Si Kingdom Under Fire : The Crusaders nous avait agréablement surpris l'année dernière, on est maintenant en droit de se montrer plus exigeant. Cette suite éradique bien des défauts récurrents de son prédécesseur mais est-ce bien suffisant ? Toujours est-il que si partir en croisade nous avait autant passionné l’année dernière, ce fut grâce à un challenge captivant et à un gameplay pluraliste. Associant habilement le hack & slash avec de la stratégie ainsi qu’une pincée de jeu de rôles, Kingdom Under Fire : The Crusaders proposait déjà un concept bien plus savoureux que Dynasty Warrior et consorts.
Become a heroe !
D’un point de vue scénaristique, Kingdom Under Fire : Heroes se déroule 5 ans avec les événements du premier opus et permet donc de jouer avec certains personnages secondaires charismatiques comme les deux aides de camp de Gerald (soit Ellen et Rupert) mais également Walter, Cirith l’elfe noire, Urukubarr l’orc ou encore Leinhart et Morene, tous deux seigneurs vampires. Les plus matheux auront remarqué que le jeu compte ainsi sept campagnes en tout et on appréciera que ces dernières se détachent toutes l’une de l’autre pour proposer une histoire qui leur est propre et non pas la même version des faits légèrement remaniés à chaque fois. Renonçant à leur "plagiat" évident façon Seigneur des Anneaux, Kingdom Under Fire : The Crusaders compose enfin sa propre identité bien que les scénaristes se soient encore inspirer des événements historiques qui englobent les périodes des croisés, notamment celle de la paix relative qui existait à Jérusalem, maintenue au dessus des directives donnés par le Pape, le roi de la cité et par Saladin. Pour ainsi dire, la paix fragile qui subsistait entre les forces de
La croisée des chemins
Le jeu se découpe en trois phases de jeu : le déplacement des unités sur la carte du monde, leur déplacement durant la partie et les phases de combat. Dans le premier cas de figure, il s’agit simplement de se rendre d’un point déjà déterminé à un autre et de faire quelques haltes en ville pour écouter les ragots à la taverne, upgrader l’équipement de ses armées moyennant finance ainsi que d'améliorer leurs compétences et celles de de vos officiers grâce à des points d’expérience acquis au préalable durant les affrontements. La partie indubitablement la plus intéressante est la gestion des troupes. Si la manette Xbox n’offre évidemment pas l’ergonomie d’une souris, Phantagram a su correctement adapter le gameplay à cette difficulté pour que la prise en main se montre intuitive. Le jeu repose un peu sur le principe du célèbre jeu de mains pierre-papier-ciseaux, c'est-à-dire que la cavalerie fait un carnage dans les rangs de l’infanterie mais se fait massacrer face à une garnison de lancier. Enfin, l’archerie apporte un complément non négligeable durant les affrontements et les paladins – unités désormais disponibles dès le départ – prennent curieusement une importance de plus en plus cruciale au fur à mesure de votre progression. Dans chacune de vos missions, votre armée sera très souvent beaucoup plus réduite que votre adversaire et la stratégie de foncer dans le tas ne fonctionnera pas bien longtemps. La ligne de conduite à garder à l’esprit sera donc de positionner judicieusement ses unités pour rapidement taillader en pièces ses adversaires et surtout de ne pas à avoir à subir de trop lourdes pertes. Mais outre cet aspect stratégique évident, il faudra également tirer profit de l’environnement. Par exemple, faire entrer vos troupes dans une forêt les protégera des flèches ennemies ou encore veiller à garder le soleil dans le dos permettra d’aveugler temporairement ses adversaires. Mais surtout, on pourra établir de véritables stratagèmes en minant par exemple le sol grâce au travail des sapeurs puis simuler une fuite et entraîner simplement les ennemis dessus. L’intelligence artificielle se laisse berner facilement et on pourrait par exemple attirer par petits groupes ses opposants avec un simple éclaireur pour ensuite les mener dans une forêt et enfin l’enflammer. Imparable !
