Sérieux, Assassin's Creed : Brotherhood nous a bien eus quand même. D'abord parce qu'il dispose d'un script qui reprend exactement là où Assassin's Creed II s'est arrêté. C'est vrai, on s'attendait plutôt à un scénario hors-sujet mais les développeurs d'Ubisoft Montréal ont préféré miser sur la continuité ; et on se retrouve donc une nouvelle fois dans la peau d'Ezio Auditore da Firenze, qui doit mettre fin cette fois-ci à l'oppression exercée par Cesare Borgia sur toute la cité de Rome. On garde d'ailleurs un excellent souvenir de la capitale italienne, puisqu'elle condensait toutes les promesses en termes d'infiltration auxquelles on n'avait pas assez goûté en 2009. L'essentiel de l'action d'Assassin's Creed : Brotherhood se déroule entre ses murs, toujours dans le cadre de l'Italie de la Renaissance qui a de plus en plus de charme. Encore une fois, Ezio ne sera pas seul à partir au combat et pourra compter sur le soutien immuable de sa famille (Maria et Claudia), sans oublier La Volpe et l'éternel Léonard de Vinci. Et puis, il y a aussi les voleurs et les courtisanes – déjà présents dans Assassin's Creed II – qui n'hésitent pas à filer un coup de main pour détourner l'attention des gardes. Bref, les inconditionnels de la franchise n'auront aucun mal à trouver leurs marques dans Assassin's Creed : Brotherhood, qui affaiblit considérablement Ezio dès la première heure de jeu. On connaît la chanson, et il va donc devoir récupérer toutes ses aptitudes avant de prétendre rétablir l'ordre dans la ville romaine. Il faut rester lucide quand même sur l'histoire du jeu : on n'apprend pas grand chose finalement, bien que ce nouveau volet se montrera sans doute indispensable aux yeux des disciples d'Altaïr et d'Ezio. Assassin's Creed III remettre sans doute le scéanario en marche. De toute façon, en matière de transition, on a connu pire.
Basta !
Ce serait injuste de qualifier Assassin's Creed : Brotherhood d'Assassin's Creed 2.5, car Ubisoft Montréal a fait de sacrés efforts pour maintenir la richesse du second épisode, tout en replaçant l'infiltration au coeur du gameplay. On pense naturellement aux tours Borgia qu'Ezio doit détruire pour marquer la rébellion des citoyens romains, à condition d'avoir assassiné au préalable le chef des lieux. Il est alors nécessaire de faire preuve d'une discrétion absolue pour approcher sa cible sans être vu, ce qui n'est pas tout le temps évident quand la zone est bien gardée. Et comme les ennemis sont capables de repérer une silhouette suspecte à plus de 500 mètres, il est souvent plus pratique de les éliminer les uns après les autres afin de minimiser les risques d'être repéré. D'autres missions demandent à Ezio de se déplacer dans l'ombre, à l'image de celle où il faut arracher des mains des Borgia la mitrailleuse fabriquée par Léonard de Vinci. C'est simple : le moindre faux pas et on doit reprendre la partie depuis le début. Les filatures sont légion dans Assassin's Creed : Brotherhood, et tourner le dos l'air de rien ne suffit plus pour tromper la vigilance des individus. En fait, le niveau de l'I.A. a été revue à la hausse, et le système de notoriété est on ne peut plus rigoureux. En effet, les gardes froncent les sourcils dès que le taux des méfaits commis grimpe dangereusement, de même qu'il est beaucoup plus difficile de les semer. Une excellente initiative lorsque l'on sait qu'Assassin's Creed II était considéré comme trop laxiste sur certains aspects. Enfin, pour offrir du challenge aux joueurs expérimentés, Assassin's Creed : Brotherhood leur propose de remplir des objectifs sous certaines conditions. Utiliser la lame pour exécuter une cible, retenir des gardes en ne perdant pas plus de cinq carrés de santé, s'infiltrer dans un endroit sans se faire repérer, voilà un exemple des gourmandises imposées par les développeurs.
