L’histoire de Snipperclips n’est pas commune et mérite sans aucun doute d’être racontée, car elle traduit également l’envie de Nintendo de travailler autrement avec les développeurs indépendants. Car quand bien même, Snipperclips est "brandé" aux couleurs de Nintendo, le jeu est avant tout un projet personnel, celui de deux frangins : Tom et Adam Vian. Ensemble, ils ont fondé la société SFB Games en 2012 et se sont spécialisés surtout sur des jeux à destination des terminaux mobiles. Mais c’est en se rendant à l’EGX (un salon de jeux vidéo qui a lieu chaque année au mois de septembre à Birmingham) en 2015 que les frères Vian vont taper dans l’œil de Nintendo. A l’époque, Snipperclips n’existait uniquement comme étant un projet embryonnaire, qui a pris véritablement forme lors d’une game jam. C’est ce prototype (né de l’esprit créatif de Tom Vian en une seule journée) qui a aussitôt séduit Nintendo, qui les a donc pris sous son aile. L’année 2016 fut donc consacrée entièrement au développement du jeu, et d’une équipe de deux habituellement, SFB Games est passé à 6 employés. Cerise sur le gâteau pour les deux jeunes développeurs : Snipperclips a été choisi par Nintendo pour faire partie des jeux de lancement de la Nintendo Switch, leur offrant par la même occasion un coup de projecteur incroyable. Vendu uniquement sur l’eShop, Snipperclips : les deux font la paire est de loin l’autre jeu dans lequel vous devez investir après Zelda : Breath of the Wild. Voici pourquoi.
LES PETITS PAPIERS
Pour ce faire, il est déjà primordial de vous expliquer le concept du jeu, atypique sur bien des aspects. Et parce qu’il faut toujours catégoriser les jeux pour mieux les situer, sachez que Snipperclips est ce qu’on appelle un puzzle-game, son objectif étant de faire fonctionner les neurones des joueurs, trop habitués à appuyer sur des gâchettes ou trancher des monstres à l’aide d’armes blanches plus stylisées les unes que les autres. Joy-Con dans les mains, les joueurs (c’est un jeu qui se savourent avant tout à plusieurs – de 2 à 4 personnes) se retrouvent aux commandes de deux personnages en papier, rigolos à regarder car bourrés de malice. Ensemble, ils doivent résoudre différentes énigmes allant de la découpe de papier pour adopter la bonne forme à l’acheminement d’un ballon de basket (ou d’une balle de base-ball) jusqu’à son panier, en passant par la libération d’un hamster dans une boule, ou bien encore permettre à une pince d’attraper un objet. Pour atteindre leurs objectifs, nos petits bonhommes rose (Snip) et jaune (Clip) possède plusieurs manœuvres et façons de réagir entre eux. Snip et Clip peuvent sauter, s’accroupir, faire pivoter leur forme avec les boutons de tranche, mais surtout ils sont capables de se découper l’un et l’autre en se superposant. Il suffit en effet de fusionner la partie du corps qu’on souhaite séparer pour faire apparaître une zone de découpage, d’appuyer ensuite sur le bon bouton et le morceau se détachera tout naturellement. Fort heureusement, si le coup de ciseaux est parti trop vite, il est tout à fait possible de retrouver sa forme initiale en maintenant une touche, avec toujours cette petite grimace qui accompagne plutôt bien l’action.
Snipperclips a ceci de particulier qu’il n’y a aucun indice à l’écran pour nous aider à résoudre l’énigme qui se pose devant nous. A l’instar des Sanctuaires de Zelda : Breath of the Wild, c’est au joueur de faire la synthèse de ce qui se passe à l’écran, trouvant par lui-même la problématique et la solution pour pouvoir la résoudre.
