Petit flashback de quelques mois. Lors de l'E3 2010, Yoshinori Yamagishi, développeur de Mindjack, avait bien pris le temps de nous expliquer le scénario de son nouveau bébé. L'histoire se déroule donc dans le futur, en 2031 pour être exact. Le joueur incarne Jim Corbin, un agent spécial cherchant à démanteler une mystérieuse organisation gouvernementale, aidé dans sa mission par une certaine Rebecca, une belle activiste arrivée dans cette histoire on ne sait trop comment. Voilà pour le background et l'on remerciera sincèrement Yoshinori pour ces éclaircissements indispensables à la compréhension de son titre. En effet, force est de constater que l'histoire de Mindjack pourra paraître assez abstraite pour quiconque n'aurait pas cherché à s'informer avant d'entamer sa première partie. Et concrètement, les premières minutes de jeu seront assez déconcertantes et pas aussi claires que prévu. En ce sens, notre version du script de Mindjack ressemblerait plutôt à ça : dans la peau d'un bidasse du futur sans charisme aucun, vous devez traverser des couloirs vides et froids en zigouillant des espèces de militaires et de machines de guerre (qui vous prendront arbitrairement pour cible, sans une ombre d'explication), accompagné par une certaine Rebecca, une jeune fille qui vous suit on ne sait trop pourquoi. Tout de suite, ça fait moins envie... Sauf qu’il faut également rajouter que dans ce futur, les policiers ont le pouvoir de prendre le contrôle de l’esprit des gens, et donc de leur faire faire ce qu'ils veulent. Ca s'appelle le mind-jacking. Voilà, vous aurez tous compris que la majeure partie de l'histoire n'est donc qu'un crapuleux prétexte à exploiter la petite idée de gameplay que l’on vient tout juste d’évoquer ; et que niveau scénario, Mindjack ne vaut hélas pas tripette.
I got my mind set on you
Mindjack se compose de deux phases de jeu relativement distinctes. D'une part, on traverse des passages en TPS (shoot à la troisième personne, façon Gears of War), avec tout ce que cela implique : tirs, roulades, planques derrière des murs, etc. Bref, tout ce qu’il y a de plus classique. Du très classique et du très mou faudrait-il d'ailleurs écrire, tant il est vrai que les séquences d'action de Mindjack ne nous emmènent pas vers des sommets de plaisir vidéoludique. La faute essentiellement à un gameplay qui n'apporte rien à ce que l'on a pu voir avant, à un manque de variété dans les gunfights, à une I.A. des ennemis à mourir de rire, à des décors fadasses et ridiculement petits et à de trop nombreux bugs techniques. Et que dire des combats au corps-à-corps, absolument indigestes et pas du tout au point ! C'est pourquoi, on aurait aimé en avoir pour notre argent avec le fameux "mind-jacking", qui aurait pu apporter un "plus" à ce titre qui compte déjà beaucoup trop de "moins". Hélas, si l'idée de pouvoir se projeter dans le corps d'un personnage tiers n'est pas mauvaise en soi, elle est en revanche nettement sous-exploitée. Et mal pensée également. En effet, le mind-jacking peut s'opérer de deux manières différentes. La première et certainement la seule viable consiste à enrôler un adversaire, une fois que vous l’avez blessé. Ce dernier se relèvera et se mettra à canarder ses anciens collègues. Plutôt pratique, mais assez gadget. Deuxième possibilité : vous pouvez choisir vous-même de passer dans un autre corps. La caméra passe alors en vue subjective, vous permettant de vous balader dans le niveau à la recherche d'un corps à "hacker". Soit. La chose est en effet pratique lorsque Rebecca et Jim seront en danger et qu'il faudra faire diversion en prenant la possession du corps d'un pauvre badaud, tombé au mauvais endroit au mauvais moment.
...hormis quelques exceptions, mieux vaut rester dans la peau de ce vieux Jim Corbin et ne pas chercher à se compliquer la tâche alors que la situation peut se régler de la manière la plus simple qui soit (comme se la jouer bourrin et dégommer les adversaires sans se prendre la tête)."
Au-delà de ça, après avoir fait le tour du concept, on se rendra vite à l'évidence : hormis quelques exceptions, mieux vaut rester dans la peau de ce vieux Jim Corbin et ne pas chercher à se compliquer la tâche alors que la situation peut se régler de la manière la plus simple qui soit (comme se la jouer bourrin et dégommer les adversaires sans se prendre la tête). Pour résumer, Mindjack nous propose un concept de jeu, mais ne nous donne jamais envie de l'exploiter. Dommage. Outre la campagne solo qui vous offrira quelques heures de jeu, vous pouvez tenter le mode online, appelé ici "Pirate". Dans ce dernier, vous êtes propulsé dans la partie d'un autre joueur et votre objectif consiste à l'aider à se dépêtrer des hordes d'adversaires qui lui feront face. Notez également que le contraire est possible et que vous pouvez donc faire appel à un partenaire pour qu’il vous file un coup de main. Hélas, une fois encore, le jeu ne vous donnera pas trop envie d'explorer ces horizons, puisque la seule chose que le joueur aura à y gagner seront quelques points d'XP, qui débloqueront de nouvelles capacités pour notre héros (plus de précision, meilleure résistance...). Bref, pour résumer la situation, Mindjack aurait pu être un jeu tout à fait honnête auquel on aurait pu pardonner pas mal de choses, seulement si les rares idées dont il dispose avaient été pleinement exploitées. Las, le titre de Feelplus se tire une balle dans le pied, ne sachant pas quoi faire de son unique originalité. Avoir une idée, c'est bien. En tirer profit, c'est mieux.