur quasiment tous les points par une concurrence abondante, ne laissant au titre de Konami que son admirable capital esthétique et quelques percées conceptuelles qui ne laisseront pas grand chose à la postérité. Vous en conviendrez, c’est un peu juste.


Les plus
  • Une esthétique et un charme remarquables
  • Un effort sur la partie narrative du titre
  • L’idée des juggles combos est défoulante
  • De belles cinématiques
Les moins
  • Graphiquement et techniquement médiocre
  • Répétitif et lourd
  • Gameplay pauvre et creux
  • Doublages français ridicules
  • Difficulté étrangement dosée


Le Test

Presque un an après Nanobreaker, les équipes de Konami Tokyo réitèrent leur cri d’amour pour les beat’em all 3D régressifs et patauds en sortant The Sword of Etheria. Une vague réécriture du conte du Magicien d’Oz - une référence rendue moins explicite avec le nom occidental du jeu - au service d’un travail manifeste dans le cheminement narratif, épaulée de quelques trouvailles de gameplay, voilà qui justifiait largement l’intérêt des amateurs du  genre. Et pourtant…


Curieuse destinée que celle du beat’em all. Laissé pour ludiquement mort avec l’arrivée de la 3D, et ce malgré quelques tentatives qui relevaient davantage de l’acharnement thérapeutique (Fighting Force), il a finalement attendu la génération 128 bits pour renaître spectaculairement de ses cendres et semble s’affirmer aujourd’hui comme l’un des genres les plus prisés sur console. Du très fugitif The Bouncer aux différentes itérations de Dynasty Warriors, en passant par les incontournables Onimusha, Devil May Cry, Zone of The Enders ou l’excellent God of War, le beat’em all est en plein essor et cultive désormais une pluralité des styles et des influences qui le caractérisent. Autant de titres qui partagent tout de même deux dénominateurs communs, qui ont sans aucun doute contribué à donner au genre son nouveau souffle : l’institution du mass massacre et le culte du combo.

 

Quelques microgrammes de finesse…

 

De combo, il en est d’ailleurs question dans The Sword of Etheria, fidèle rejeton d’une longue lignée de beat’em all bourrins et contemplatifs. C’est peut-être même de là que la lumière était attendue, tant le parti pris de faire des combos un élément central de son gameplay est manifeste. Au point de se détourner de toutes les autres formes d’attaques, réduites à leur plus simple expression  (marteler la touche carré), et même de les rendre caduques, puisque la plupart des ennemis et la totalité des boss sont  plus ou moins insensibles au bourrinage intempestif. En substance, la consigne enseignée dès les premiers chapitres du jeu (qui en compte au total 19, d’environ 25 minutes chacun) est de se plier à l’usage du combo pour éradiquer vos adversaires, puisqu’une barre de furie, seules capables d’entamer la jauge de vie, augmente de concert avec le nombre de hits consécutivement réalisés. Rien de fondamentalement renversant de prime abord, mais les équipes de KCET semblent avoir pris le pari que The Sword of Etheria parviendrait, via son système de combo original, à déjouer les errements inhérents au genre et à emporter l’adhésion.

 

Basée sur les combos aériens entre les trois membres de votre équipe (dont deux contrôlés par l’IA), l’innovation consiste à envoyer un ennemi dans les airs afin qu’un allié l’intercepte avant qu’il ne touche le sol, et de faire une partie de volley-ball avec sa proie en la maintenant en l’air le plus longtemps possible. Plus le nombre de "passes" enchaînées entre le joueur et ses deux compères croît, plus la jauge de furie se remplit. Passé un certain seuil, elle débloque pendant quelques secondes un coup spécial qui dévastera les lignes ennemies. Une idée subtile dans l’absolu, qui exige un certain sens du timing mais également une bonne maîtrise de la caméra et des sauts latéraux ; avec un peu de pratique, on peut même espérer atteindre des niveaux de furies suffisamment élevés pour annihiler une horde complète d’adversaires en un seul assaut, et récupérer un maximum de points afin d’obtenir une note correcte en fin de chapitre. Mais cette pratique, justement, va aussi révéler de lourdes faiblesses conceptuelles et des failles de production qui ne tardent pas à dévaster cet édifice de bonnes intentions.

