Bientôt, vous pourrez faire de la raclette sans empuantir votre intérieur. Prochainement, vous élèverez des chiens, des chats et des poneys sans avoir à acheter un seul paquet de croquettes ou à dégoter une botte de foin (ah, on m'indique que c'est d'ores et déjà possible). Bref, grâce à la DS, vous ferez tout ce que vous faites dans la vie, sans les nombreux inconvénients du réel. Jam Sessions est construit sur cette idée: vous aimez le son de la six cordes mais avez trop la flemme pour apprendre à en jouer (ou des parents récalcitrants, ou pas la place dans votre chambre, ou vous essayez de faire croire à tout le monde que vous n'aimez que l'opéra) ? Grâce à la petite console de Nintendo, vous allez pouvoir faire vibrer la foule et composer vos futurs tubes planétaires. Sur l'écran tactile, une bête corde que vous devez gratouiller avec amour au rythme de votre choix. Avant de vous lancer dans la composition, vous devez sélectionner une ou deux palettes d'accords, à savoir les huit (ou seize) accords que vous pourrez jouer si vous appuyez sur un bouton tout en "pinçant" la corde. Certains riffs nécessitant d'appuyer sur trois boutons simultanément (gâchette droite pour passer à la palette secondaire, plus deux touches du pavé pour jouer un accord intermédiaire) tout en s'acharnant sur la corde avec le stylet, on se demande rapidement s'il ne serait pas plus simple de ressortir son bon vieux solfège et La Guitare en 127 leçons préfacée par Frank Zappa. Jam Sessions fait pourtant tout pour nous retenir un peu.
Pop allemande ou sirop italien ?
Histoire de ne pas vous lâcher sans repère dans la nature, le titre de Plato intègre en effet les partitions virtuelles des 38 morceaux qui ont marqué l'histoire récente de la guitare en général, et du rock'n'roll couillu en particulier. Like a rolling stone de Dylan, Wild thing de Hendrix, You know I'm no good d'Amy Winehouse, Je sais pas jouer de Pierpoljak ou encore Irgendwie irgendwo irgendwann de Nena, la playlist est aussi variée que... ratée. La plupart des morceaux, notamment les hits locaux de nos voisins européens, vous seront totalement inconnus, ce qui n'est pas particulièrement pratique pour débuter. Vous pouvez parfois écouter le titre avant de l'interpréter, mais cette option n'est proposée que pour dix chansons, et pas les moins populaires.
Certes, JeuxActu n'est pas le temple du raffinement musical, surtout depuis que l'équipe cohabite avec le crew sophistiqué de Planète Rap. Mais qui a vraiment envie d'apprendre à jouer de la guitare sur du Eros Ramazzotti ou sur du Louise Attaque ? On peut certes passer outre la présence au générique de la génie canadienne du punk, Avril Lavigne ou des si brillants Indochine, mais diantre, où sont The Libertines et Noir Désir, Mortörhead et Police, Pink Floyd et Interpol ? Où sont Eric Clapton, Jimmy Page, Tom Morello et M ? Et surtout : où est passé AC/DC ? Un mode de jeu libre vous permet heureusement de jouer, sans aide aucune, les plus beaux morceaux des rois de la gratte, et vous pouvez configurer vous-même le son de votre instrument afin de sonner comme Metallica ou les Arctic Monkeys. Une option vous permet même d'enregistrer vos performances. Hélas, le son est évidemment ignoble (jouez au casque ou ne jouez pas) et il est impossible de rouvrir un morceau sauvegardé et de le poursuivre en utilisant une autre palette d'accords ou en modifiant ses effets. Jam Sessions : Ma Guitare de Poche n'a donc définitivement pas sa place au Top 50...