Le Royaume des Cieux
Si le concept est toujours aussi efficace, on regrette par contre qu’il y ait si peu d’innovations et surtout que l’on retrouve les mêmes défauts que le premier épisode. Si l’on peut toujours sélectionner plusieurs degrés de formation (de rang serré à des unités plus dispersées) avec pour chacun leurs avantages et leurs inconvénients, il est encore impossible de séparer ses escouades en plusieurs groupes. A l’instar des titres comme Kessen et autres Dynasty Warriors, on contrôle directement son héros sur le champ de bataille que les coups d’épée permettront d’éliminer les ennemies par paquet de douze. On peut obtenir l’aide substantielle de ses aides de camps ou enchaîner des coups spéciaux et magies pour peu que l’on possède le nombre de PS adéquat que l’on acquiert en éliminant les ennemies. Seulement, les batailles sont toujours aussi brouillons tout simplement parce que pour peu que les unités de votre adversaire et les vôtres appartiennent au même corps d’armée, il devient très difficile de les distinguer les unes des autres tant et si bien que l’on frappe un peu hasard et souvent dans le vent. Bien souvent, on pourra en finir rapidement en éliminant simplement le chef de guerre ennemi mais cela serait sans doute bien plus facile si l’on n’avait pas autant de difficulté à le repérer. Bien que leur skin soit dissemblable de leurs subalternes, la différence est souvent trop minime pour être visible.
La sélection naturelle
Chaque héros choisi s’appréhende véritablement différemment et correspond à un niveau de difficulté distinct. Ainsi, Ellen (facile) est un personnage très rapide alors que Walter (normal) est une grosse brute et le maniement de Leinhart (normal) est un peu plus subtil. Cependant, l’utilisation du jeu est lui aussi à réserver uniquement à de véritables héros tant la difficulté est exacerbée. Si les trois ou quatre premières missions en compagnie d’Ellen servent à se mettre en jambe – le tutorial a été sérieusement amoindri – les choses passent à la vitesse supérieure dès la cinquième mission et beaucoup buteront sur cet obstacle. Par la suite, on profitera de l’accalmie durant quelques niveaux avant de retomber sur des objectifs insurmontables. Passons maintenant en revue la campagne de Walter. Accompagné d’emblée par la cavalerie et des troupes de haut niveaux, on se dit que cela va être du gâteau mais il n’en est rien. Même constat pour le prince Leinhart qui nous fera abandonner au bout de deux minutes. Kingdom Under Fire : Heroes est donc à réserver avant tout aux joueurs du premier opus mais aussi et surtout ceux qui seraient assez fou pour s’acharner pour tout débloquer. Et pour aligner les six campagnes réussies à son actif, il y a sérieusement de quoi faire et plus particulièrement si l’on peine déjà en facile. Je n’ose même pas imaginer les modes enfer et cauchemardesque.
Au niveau sonore, les développeurs ont encore opté pour le hard-rock. Un choix somme toute assez judicieux puisque les thèmes dynamiques collent parfaitement à l’esprit du jeu et ses nombreux affrontements musclés. A l’écoute de la musique, on se laisse porter par cet étrange sentiment de puissance et c’est à peine si on ne se met pas à pousser des cris bestiaux ! Le doublage manque toujours de conviction mais on ne notera les efforts au niveau de la localisation par rapport à son prédécesseur. Si, si, je vous assure, les textes ne sont plus bourrés de fautes d’orthographes ou presque. Bref, Kingdom Under Fire : Heroes est doté d’une réalisation sympathique et d’un gameplay assez peu conventionnel. Bien que la difficulté soit vraiment élitique, le challenge est long, passionnant et on pourra toujours s’orienter vers les parties sur le Live. On aurait tort de s’en priver par ailleurs puisque deux mois sont offerts à ce service en achetant le jeu. Le seul gros reproche que l’on pourrait lui faire est le manque d’innovations et la non-correction de certaines imperfections au niveau du gameplay. Espérons que les développeurs en tiennent compte pour un troisième opus.