 

Conception bancale, production bâclée

 

Car la malheureuse vérité de The Sword of Etheria va se faire jour en une grosse demie-heure, révélant au joueur son incapacité complète à réaliser son projet ludique. D’abord dans la conception du gameplay, bancale, comme omnubilée par ses combos aériens rabâchés du début à la fin du jeu, qui trahissent en quelques chapitres l’indigence globale d’un titre bâti autour d’une seule vraie idée neuve, laquelle pèche en profondeur comme en variété. L’optique est si étriquée qu’elle en devient indigeste, insupportable de répétitivité, gavant le joueur jusqu’à l’écœurement pur et simple, manette au sol, console éteinte. Inlassablement et sans complexes, The Sword of Etheria présente les mêmes types de monstres en deux catégories distinctes : les premiers, résistant à la plupart de vos coups, et les seconds, la piétaille inoffensive qui ne vous servira qu’à remplir votre jauge de furie. D’autre part, le principe de jongler avec les ennemis est miné par de multiples failles, au premier rang desquelles se trouve une surabondance des adversaires qui rend difficile, voire parfois totalement aléatoire la réussite d’un simple combo. Encerclé par une nuée de monstres à l’I.A. inexistante, la lecture de l’action devient d’une confusion extrême, condamnant le joueur à un matraquage intempestif de la touche carré afin de faire le ménage dans l’écran et de repérer son personnage au milieu de la mêlée. On se retrouve alors à courir à l’autre bout du tableau en priant pour que les ennemis n’aient pas la mauvaise idée de nous y rejoindre. Difficile de ne pas déceler ici les incohérences du cahier des charges d’un game designer qui, en saccageant toute la subtilité de son concept, se tire une décharge de carabine dans le pied. Pour en finir avec le gameplay, qui n’avait en toute franchise pas besoin de cela, le placement  de la caméra et le système de lock se révèlent à l’usage plutôt hasardeux, dans la mesure où les combos aériens nécessitent par moments une précision et un alignement assez stricts. On ne retiendra au final que la bonne idée de base, à la fois isolée et trop mal exploitée pour susciter l’indulgence, qui vous fait plutôt passer l’envie d’aller au bout du scénario et des possibilités de customisation des personnages.

 

Indépendamment des griefs sur son système de combat, la structure archi-minimaliste du jeu qui demande au joueur de vider méthodiquement une pièce de ses occupants hostiles pour finalement investir une autre salle quasi-identique renforce le sentiment de répétitivité et d’immobilisme. Le challenge ne semble pas fondamentalement évoluer d’un chapitre à l’autre, même si la difficulté en mode Normal connaît par endroits de brusques et inexplicables pics à la hausse, ce qui donne par à-coups des regains d’intérêt aussi irréguliers que limités. La production du titre laisse également paraître des lacunes assez préjudiciables pour sa quête de séduction. En ce qui concerne la réalisation globale, à travers des graphismes d’un autre âge -décors d’une nudité affligeante, level design minimaliste, bestiaire aussi laid que pauvre, clipping et brouillard à couper au couteau-, et des doublages français d’une rare médiocrité, on devine sans peine que The Sword of Etheria est un titre réalisé avec des bouts de ficelle, trébuchant immanquablement sur toutes les étapes de sa production. Raté et mal fichu de parts en parts, il donne à voir au joueur une allure homogènement cheap, ne l’impressionnant qu’avec de rares sucreries pyrotechniques lors des furies qui se payent une fois sur deux par une chute brutale de l’animation. A côté, God of War ou Devil May Cry 3 pourraient crédiblement passer pour des titres next-gen.

 

Talk then beat'em all 

 

Traditionnellement anecdotique dans ce type de jeux, la narration est paradoxalement l’aspect le plus soigné du titre. Sans mobiliser tout le potentiel imaginatif nippon en matière d’originalité de récit (puisqu’on retrouve le sempiternel adolescent orphelin dans le rôle de l’élu des Dieux qui s’ignore), le jeu fait montre de sincères intentions d’immerger son joueur dans l’univers de Oz sauce manga, au travers de nombreuses cinématiques et de saynètes de dialogues un cran plus élaborés que la moyenne constatée dans les beat’em all. L’histoire s’articule autour de Phyl, un jeune garçon qui possède la faculté de contrôler l’Etheria, source de toute chose vivante, parti chercher chez les Dieux sa petite sœur et les réponses sur ses propres origines. Le travail porté sur la narration et le cheminement du récit crédite le titre d’un certain charme et d’un capital affectif que l’on n’attendait pas forcément ici. On s’attardera également sur l’indéniable contribution artistique menée conjointement par Fumi Ishikawa (personnages) et Michiru Yamane (composition musicale) qui insufflent une identité esthétique de tout premier ordre. Que ce soient les artworks des temps de chargement ou les cut-scenes incontestablement travaillées, le titre de Konami regorge de talents qui lui apportent une patte et un style bien à lui, comme un certain Gungrave en son temps. Las, même si tous ces éléments confèrent une valeur ajoutée précieuse à The Sword of Etheria, celle-ci s’estompe trop facilement dans l’amas de défauts dont le jeu est perclus.





Thomas Cusseau

le mardi 28 février 2006
17:10




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The Sword of Etheria

Jeu : Action
Développeur : Konami
23 Fév 2006

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