On ne sait pas si c’est 2K Games qui s’est enfin décidé à débloquer un budget "graphismes" pour faire bouger les choses, ou si ce sont les développeurs qui avaient marre de se faire gazer en proposant chaque année l’un des jeux les plus moches dans la catégorie jeu de sport, mais toujours est-il que WWE 2K18 s’est enfin décidé à revoir sa petite gueule d’amour. Il était temps n’est-ce pas ? Et si l’on se fie aux communiqués de 2K Games, on a même le droit à un nouveau moteur 3D, capable de produire "un nouvel éclairage spectaculaire, d’afficher des peaux plus réalistes et de nouveaux effets de caméra". Bullshit marketing ? Un peu ouais, car si l’on se penche un peu plus sur le sujet, on constate qu’il s’agit avant tout de réajustements visuels ici et là, et non d’un changement de moteur graphique pourtant réclamé à cor et à cri par tous les amoureux du catch virtuel. Il y a quand même du mieux, ne soyons pas langue de pute, puisque l’ensemble des personnages a fait l’objet d’un scan afin de proposer une modélisation fidèle des différents catcheurs présents dans le jeu. Même les divas – qui étaient jusqu’à présent les personnages les plus bâclés des WWE 2K – affichent enfin une plastique correcte, plus proche de leur physique réel.
SUR SON 31 ?
Outre un meilleur travail de modélisation sur les visages, les développeurs ont également redessiné le corps de nos catcheurs, avec un meilleur rendu dans les ombres et les lumières. On s’éloigne ainsi du côté plastoc et poupée de cire qu’on devait se taper chaque année pour une impression plus réaliste, plus vivant, plus naturel. Nos catcheurs ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir bénéficié de ces réajustements graphiques, le public aussi. Grâce à un jeu d’éclairage plus réaliste, l’ambiance autour du ring a gagné en authenticité avec des réactions plus intensives des spectateurs, bien que ces derniers soient quand même limités à 3 ou 4 mouvements différents, ce qui fait assez tâche si on a les yeux fixés sur eux pendant plus d’une minute. Leurs animations manquent donc encore de variété, mais la justesse de l’éclairage autour du ring arrive à masquer cette carence et parvient ainsi à faire illusion (pendant combien d’épisode cela dit ?). Si globalement WWE 2K18 s’affiche comme l’épisode le plus abouti graphiquement de la série (ce n’était pas compliqué non plus), il fait quand même pâle figure face à d’autres jeux de sport tels que le UFC d’Electronic Arts ou n’importe quel épisode de la série NBA 2K, loin très loin devant en termes de rendu visuel. Puisque Visual Concepts participe au développement de WWE 2K depuis maintenant plusieurs épisodes, il serait peut-être temps de partager les assets et le savoir-faire, non ?
IL EST DANS LE GAME LE GAMEPLAY ?
Quand un jeu affiche des lacunes techniques, il essaie de se faire pardonner avec un gameplay irréprochable, ou du moins efficace et pourquoi pas fun. Malheureusement pour WWE 2K18, ce n’est pas le cas, ce dernier ayant décidé de reprendre ce qui se fait depuis 3 épisodes avec ce système de contres basé sur des QTE au timing surréaliste. Sur le papier, l’idée est de faciliter la prise en main, quel que soit votre niveau et l’expérience en la matière. C’est vrai quoi, il n’y a pas plus basique d’un Quick Time Event, sauf que dans WWE 2K18, le timing est tellement serré qu’il est quasiment impossible d’anticiper les actions. C’est d’autant plus frustrant que ce système d’actions contextuelles est dupliqué partout, pour tout. Contre, choppe, soumission, élimination, tout repose sur ce même principe absolument pas adapté à la situation. C’est simple, si vous n’appuyez pas sur le bouton au centième de seconde près, vous êtes cuit. Une aberration qu’on pointe du doigt depuis de nombreuses années, alors que les développeurs s’évertuent de croire qu’ils ont trouvé le meilleur système pour leur jeu de catch. Vous pensiez que FIFA était le meilleur représentant de ragequit ou de lancer de manette contre les murs ? Détrompez-vous, WWE 2K18 appartient à une catégorie hautement supérieure, au point qu’on ait éteint notre console à de nombreuses reprises.
C’est d’autant plus rageant que l’intelligence artificielle ne vous fera aucun cadeau, capable de lire chacun de vos mouvements, tandis qu’elle vous empêchera de contrer n’importe laquelle de ses actions. Un déséquilibre incompréhensible qu’on retrouve chaque année et qu’on aimerait que les développeurs se décident enfin à corriger. Car il n’est nulle question de skill ici, mais bien d’une belle ânerie. Heureusement, le plaisir de jeu se retrouve une fois que l’on invite un partenaire humain à prendre part à ces rixes pleines de positions souvent surréalistes, mais toujours très drôles. Toutefois, le studio Yukes a procédé à quelques changements dans le système de soulever, qui permet de porter vos adversaires selon 4 positions différentes. Pompier, à l’épaule, berceau ou façon power bomb, chaque prise enrichit considérablement les techniques, plus nombreuses et surtout proche de ce qu’on peut voir à la télé lors des retransmissions de matchs. Attention tout de même car ces prises prennent aussi en compte la carrure des catcheurs, et les lutteurs gringalets ne seront pas capables de soulever les mastodontes ; question de cohérence. Autre bonne nouvelle, les développeurs ont ajouté de nouvelles animations, ce qui permet d’obtenir des transitions plus naturelles entre les prises. Cela dit, la rigidité de certaines animations continue de nuire à l’immersion et de créer cet espèce de déséquilibre, presque inhérent à la série.
