Test Valkyrie Profile 2 : Silmeria

Mise à jour de notre test import américain réalisé le 22 novembre 2006

Il existe 3 valkyries, anges de la guerre chargés de récolter les âmes valeureuses tombées au combat, qu’elles estiment digne de rejoindre le Valhalla pour combattre aux côtés d’Odin, le moment du Ragnarok venu. Mais jamais ces trois vierges en armures ne doivent exister simultanément. Quand l’une est en activité, les deux autres sont plongées dans un profond sommeil. Après Lenneth, ce second épisode nous fait logiquement vivre une aventure sous les yeux d’une autre valkyrie, la sœur cadette Silmeria. De ce fait, ces événements se déroulent cent ans dans le passé, un choix qui apparaît limpide pour ceux qui ont tâté le premier épisode et les moult questions qu’il laissait en suspens. On distinguait notamment Silmeria captive dans le château de Brahms, ce dernier faisant même référence à Arngrim dans des événements passés qu’il nous tardait justement de découvrir dans ce Valkyrie Profile 2 Silmeria chronologiquement antérieur. De ce point de vue, Square Enix nous rend heureux en reliant tant que possible Valkyrie Profile Lenneth et Valkyrie Profile 2 Silmeria. Hrist, la 3ème sœur valkyrie, conserve son rôle d’avatar noir qui sème le trouble dans le jeu. La cité perdue de Dipan de Lenneth devient pour Silmeria le royaume de Dipan, avec son ambitieux roi Barbarossa dont le spectre faisait office de boss pour Lenneth, et ses trois traîtres de mages. Avant se s’arrêter avec les révélations, signalons tout de même qu’un certain Lezard Valeth fera aussi parti de votre équipe…

Sèche tes larmes, princesse

Troubles sont toujours les intentions profondes d’Odin et de sa subordonnée Freja, et cela, Silmeria la plus jeune des valkyries, semblait l’avoir cerné avant Lenneth. Dans Valkyrie Profile 2 Silmeria, pas question de Ragnarok donc pas fin du monde, de limite de temps, ou de découpage en chapitre et en séquences. Square Enix effectue un retour à la normale, dans un déroulement on ne peut plus classique du RPG : village/emplettes et donjons/expérience. Ce qui n’est pas forcément un mal compte tenu du côté déroutant des péripéties de Lenneth. Si d’aucun prétendront que le découpage en séquences et l’approche inéluctable du Ragnarok contribuait à l’ambiance de Valkyrie Profile Lenneth, sa vraie substance résidait plutôt dans le travail sur la narration, dans ses musiques inoubliables, et dans le sens inné de la tragédie de chacune des saynètes qui présidait la mort d’un combattant ou d’une combattante. Dans Valkyrie Profile 2 Silmeria, ce n’est plus du tout comme ça, car son ambiance est devenue traditionnelle, elle aussi. Fini la tragédie ! Il fait bon vivre à Crell Monferaigne, Dipan et dans toutes les autres bourgades du monde de Valkyrie Profile. On n'est pas non plus dans le meilleur des mondes, mais si cette fois-ci l’ambiance reste saisissante, c’est davantage grâce à une réalisation époustouflante et non plus par une ossature glaciale et un pouvoir émotionnel considérable, comme dans le premier. Toutefois, la fine équipe qui accompagne Alicia/Silmeria ne passe pas son temps à danser au coin du feu en se faisant des tapes dans le dos, la mise en scène reste dans l’ensemble sobre, à l’image des relations entres les protagonistes, parfois méfiants, parfois distants, avec un jeu de regard important. Mais contrairement à Lenneth, Silmeria ne vous fera pas pleurer, c’est une certitude.

Dans Valkyrie Profile 2 Silmeria, la valkyrie en activité est la ténébreuse et mystérieuse Hrist. Comment se fait-il alors que l’on incarne Silmeria, me demanderez-vous d’un œil rond ? Révoltée contre son boss, Silmeria n’a eu d’autre choix que de réfugier son âme dans le corps de la jeune princesse de Dipan, Alicia. Le mélange des deux femmes, la première forte et autoritaire, avec la seconde, timide et réservée, propose donc un résultat amusant ainsi que quelques quiproquos puisqu’il est parfois difficile pour ses compagnons de savoir qui de Silmeria ou d’Alicia est en train de communiquer. Globalement, c’est la valkyrie qui a le dessus, prenant le contrôle de la jeune beauté schyzophrène quand elle le désire.

La beauté extérieure

Valkyrie Profile 2 Silmeria est techniquement hallucinant. Conservant un déplacement linéaire, il mélange 2D et 3D de façon renversante avec un nombre de détails sublimes, et d’effets naturels très réussis. Sable, roche, eau ou neige, chaque élément naturel a été travaillé et intégré avec une minutie qui force le respect, poussant toujours un peu plus la bonne vieille PlayStation 2 dans ses meilleurs retranchements. Alicia évolue en permanence dans des décors absolument fabuleux. Et comme on l’a déjà dit, c’est la réalisation qui provoque l’immersion dans Valkyrie Profile 2 Silmeria, plutôt que l’extravagance narrative et le sens dramatique. Du côté sonore, Sakuraba devient lui aussi plus raisonnable et mesuré dans ses compositions. L’œuvre est globalement convaincante avec des musiques d’ambiances assez discrètes mais toujours une excellente dynamique rock pour les combats.