Snipperclips a ceci de particulier qu’il n’y a aucun indice à l’écran pour nous aider à résoudre l’énigme qui se pose devant nous. A l’instar des Sanctuaires de Zelda : Breath of the Wild, c’est au joueur de faire la synthèse de ce qui se passe à l’écran, trouvant par lui-même la problématique et la solution pour pouvoir la résoudre. Ce choix délibéré de ne pas prendre le joueur par la main pousse non seulement les joueurs à réfléchir en duo (ou en équipe), mais aussi à tenter différentes choses quitte à se tromper de direction. C’est d’ailleurs dans ces moments d’exploration, de doute et de flottement qu’on se marre le plus souvent, mais aussi qu’on comprend que le partenaire choisi n’a pas forcément le même esprit de déduction que soi. Prenons l’exemple des ballons de baudruche qui flottent. Rien à l’écran n’indique qu’il faille les exploser, et surtout, si c’est bien le cas, de quelle manière il faut procéder. C’est à ce moment-là que les idées fusent, que l’on tente des choses, souvent farfelues, pour espérer trouver le plus rapidement l’objectif précis de ce casse-tête. Une fois que le joueur a capté qu’il doit en effet faire éclater ces ballons, comment s’y prendre ? En transformant tout simplement son personnage en objet contondant. Hop, 2/3 découpes plus tard et on se retrouve avec un perso ayant une pointe à la place de la tête. Mais comment faire pour atteindre les ballons qui sont au plafond ? Et pourquoi ne pas adopter une forme spéciale pour faire en sorte d’accrocher la tige qui pendouille ? Vous l’aurez compris, il va falloir faire preuve de jugeote dans Snipperclips, d’autant qu’à aucun moment, et on se répère, les joueurs ne sont guidés.
PAPER PLEASE
S’il existe une solution imposée par les développeurs, sachez que le jeu incite les joueurs à trouver leur propre voie, en exprimant chacun leur côté créatif. Rien n’est fixé ni figé pour venir à bout d’une énigme, même si l’on sait qu’il y a tout de même une certaine ligne directrice à suivre. Au-delà de ces moments de prise de tête, qu’on considère davantage de notre côté comme une forme de liberté d’expression, Snipperclips est un jeu simple d’accès et surtout facile à déchiffrer. Le but des frangins développeurs n’étant pas de faire de leur jeu un produit élitiste, il était important pour eux que Snipperclips reste lisible à n’importe quel public. Pas étonnant d’ailleurs que le jeu transcende son concept à plusieurs, car comme chacun sait, on réfléchit mieux et plus vite quand on est accompagné. La socialisation des joueurs est d’ailleurs l’autre grande force du jeu, qui n’est jamais avare en situations où les discussions entre les joueurs s’engagent très rapidement, pouvant parfois virer à la joute verbale pour peu qu’un des deux n’en fasse qu’à sa tête.
Au-delà de ces moments de prise de tête, qu’on considère davantage de notre côté comme une forme de liberté d’expression, Snipperclips est un jeu simple d’accès et surtout facile à déchiffrer. Le but des frangins développeurs n’étant pas de faire de leur jeu un produit élitiste, il était important pour eux que Snipperclips reste lisible à n’importe quel public.
On l’a déjà évoqué, mais Snipperclips est un jeu qui se déguste mieux à plusieurs. A deux donc, mais aussi à trois ou à quatre, par le biais des puzzles classiques mais aussi à travers des épreuves dédiées comme des Deathmatchs (où le but est de découper l’entièreté des adversaires), des matchs de basket (où il faut tenter de marquer un maximum de paniers), ou de hockey sur glace. Malgré sa convivialité et sa jovialité, Snipperclips est également jouable en solo. Le joueur prend alors le contrôle de Snip et de Clip à tout de rôle, avec la possibilité de switcher à la volée en appuyant sur Y. Ce n’est évidemment pas la configuration idéale qu’on vous recommandera, mais au moins, les développeurs ont aussi pris en compte qu’un joueur solitaire puisse aussi prendre son temps en faisant du découpage. D’ailleurs, côté contenu, le jeu propose à son lancement pas moins de 60 épreuves différentes. Un chiffre conséquent certes mais qui a tendance à être reconsidéré une fois qu’on a acquis les mécanismes de gameplay et qu’on se rend compte que certains puzzles sont des redites des premiers casse-têtes. L’effet surprise est donc amoindrie, sans compter qu’en terme de replay value, le jeu n’apporte pas grand-chose. Refaire un puzzle quand on connaît la solution, c’est tout de suite moins marrant. Il faut désormais attendre un suivi de la part des frères Vian qui succomberont peut-être à l’appel du DLC. Affaire à suivre donc.