"Ce serait injuste de qualifier Assassin's Creed : Brotherhood d'Assassin's Creed 2.5, car Ubisoft Montréal a fait de sacrés efforts pour maintenir la richesse du second épisode, tout en replaçant l'infiltration au coeur du gameplay."
La grosse nouveauté dans Assassin's Creed : Brotherhood, c'est quand même la possibilité de recruter d'autres assassins dans l'optique de créer une véritable confrérie. En réalité, il s'agit d'habitants désireux eux aussi de renverser la dictature mise en place par Cesare Borgia. Il faudra alors les envoyer en mission (par l'intermédiaire des pigeonniers où à partir d'un des repaires d'Ezio) à travers toute l'Europe afin qu'ils se fassent les dents, et développent de véritables compétences d'assassin. Chaque objectif rempli donne accès à des points expérience supplémentaires pour, ensuite, améliorer les aptitudes – l'armure et les armes entre autres – des nouveaux frères. En fonction de leur progression, tous ne pourront pas accomplir les mêmes missions, certaines d'entre elles se révélant plus délicates que d'autres. Une jauge permet de toute façon d'évaluer le pourcentage de chance de rentrer à la maison en un seul morceau. Bien vu. Recruter d'autres assassins, c'est également indispensable pour détourner l'attention des gardes. En pressant LB/L1, on peut ainsi demander de l'aide et les envoyer au combat à n'importe quel moment, ce qui permet de garder les mains propres et de ne pas se découvrir. D'où la nécessité de ne pas expédier tous ses camarades en mission, car un pote qui se trouve à Paris pour assassiner un médecin ne sera pas disponible (durant un certain laps de temps indiqué) pour aller attaquer, dans le même temps, l'un des sbires du clan Borgia. On adore. Puisque l'idée avait bien fonctionné dans Assassin's Creed II, Assassin's Creed : Brotherhood intègre également le fameux système bancaire qui permet de dépenser quelques florins pour parfaire l'équipement d'Ezio.
Molto bene
Ezio devra également s'occuper de la rénovation d'un grand nombre d'établissements romains ; un excellent moyen pour développer de nouvelles affaires et se faire de l'argent facilement. Toutes les 20 minutes en effet, un pop-up alerte le joueur sur la somme encaissée par ses boutiques. Logiquement, plus le nombre d'infrastructures restaurées augmente, plus les poches d'Ezio se remplissent. Un peu comme c'était déjà le cas à Monteriggioni, le joueur pourra bénéficier de ristournes auprès des commerçants partenaires. Même si l'argent n'est jamais un problème dans Assassin's Creed : Brotherhood, c'est toujours agréable de dépenser moins. Et puis, cette fois-ci, les banques rénovées permettent d'accroître la taille du coffre dans lequel sont stockés les revenus, ce qui n'était pas possible l'an dernier. Les développeurs d'Ubisoft Montréal ont ainsi réduit les allers-retours à travers la cité romaine, et accentuent du coup cette impression de pénétrer dans un univers varié et riche ; réellement. Puisque l'on parlait d'équipement un peu plus haut, les critères de sélection demeurent les mêmes au moment de claquer quelques billets chez le forgeron du coin : les carrés de santé supplémentaires accordés et la résistance pour les armures, les dommages infligés, la vitesse d'exécution et la valeur de déviation pour les armes. Le système de combat d'Assassin's Creed : Brotherhood a gagné en subtilité, dans la mesure où il faudra souvent briser la garde des adversaires les plus coriaces, avant de les finir au sol. Frapper comme un demeuré dans une défense en titane ne mène nulle part la plupart du temps, et il est donc préférable de placer un coup de pied vicieux dans le foie pour trouver l'ouverture. Cela dit, les affrontements manquent encore cruellement de punch, et c'est sans doute sur ce point que les développeurs d'Ubisoft Montréal devront se pencher pour le prochain volet de la série. On ne leur demande pas qu'Ezio devienne aussi brutal que Sam Fisher dans Tom Clancy's Splinter Cell : Conviction, mais quand même...
