Dans une sorte de volonté d'assumer son côté jeu ouvert, Way of the Samurai 3 s'était aventuré dans les chemins aérés mais cabossés d'un environnement bien plus étendu que chez son prédécesseur. Une percée dans le monde fabuleux de l'open world qui s'était traduit par l'inauguration d'un festival de l'aller-retour et de grands moments de solitude ludique. Un modèle qu'abandonne Way of the Samurai 4, se retranchant dans un village, composé de quelques écrans urbains et d'un petit chemin forestier dans l'esprit du deuxième épisode. Un îlot presque intimiste dans lequel toute l'histoire de la courte intermittence pré-ère Meiji se joue en modèle réduit. Tout débute par l'arrivée en ville d'un samurai en goguette, témoin du débarquement de plusieurs navires anglais et des relations complexes qui vont se mettre en place avec le gouvernement local. Le Bakufu, les troupes anglaises et les anti-occidentaux sont les trois possibilités de ralliement qui sont offertes au joueur, avec la liberté de passer de l'une à l'autre de façon très libre, au prix de quelques pirouettes et bain de sang. Chacune donne un point de vue différent des évènements et du scénario, composant un schéma narratif qui définit la forme que prendra la fin de l'aventure. Représenté par une arborescence pratique qui permet de se repérer dans ses choix, le fil scénaristique peut à tout moment être réorienté sur un coup de tête, une réflexion mal placée ou un refus. Sans atteindre le degré d'improvisation et de conséquences d'un Mass Effect ou d'un Dishonored, Way of the Samurai 4 possède cette science du retournement, laissant la porte ouverte au concept du "ça part en sucette". Notamment lorsqu'un sabre est sorti en plein discours du seigneur local ou que, histoire de changer du train-train quotidien, il vous prend l'idée de sabrer le chef des autorités. Bien évidemment, la vie sera un peu plus difficile dans certaines circonstances et des missions seront supprimées, mais le jeu délie les mains sans vraiment se prendre la tête. Un côté détaché agréable qui se ressent également dans les situations et les personnages, spectre oscillant entre le foufou gentillet et le complètement débile, limite effrayant. Il suffit de rassembler Jet Jenkins, anglais à la coiffure destroy et aux piercings affichés et Melinda, une jeune femme à la poitrine opulente astucieusement nommée Megamelons (sic) dans un cadre comme la fameuse salle de torture où les prisonniers aiment se faire fouetter pour avoir une idée du tableau. Un délire assumé d'un côté, pas forcément de celui du joueur, qui n'atteint pas encore le gameplay.Hajime !
Seule "simulation" de kenjutsu depuis Bushido Blade, la série Way of the Samurai mêle à chacun de ses épisodes une grande précision dans les techniques de maniement du sabre voire de la naginata, tout en autorisant les combattants à faire des sauts de deux mètres et à se faire projeter à des distances incroyables. Cette dernière information intégrée, les affrontements sont assez complexes, avec l'obligation de maîtriser l'esquive, qui fait son retour, et la parade, suivant les types de frappes. Les assauts par vagues sont donc les plus fréquents, avec les petits pas arrières qui permettent d'éviter un contre mordant. Des déplacements et une posture pieds parallèles précis et respectés qui injectent une nouvelle dose de l'esprit « réaliste » hérité des anciens films/séries japonais de samurais à la barbe naissante. Soucieux de respecter les mécaniques propres du combat au sabre, Way of Samurai 4 propose comme ses ancêtres plusieurs positions, notamment Judan, Chudan ou encore Gedan, les techniques variant suivant le style. Des compétences offensives à acquérir au fur et à mesure des duels, qui prennent d'ailleurs plus souvent la forme de baston de rue à 6 contre 1. Le genre de configuration où la prise en compte de la résistance de la lame peut vite renverser l'issue. D'où l'importance de passer régulièrement chez le forgeron afin de tremper son katana, voire de s'en fabriquer un avec des éléments définis. Une activité classique qui vient en soutien de quelques nouveautés, comme la construction d'une école d'apprentissage des langues, ou l'expérimentation de la salle de torture en cas de capture par les autorités. Des ajouts pas vraiment enthousiasmants, auxquels se joint en revanche une feature sympathique héritée de Demon's Souls. Une fois connecté, il est possible de recevoir de la visite aléatoire d'un NPC à l'image d'un samurai généré par un autre joueur. Si ce dernier est éliminé, libre à vous de prendre son épée, crée de toutes pièces et peut-être bien meilleure que la vôtre. Un clin d'oeil à la pratique du tusjigiri, qui serait appelé maintenant un homicide avec préméditation.Seule "simulation" de kenjutsu depuis Bushido Blade, la série Way of the Samurai mêle à chacun de ses épisodes une grande précision dans les techniques de maniement du sabre voire de la naginata..."
Une parole de connaisseurs glissée dans l'oreille d'amateurs qui aurait sans doute pu faire son chemin si seulement la différence d'efficacité entre passe d'armes maîtrisée et bourrinage intensif de techniques rapides n'était pas si faible. Un déséquilibre avant de franchir la dernière marche avec confiance qui est la définition du jeu dans son entier. Malgré sa volonté de diversité et d'ouverture, Way of the Samurai 4 reste bien trop engoncé dans des schémas vieillissants pour convaincre et s'affirmer. Chaque bonne idée est automatiquement contrecarrée par un défaut pénible et les innombrables bugs/problèmes de collisions qui surgissent avec une régularité étonnante finissent de transformer un bon feeling en énervement. Et comme tout problème conscrit dans une petite zone surpeuplée prend immédiatement des proportions conséquentes, Way of the Samurai 4 est vite submergé. Pas de quoi l'engloutir comme son prédécesseur, mais le Tenchu du jeu de samurai reste dans la lignée de ses deux premiers ancêtres, un jeu honnête, respectueux de son matériau, mais bien trop mal fini pour dépasser le statut de bouche-trou. Yame.
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