Grand Dieu de l’Olympe devant l’Eternel, Track’n Field fait partie de ces mythes qui auront marqué l’Histoire. Pourtant, quelques décennies à peine après sa canonisation, même ses plus fidèles croyants se sont résolus à abandonner ses rites ancestraux et ses pratiques barbares, bien trop primaires pour pouvoir faire bonne figure en société. Heureusement, si les inventeurs du jeu original n’ont pas su s’adapter à l’écoulement du temps, d’autres se sont chargés de faire avancer ce qui est un des concepts vidéoludiques les plus fédérateurs qui soit. La tradition est sauve et se perpétue. Après avoir procédé à quelques essais pas toujours heureux dans les jupons de Sony Computer Entertainment Europe avec Athens 2004, Eurocom semble avoir définitivement réglé la mire en passant chez Sega pour cette édition chinoise des J.O. Licence lucrative oblige, on aurait pu penser que Beijing 2008 se serait contenté du minimum syndical pour écouler des jours heureux à engranger les billets. Force est de constater qu’il n’en est rien, le titre réussissant même la prouesse de nous étonner sur bon nombre d’aspects. Dès la première prise de contact, le titre nous offre avec bon goût une plastique léchée, qui se fait témoin des quelques efforts humains et financiers consentis. On apprécie. Sans crever l’écran, les modélisations et les animations font plutôt bonne figure, et nous rappellent que pour s’essayer aux Jeux dans une édition un tant soit peu réaliste, c’est du côté de la haute définition qu’il faudra se tourner.
La victoire au bout des sticks
Tout en s’appliquant à ne pas bafouer les fondements instaurés par Konami il y a bien des printemps, Sega nous livre une vision des J.O. remarquable de variété, de finesse et d’exhaustivité. On vous l’accorde, dans le fond, nombre d’épreuves mettront la paume de votre main – ou les touches de votre manette, c’est selon – à rude épreuve, mais fruit des efforts entrepris depuis Athens 2004, ce Beijing 2008 délivre enfin cette bouffée d’oxygène à laquelle les athlètes de salon étaient en droit de s’attendre. On ne vous ennuiera pas à détailler les épreuves une à une, mais sachez que même les traditionnelles épreuves d’athlétisme ont pu connaître une petite révolution, plus ou moins heureuse il est vrai. A titre d’exemple, signalons les départs hasardeux des épreuves de sprint, qui demandent un petit jeu de gâchette pas franchement ergonomique, ni même probant. A l’inverse, les recherches d’angles au stick analogique gauche nous ont paru particulièrement bien trouvées, rompant avec la simple touche à actionner et à maintenir. Beijing 2008 casse un peu les mauvaises habitudes des épreuves doublons, et s’efforce à nous proposer une prise en main cohérente avec ce qu’affiche l’écran. Evidemment avec pas loin d’une quarantaine de disciplines, le contraire aurait fait tâche. Certes on retrouvera toujours les homicides de manettes qui demandent une vitesse d’exécution de l’avant-bras suspecte, celles en appelant au timing tel un jeu musical, celles plus bâtardes combinant avec bonheur les deux gameplays, mais signalons tout de même la présence de sports à la prise en main bien spécifique, comme le judo, le tennis de table ou encore le cyclisme notamment.
Tout en s’appliquant à ne pas bafouer les fondements instaurés par Konami [...], Sega nous livre une vision des J.O. remarquable de variété, de finesse et d’exhaustivité."
Beijing 2008 en propose pour tous les goûts, même au niveau des modes de jeu. Pas bien nombreux, ils assurent cependant l’essentiel avec une certaine efficacité. Jeu convivial par excellence, on retiendra tout particulièrement le mode Compétition (jusqu’à 4 joueurs sur la même machine) qui permet de créer tout naturellement ses petits tournois, en choisissant bêtement les épreuves qui les composent, dans l’ordre voulu. Le compagnon idéal d’une petite soirée en mal d’animation. Par ailleurs signalons la présence d’un jeu en ligne solide – malgré quelques bugs de temps à autre – réunissant jusqu’à 8 acharnés de la performance. Parce qu’il ne faut pas négliger les plaisirs solitaires, Eurocom et Sega ont pensé à inclure un mode solo particulièrement solide et évolutif : le mode Jeux Olympiques. Etalé sur plusieurs jours, il se rendra vite indispensable chez les chasseurs de records olympiques, grâce à un élément principalement : la customisation de notre athlète. Inutile de préciser qu’elle apporte une bonne dose d’identification toujours bienvenue à l’heure de bomber le torse, sur la plus haute marche du podium si possible.