"Frapper comme un demeuré dans une défense en titane ne mène nulle part la plupart du temps, et il est donc préférable de placer un coup de pied vicieux dans le foie pour trouver l'ouverture."
L'autre gros morceau d'Assassin's Creed : Brotherhood, c'est bien évidemment son mode multijoueur qui permet d'incarner différentes classes de personnages. On a un faible pour la contrebandière et sa capuche, dont le style vestimentaire reflète l'esprit des parties à plusieurs que nous avons pu disputer, à savoir assassiner froidement ses adversaires avec classe. Car c'est essentiellement le style qui permet de se faire un nom quand on doit faire face à d'autres criminels dans Assassin's Creed : Brotherhood. Si le nombre de modes de jeu est archi chiche - uniquement deux -, il faut reconnaître que les développeurs ont fait du bon boulot. Le concept est on ne peut plus simple : en "Traque", chaque joueur se voit attribuer une cible qu'il doit éliminer, sachant que lui-même a un contrat sur sa tête. Pour repérer sa proie, le chasseur dispose d'une boussole qui se remplit au fur et à mesure qu'il se rapproche de sa victime potentielle. Inutile de préciser que la discrétion est de mise, car le joueur d'en face est capable de repérer son prédateur si celui-ci ne se montre pas suffisamment silencieux dans sa démarche. Au départ, c'est assez rude et on enfile les décès comme des perles. En fait, l'affaire devient un peu facile quand on débloque les compétences grâce aux points d'expérience durement acquis. Il est alors possible de prendre durant quelques secondes l'apparence d'un autre pour tromper son monde par exemple, imiter Flash et tracer sa route à la vitesse de la lumière, ou bien encore créer un écran de fumée pour disparaître dans la foule. C'est vraiment bien fichu, d'autant plus que le fait d'identifier sa cible à partir d'un portrait robot rend la tension quasi palpable ; on n'est jamais à l'abri d'un coup de couteau dans les cotes alors qu'on était à deux doigts de planter la lame dans l'oreille de sa proie. Il existe une variante par équipes (où chacun incarne à tour de rôle les fugitifs et les traqueurs), mais c'est nettement moins tripant pour être honnête. Essentiellement parce qu'il est beaucoup plus facile d'assassiner que de prendre la fuite ; un déséquilibre qui a le dont d'agacer rapidement. Les cartes taillées pour le multijoueur sont assez vastes pour se faire plaisir, et on regrette finalement que les meurtres les plus "stylés" ne soient pas récompensés si bien que ça. En effet, il arrive parfois qu'un crime en mode boucherie soit mieux "rémunéré" qu'un assassinat dans les règles de l'art. Frustrant.
Mezzo Di Pasta
Puisqu'il faut bien parler de la réalisation d'Assassin's Creed : Brotherhood, le jeu ne nous a pas paru si beau que ça lors des premières heures de jeu. La qualité visuelle des productions sorties ces derniers mois y est sans doute pour quelque chose, mais la magie artistique qu'opérait la série à ses débuts semble quand même s'être réduite comme une peau de chagrin. Ce n'est qu'au fil de l'aventure que le jeu monte en puissance, et on se rend compte alors que certaines séquences ont fait l'objet d'un soin particulier de la part des développeurs d'Ubisoft Montréal. Les cut scenes ont gagné en finesse, et certaines textures ne passent pas inaperçues dans les rues de Rome où la verticalité est également de rigueur. Quant à la modélisation d'Ezio, elle demeure exemplaire, ce qui n'est pas toujours le cas de l'animation du personnage. Ca ne dort pas à Rome en tout cas, et c'est toujours un régal d'observer les habitants vaquer à leurs occupations. Oui, vraiment du bon boulot.