On ne va pas se mentir, ce retour en grâce du space opera nous a vraiment bien chauffés. D'abord parce que c'est un genre qui laisse beaucoup de libertés au joueur, mais aussi parce qu'aucun autre jeu n'avait exploité ce filon depuis plus de 10 ans. Bref, grâce à David Braben et sa série Elite, on s'attaque quand même à un beau morceau du jeu vidéo, c'est dire si les attentes étaient hautes avec Elite Dangerous. Comme tout bon jeu qui se respecte, on commence par le tutoriel qui nous apprend les rudiments de la vie de capitaine de vaisseau. Un exercice fidèle à la tradition qui se décompose en plusieurs mini-missions, vous donnant des objectifs que vous remplissez afin de découvrir le jeu. Sauf que voilà, les choses commencent mal puisque ces missions vous expliquent vos objectifs sans vous dire comment les réaliser. Premier passage sur les forums, histoire de comprendre comment on joue. Il faut dire que Elite se mérite, voire même qu'il se dompte. Trois types de contrôles sont proposés : joystick (le choix à faire si vous êtes équipé d'un appareil récent bardé de boutons), clavier / souris ou manette classique (sachant que ce sera manette / clavier vu le nombre de touches à utiliser), afin de satisfaire la majorité des joueurs PC, sans léser personne.
DANGEREUSEMENT VÔTRE
Seulement voilà, certaines commandes sont peu pratiques et pour les changer, il n'y a pas d'interface à proprement parler. Il faut se taper un très long menu, et repasser par les forums pour comprendre pourquoi nos changements ne fonctionnent pas. En effet, si la touche est déjà attribuée, le jeu ne vous le dit pas ; pensez donc à bien vérifier l'intégralité du menu. Pratique hein ? Bon, au-delà des considérations techniques, le ticket d'entrée sur Elite Dangerous se mérite aussi au niveau du gameplay. Forcément, l'aventure démarre aux commandes d'un Sidewinder, un vaisseau cheap qui n'a aucun avantage pour lui, à part celui de vous faire souffrir pendant les premières heures de vol grâce à ses moteurs poussifs, sa cale limitée et son réservoir de carburant de la taille d'un dé à coudre. Première sortie dans l'espace et premiers émois : le jeu est relativement joli, et le HUD de votre vaisseau est très bien pensé. Au centre, on découvre les instruments de vol (radar, moteur, armement, etc.) tandis qu'en tournant la tête, deux écrans s'affichent de part et d'autre de votre siège. A droite, on obtient les infos sur votre starship avec cargaison, état de la carrosserie etc., tandis que l'écran de gauche vous renseigne sur votre environnement, à savoir le cibles et le panel de communication pour demander l'autorisation de vous arrimer à une station par exemple. Et une fois tout ceci bien appréhendé, l'espace s'ouvre enfin à vous.
ELITE MODEL
Sur ce point, David Braben à mis le paquet ! Avec plus de 400 milliards de systèmes, la carte de la galaxie vous donne seulement un léger aperçu de la taille démesurée de l'univers que vous devrez explorer. Seulement voilà, au moment de décoller, une question se pose : "Que faire ?" C'est ici qu'Elite Dangerous commence à préciser ses intentions de space opera. Si le côté "space" est clairement là, le coté "opéra" est complètement passé à la trappe puisque le jeu ne propose aucun scénario ni fil conducteur. Bienvenue donc dans un space sandbox où vous ferez ce que vous voudrez, sans aucune aide extérieure. La première occupation, la plus facile à dénicher, concerne les missions qui sont proposées dans les stations, sachant que celles-ci couvrent en gros l'intégralité du champ dès que possible dans le jeu, tout en proposant des jobs en lien avec le lieu où vous vous trouvez. Plusieurs choix de carrière s'offrent à vous : marchand (enfin plutôt routier de l'espace) où vous baladez des biens d'un bout à l'autre de la galaxie, en profitant des différences de prix. Un choix habile en début de partie et qui reste intéressant après grâce au système économique très poussé, faisant varier les prix en fonction de l'offre et de la demande. Evidemment, le pendant illégal est encore plus rémunérateur si vous êtes prêts à faire face au danger tel un Han Solo. Le job de contrebandier vous tend alors les bras. Pour les joueurs les plus violents, la piraterie ou les chasseurs de primes vous feront une place dans leurs rangs, tandis que les solitaires préfèreront l'exploration, ou le minage d'astéroïdes. Bref, un choix pléthorique, sachant que rien n'empêche une reconversion, du moment que vous avez suffisamment de crédits pour vous payer le vaisseau adapté à votre future carrière. La finalité de ce Elite Dangerous est donc de se faire plaisir en accumulant les crédits, et en se payant la bécane de ses rêves. Sur ce point d'ailleurs, il faut préciser que si plus de 30 vaisseaux sont prévus, seulement 15 d'entre eux sont actuellement disponibles.
