L’année dernière, PES 2011 était parvenu à réconcilier les inconditionnels de la série avec la licence qui les avait fait rêver au début du XXIe siècle. Mieux, les disciples de Seabass entrapercevaient enfin un contre-pouvoir face au mastodonte FIFA, le syndrome "Coupe de France" en quelque sorte, qui consiste à toujours défendre le "Petit Poucet" contre une équipe plus impressionnante sur le papier. Une lueur d’espoir, donc, en attendant l'arrivée de PES 2012 ? Difficile de répondre par l'affirmative, le mal étant déjà fait depuis trop longtemps, et que tout le monde était plus ou moins conscient que le seul moyen de reconquérir le cœur de la majorité serait une refonte totale du soft, ou au moins une réorientation. De manière un peu pessimiste, la seule question un peu pertinente que l'on pouvait légitimement se poser avant de passer au crible PES 2012, portait sur les innovations que Seabass et ses équipes allaient intégrer dans le jeu, afin de convaincre les derniers adeptes de ne pas passer chez l’ennemi. Une question que l'on se pose toujours, d’ailleurs.
Droit au bus
De manière très objective, difficile de voir en ce PES 2012 autre chose qu’un PES 2011 à peine remanié ; comme si les développeurs n’avaient que quelques détails à régler. Des graphismes quasiment similaires, des joueurs aux stats toujours aussi approximatives (75 pour Chicharito Hernandez, Lassana Diarra meilleur que Khedira, les défenseurs de l'Inter toujours aussi craqués...), très peu de nouvelles animations, des menus et mode de jeu inchangés (hormis la Master League dont on parle un peu plus bas), Konami se comporte comme le champion du football virtuel qu’il n’est pas. A la rigueur, on notera un bel effort en ce qui concerne les commentaires de Christophe Dugarry et Grégoire Margotton, un peu plus vivants que par le passé. C'est maigre, n'est-ce pas ? On sent que les développeurs avaient tout donné il y a deux ans pour redonner du peps à leur bébé, et que cette année ils se sont retrouvés comme deux ronds de flan à se demander ce qu'ils pourraient bien changer pour donner l'impression d'un renouveau. Changer, et non pas améliorer. Changer pour simuler la nouveauté. Changer pour pouvoir dire que PES 2012 n'a rien à voir avec son prédécesseur. Changer quoi d'ailleurs ? Des choses qui ne fonctionnaient pas trop mal dans PES 2011, comme le système de défense par exemple, ou la gestion des tactiques en cours de match. Est-ce mieux ? Est-ce pire ? Non, c'est différent. Déterminer si ces modifications sont bénéfiques ou pas au titre sera à la guise du joueur, de sa manière de jouer. De son envie de jouer surtout, de se replonger dans l'apprentissage du gameplay du titre.
On sent que les développeurs avaient tout donné il y a deux ans pour redonner du peps à leur bébé, et que cette année ils se sont retrouvés comme deux ronds de flan à se demander ce qu'ils pourraient bien changer pour donner l'impression d'un renouveau."
