Nintendo voudrait un peu plus conforter les joueurs sur l'abusive réputation de "console pour bobos" que la Wii traîne derrière elle depuis quelques temps. Mais en accueillant Blast Works : Build Trade Destroy dans son catalogue, la firme de Kyoto ne fait qu’accentuer cet état de fait. En effet, si l'on pouvait se réjouir de voir débarquer ce shoot'em up à scrolling horizontal sur une console ou le genre est quasi inexistant, on regrette aussitôt de constater que la tournure artistique optée par le développeur nous rappelle bien vite qu'on est sur Wii et pas ailleurs. Car en un mot comme en cent, Blast Works : Build Trade Destroy est un jeu "arty". Avec son look "pixel-art", mêlant 3D primaire, couleurs des années 80 et son refus de se soustraire à quelques codes du genre (pas de power-up par exemple, pas d'évolution de son vaisseau), ce soft risque bien d'en révulser plus d'un, ou alors d'en séduire plus d'un, c'est au choix. Nous, on est plutôt friand de ce genre de parti-pris qui, il faut bien l'avouer, nous sort agréablement de la ritournelle des petits vaisseaux qui tirent sur des gros monstres dans des univers organiques à la R-Type. Mais une fois passé l'agréable surprise provenant de cette sympathique audace graphique, que vaut réellement le titre de Budcat, en tant que shoot primaire, et non en tant qu'œuvre d'art ?
Optic Blast !
Car c'est bien beau de chercher la touche visuelle qui tue, mais encore faudrait-il qu'une fois la manette en mains, le joueur se prenne un peu plus au jeu. Or, ce n'est pas vraiment le cas ici. D'abord parce que niveau gameplay, on ne peut pas avoir plus consensuel. Le stick du Nunchunk sert à se déplacer et le bouton B à tirer. Voilà, c'est tout. Quitte à faire dans l'expérimental, les développeurs auraient pu songer à se servir des capteurs sensoriels de la Wiimote pour les intégrer à quelques phases de jeu. Mais non, même s'il essaie de nous faire croire le contraire, Blast Works est un shoot'em up d’une banalité absolue. Seule petite trouvaille (et encore, puisqu'elle est directement empruntée au jeu gratuit Tumiki Fighters) : la possibilité de récupérer des morceaux de vaisseaux ennemis détruits pour les greffer à soi et s'en servir comme arme secondaire et/ou bouclier. Une bonne idée dans l'absolu, mais qui est tellement mal gérée qu'elle en devient vite préjudiciable. En effet, à force de se coller des bouts de pixels sur la carlingue, votre vaisseau atteindra vite des proportions gargantuesques, au point d'occuper plus de la moitié de l'écran. Dès lors, on ne sait plus qui est quoi, qui fait quoi, où sont les ennemis, ni même où se trouve la base de votre avion, ce qui causera régulièrement des pertes de vie hasardeuses et horripilantes. Heureusement que les tirs se distinguent grâce à leur couleur, sans quoi ce joyeux foutoir se serait révélé parfaitement injouable. Rajoutez à cela une difficulté plutôt mal gérée (en particulier les boss qui se révèlent assez coriaces), un mode multijoueur dans lequel le jeu peut devenir jusqu'à quatre fois plus bordélique, un éditeur de niveau incompréhensible, et vous obtenez un titre brouillon qui énerve plus qu'il ne divertit.