QUICK TIME ENOUGH !
Depuis que NBA 2K16 a lancé la mode des Carrières scénarisées, nombreux sont les jeux de sport à s’être faufilés dans la brèche pour proposer à leur tour un solo conséquent et digne de ce nom. FIFA avec son mode Aventure et sa vedette Alex Hunter semblent être appréciés par les joueurs solitaires, si bien que WWE 2K18 a décidé lui aussi de se lancer dans le même type d’aventure. C’est donc le mode "MaCarrière" qui a été utilisé pour nous raconter cette histoire d’apprenti catcheur qui part de rien pour tenter de devenir la plus grande superstar de tous les temps. Le scénario basique ne surprendra personne, tout comme le processus qui demande de créer son avatar selon ses goûts et ses préférences avant de monter sur le ring. A l’instar de NBA 2K, le joueur aura de nombreux choix à faire durant son ascension, qui peut se montrer fulgurante si l’on prend les bonnes décisions ou que l’on s’entoure des meilleurs General Managers. Bien sûr, nos talents et les résultats obtenus à la suite de matchs participent aussi à la success story, qui nous permettra de passer aussi bien par la WWE que la NXT. C’est d’autant plus vrai que cette année, le joueur va pouvoir explorer les coulisses, discuter avec d’autres catcheurs, d’enchaîner les quêtes secondaires qui façonneront votre profil, avec un esprit sympathique ou plutôt malin.
Pour des raisons budgétaires, les développeurs n’ont pas pu faire appel à des acteurs pour doubler les personnages, ce qui donne naissance à des situations absolument surréalistes où les personnages parlent et gesticulent mais sans le moindre mot qui sort de leur bouche.
Sur le papier, tous les ingrédients sont réunis pour que le mode "MaCarrière" prenne enfin de l’envergure et devienne enfin intéressant avec son approche plus RPG. Mais pour que la mayonnaise tourne, il faut aussi que l’histoire et la narration soient au rendez-vous. Ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. A l’image de NBA 2K18, on se retrouve avec une mise en scène minimaliste, pour ne pas dire misérable, où chaque rencontre avec une autre superstar du catch vire au supplice. La raison ? L’absence tout simplement de voice acting. Yes, indeed. Pour des raisons budgétaires, les développeurs n’ont pas pu faire appel à des acteurs pour doubler les personnages, ce qui donne naissance à des situations absolument surréalistes où les personnages parlent et gesticulent mais sans le moindre mot qui sort de leur bouche. Il en résulte alors une sensation de vite intergalactique qui ruine totalement l’immersion. Quel intérêt franchement de développer l’aspect narration quand on sait qu’on n’a pas les moyens d’aller au bout de ses idées ? Il aurait été préférable de ne rien faire plutôt que de saboter son travail de la sorte. C’est d’autant plus regrettable qu’on observe pourtant quelques bonnes idées ici et là, avec l’intégration de l’humeur (confiant, ambitieux, en colère) pour apporter un peu plus de profondeur et d’intérêt aux échanges, d’autant que l’expérience se gagne davantage selon la cohérence de vos propos.
MAGLOIRE ?
Autre nouveauté de ce WWE 2K18 et qui va de pair avec le mode "MaCarrière" : le mode "Road to Glory". Avec son avatar, l’objectif est de participer à des événements PPV WWE afin de faire progresser les stats de son personnage, sachant que les bonus glanés sont valables dans les deux modes. L’idée pour Yukes est de donner plus de biscuit aux joueurs solitaires qui se seraient lassés trop rapidement des affrontements contre l’IA et voudrait plutôt aller se fritter contre des joueurs humains. C’est en quelque sorte la caution online qui fera de vous, de nous un joueur qualifié et hautement classé, ou pas. Avec "Road to Glory", les développeurs en ont profité pour y intégrer un système de loot avec de la monnaie virtuelle. Pas de micro-transaction pour le moment (pendant combien de temps ?), mais des récompenses obtenues aléatoirement, qui nous pousse à croire que la prochaine édition pourrait bien se mettre au fameux pay-to-win tant décrié par la communauté des joueurs lassés de se faire braquer leur porte-feuille.
Décevant sur pas mal d’aspects, WWE 2K18 se montre en revanche irréprochable lorsqu’il faut aborder son contenu. Il est toujours aussi riche, varié, souvent complémentaire, tout en faisant grossir encore plus son roster.
Décevant sur pas mal d’aspects, WWE 2K18 se montre en revanche irréprochable lorsqu’il faut aborder son contenu. Il est toujours aussi riche, varié, souvent complémentaire, tout en faisant grossir encore plus son roster. Avec un total de près de 200 catcheurs, cette cuvée 2018 est de loin la plus complète de l’histoire de la série, si bien que les développeurs ont dû opter pour une interface revue et corrigée, mais pas forcément des plus intuitives. On a affaire en effet à un menu déroulant, où nos superstars sont classées par ordre alphabétique. Seulement voilà, avec près de 200 bonhommes à faire défiler, autant vous dire que l’interface proposée n’est sans doute pas la plus pratique. Espérons que les développeurs aient conscience de toutes les erreurs mentionnées dans notre test, car il y a encore du pain sur la planche pour que l’on considère WWE 2K comme une série qui compte dans le paysage du jeu de sport virtuel.