D’ailleurs, au sujet du gameplay, la licence de Konami a toujours suivi les tendances du moment. Il y a quelques années, les équipes vedettes étaient celles dites physiques (Chelsea, l'Inter Milan, Manchester United), qui misaient tout le physique des quelques Didier Drogba, Zlatan Ibrahimovic ou Adriano. Cette année, PES 2012 semble vouloir suivre la logique actuelle qui consiste à mettre en avant les équipes techniques et joueuses, style Barça. Du coup, il aurait été plus judicieux de retravailler en profondeur le système de jeu, notamment en ce qui concerne les phases offensives. Des dribbles plus instinctifs, plus faciles à exécuter aussi. Des partenaires qui se montreraient enfin disponibles, sur les ailes ou en soutien. Ainsi, l'arme ultime n'aurait donc plus été le gros débordement suivi du centre et du but de la tête façon équipe anglaise des années 80, mais la perforation en individuel, ou l'attaque placée. Les développeurs ont bien inclus un système d'appel (avec le stick droit), mais ce dernier se révèle particulièrement contraignant à utiliser et très peu efficace. Las. En revanche, on sent que l'accent a été mis sur le comportement des défenses. Un choix qui peut surprendre (les défenses de PES 2011 n'étaient pas à jeter), d'autant que le résultat est loin de satisfaire pleinement. Oubliez donc le pressing à deux et les tacles musclés qui anéantissaient neuf fois sur dix les actions adverses dans PES 2011. Ici, il faudra défendre debout, en reculant, et surtout, ne jamais se jeter sur l'adversaire. Faute de quoi, c'est filoche assuré. Une direction intéressante mais loin d’être payante, puisque les défenses s’avèrent ultra-fébriles, à l’image de la jeune garde d'Arsenal qui s’est fait marcher dessus par l’attaque mancunienne. On atteint le summum du ridicule sur les ballons aérien où tout le monde se trouera presque systématiquement, et sur les frappes de lointaines qui font briller le gardien de but et ses gants en peau de pêche ; le Steve Mandanda des grands soirs en sait quelque chose. Inutile de changer de tactique, ca ne bougera pas d'un iota. Pas moyen non plus de faire des tacles assassins comme c’était le cas, un moment, avec le Real Madrid de José Mourinho, l'arbitre ne laissant strictement rien passer. En effet, tous les petits coups vicieux et les coups de genou au menton qui font la beauté d'un classico seront irrémédiablement sifflés par l'homme en noir. Et donc, si l’on affronte une équipe supérieure à la sienne, le match prendra vite la tournure d'une succession de coups francs à 40m pour l'adversaire. Bref, avec ce nouveau système de défense, PES 2012 en énervera plus d'un. Certains trouveront ça au contraire plus réaliste. En mode Versus, avec deux joueurs du même niveau, pourquoi pas. Mais contre l'I.A., dans un mode de difficulté élevé, on aura juste envie de se pendre en découvrant le comportement timoré de nos joueurs, incapables de prendre le ballon proprement à l'adversaire.
Lanterne rouge
Car aujourd’hui, il y en a pour qui se faire un petit PES en solo en rentrant du boulot est un plaisir. Pas de online, juste un match "contre l'ordi", pour se vider la tête. Pour ça, la Master League est toujours présente. Enfin, façon de parler. Ici, on n’aura d'autre choix que de débuter une partie avec une équipe de quatrième zone, avec des joueurs pourris dont le maitre à jouer aura des stats culminants à 65. Des ersatz de Castolo, Minanda, Ivarov et Ximelez en pire ! Et comme il est impossible de recruter, il faudra se coltiner ces adeptes du Joga Mochito ayant l'intelligence de jeu de Fabrice Pancrate, le physique d'Eric Carrière, la vitesse de Brandao et la technique de Charles-Edouard Coridon. Daniel Riolo en a des frissons dans le dos ! Et c'est là que PES 2012 marque l'histoire de la simulation de football d'une pierre blanche : avant cette Master League, jamais un PES ne nous avait autant ennuyés. C'est mou voire plat, les défenseurs sont amorphes, le gardien de but est perclu de rhumatismes, et les attaquants sont incapables de planter autrement que sur des buts de raccroc... Soyons clairs : la Master League de PES 2012, ça endort comme devant un bon vieux Dijon-Nancy en quart de finale de Coupe de la Ligue un mercredi soir de novembre. Ceux qui ont l’habitude d’aller au-delà des deux premières saisons, auront sans doute la chance de pouvoir acheter un ou deux joueurs à plus de 80 en stats. Avis aux stakhanovistes, uniquement. Que reste-t-il alors pour quelqu'un qui ne joue pas en ligne, qui n'invite pas tous ses potes le soir pour faire un tournoi, et qui comptait sur une petit Master League pour s'occuper pendant l'hiver ? Quelques modes de jeu (Ligue des champions, Europa League, les différents championnats) et une imitation du mode "Be a pro" toujours aussi peu convaincant. Soit pas grand chose, si ce n'est rien. Dans de telles conditions, difficile pour nous de prendre la défense de PES 2012, sorte de mise à jour assez paresseuse qui marque une belle rechute dans l'histoire de la saga. Et c'est un inconditionnel (quelqu'un qui a joué à TOUS les ISS et PES depuis 1996) qui vous le dit !
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