D’ailleurs, le cœur de Valkyrie Profile 2 Silmeria, ce sont assurément les combats. tri-Ace se lâche une fois de plus en combinant le spectaculaire, le brutal et le subtil. Rien que ça. Une fois le contact engagé avec le spectre adverse, les quatre personnages, répondant toujours à un des quatre boutons géométriques, se déplacent à leur guise dans l’aire de combat, dans un système semi-temps réel assez intéressant. En effet, tant que vous ne touchez pas au stick, la scène reste figée. C’est en bougeant que le temps se déroule et que les ennemis agissent de leur côté. L’équilibre repose sur la gestion de la jauge d’AP qui correspond au nombre d’action qu’il vous reste à effectuer avant de devoir la recharger. Et évidemment, il ne sera pas possible de rehausser cette jauge en restant immobile (ou plutôt si, en appuyant sur R3, mais pendant ce laps de temps l’action se déroule). L’intérêt de ce système réside donc dans la gestion de ses déplacements, car le champ d’action du monstre est visible par une zone rouge, dans laquelle vous devez impérativement éviter de mettre les pieds. Une gageure, parce que même si le personnage que vous dirigez parvient à tourner autour de l’adversaire, il n’en sera pas de même pour le reste de la troupe qui emboîte votre pas. Mais la petite subtilité réside dans un dash dont on peut doser la longueur, et qui permet de sauter par-dessus une zone ennemie d’un pas leste. Consommant évidemment une partie de la jauge d’AP, ce dash devient indispensable pour se tirer de certaines situations. Les assauts en eux-mêmes se font toujours en martelant joyeusement les touches pour enchaîner les "Frigid Damsel" et autres cris de guerre. L’objectif étant de maximiser suffisamment de coups, sans frapper dans le vide à cause d’un mauvais timing, pour atteindre 100% de combo et avoir le droit d’exécuter les majestueux Soul Crush. Pour achever de corser le tout, l’utilisation du menu (magies et items) se fait de manière parcimonieuse avec un laps de temps impératif avant de pouvoir y replonger. Globalement, Valkyrie Profile 2 Silmeria est pourvue d’une difficulté bien dosée, cependant ce sont les boss qui marquent vite les étapes et mettent peut-être en valeur une exigence certaine dans la façon de gérer ses personnages. Parce que dans Valkyrie Profile 2 Silmeria, la plupart des capacités spéciales ne naissent pas comme par magie. En fait, une évolution trop passive de vos unités risque fort de vous de mener dans une impasse.

Level up

C’est le petit bémol à tout ce faste martial. Sans jouir d’un système ultra-complexe, force est d’admettre que les meilleurs skills ne sont pas faciles à obtenir naturellement. La plupart s’obtiennent en complétant des tableaux de symboles qui dépendent de chaque partie de votre équipement corporel. C’est complexe, et ça demandes des concessions autant que de la recherche. Et au final, on a la sensation que Valkyrie Profile 2 Silmeria fait parti de ces jeux dont il est un peu trop ardu d’aspirer la substantifique moelle sans l’aide d’un guide bien informé. Un symptôme dont souffrait déjà le premier opus, pour de toutes autres raisons, cependant. Valkyrie Profile 2 Silmeria, avec sa construction qui semble si limpide en surface, n’a pourtant pas fini de vous demander de relever des défis. Les donjons instaurent un système d’effets spéciaux positifs ou négatifs très variés qui se répandent dans une zone en fonction de la sphère magique en votre possession. Ces sphères peuvent se récupérer sur des socles également prévus pour les "acheter"  contre des cristaux spéciaux et bien rares. L’acquisition de ces sphères, ainsi que votre capacité à les développer à votre avantage et au désavantage des ennemis, est une des nombreuses clés pour faire sauter le verrou de la réussite dans Valkyrie Profile 2 Silmeria, et autant dire qu’une fois encore, tri Ace n’a pas réalisé un jeu pour débutants. Même les phases de déplacements ont eu droit à un approfondissement, puisque l’empilement de cristaux de Lenneth laisse sa place au pouvoir de substitution de Silmeria. Lorsqu’elle cristallise un ennemi, le fait de jeter un autre cristal dessus interchange votre position avec celle de l’adversaire ! Sachant que les tirs de cristaux ricochent au plafond et sur les murs, vous imaginez les possibilités offertes et l’ingéniosité à déployer pour atteindre ce foutu coffre perché tout là-haut. Un bon moyen en tout cas de dynamiser le côté très linéaire des déplacements en 2D.

Il faut enfin revenir sur l’amère disparition de la dimension tragique de la série. Les personnages à recruter sont autrement plus nombreux que dans Valkyrie Profile Lenneth, mais ce n’est pas une prouesse dans la mesure où on se les approprie beaucoup plus anodinement. Ca se passe sur le lieu de leur mort, en touchant leur arme. Le gladiateur décédé vous jure allégeance, et pouf, plus rien. L’histoire brève de sa vie et de sa mort vous est racontée éventuellement dans un petit texte paumé dans son statut. Et basta. Fini les saynètes mémorables, fini l’émotion, fini l’empathie. Bonjour la fainéantise. Sacrilège ? Il est simplement clair que Valkyrie Profile 2 Silmeria n’a plus du tout le même objectif que son prédécesseur. Rangez votre mouchoir, ici il n’y a plus aucune larme à verser.