Peu de risques cependant de vous retrouver face à des joueurs ayant le même vaisseau que vous, compte-tenu de la taille gigantesque de l'univers, d'autant qu'il sera rare de croiser des joueurs hors des systèmes centraux. Sans compter que les interactions sont assez limitées, qu'il s'agisse des autres joueurs ou des bots. D'ailleurs, si vous souhaitez vous faire l'aventure avec un ami, il faudra être patient puisque les nouveaux joueurs ne commencent pas l'aventure au même endroit. Très vite, vous allez comprendre qu'entre votre position sur la map et celle de votre ami, il existe plusieurs dizaines de systèmes, une distance infranchissable avec votre Sidewinder miteux et 1000 crédits en banque pour l'essence. Il faudra donc ramasser de l'argent et voyager un moment avant de retrouver votre ailier, ce qui est particulièrement lassant. Pourtant les voyages ne manquent pas de sel, la physique est sympathiquement modélisée et il faudra faire attention à votre navigation pour ne pas finir dans une étoile, ou très loin de votre cible à cause de l'attraction d'un corps céleste qui vous fera dévier de votre route. Pour couvrir de grandes distances, pas de problème, votre vaisseau peut passer mode en super croisière afin de traverser un système en un rien de temps, ou alors passer en hyper-espace pour sauter d'un système à l'autre. Le tout consomme évidemment une grande quantité de carburant, un combustible en vente dans tous les bons spatioports et qui représentera une bonne partie de vos dépenses en début de partie. Heureusement, des récupérateurs de carburant vous permettront d'aller faire le plein gratuitement en vous plaçant à proximité d'une étoile, le tout histoire de rendre l'exploration un peu plus viable.
AUX FRONTIÈRES DE LA SOLITUDE
Pour ceux qui veulent absolument jouer en équipe ou se sentir partie intégrante d'un univers, l'équipe de Frontier a pensé à inclure des événements déclencheurs. Concrètement, des conflits entre factions politiques ou des famines dans certains systèmes, le tout histoire d'inciter les joueurs à venir faire leur beurre dans un secteur particulier. Un super concept, sauf que dans les faits, ces évènements sont anecdotiques ; d'une part à cause du nombre de joueurs trop faible, et d'auitre part à cause d'un manque d'intérêt des joueurs, issu du faible impact de ces derniers sur une situation donnée. Bref, dans l'état actuel, le multijoueur ne s'avère qu'être un élément mineur parmi le contenu proposé par Elite Dangerous, ce qui fait encore plus rager les backers de la première heure qui ont mal digéré l'abandon en catimini du mode hors ligne. En effet, le jeu de David Braben n'est jouable que lorsque vous êtes connecté, et avec le peu d'interactions qui existent entre joueurs et les infimes synergies, l'abandon d'un mode hors ligne tient plus d'un choix dicté par des commerciaux avides en DRM que par des développeurs soucieux de la qualité du titre. Evidemment, le studio de développement insiste sur le fait que la sortie d'Elite Dangerous n'est qu'une étape dans une grande épopée, mais face à un jeu aussi vide et répétitif (une fois le tour des professions fait) et qui propose qui plus est des premières heures de jeu vraiment décourageantes, on doute que les joueurs restent en ligne assez longtemps pour voir le contenu promis arriver.