Inutile d’instaurer un faux suspense. A force de se multiplier à la vitesse d’un plombier moustachu, Lost in Blue ne surprend plus personne, encore moins par son pitch. Pour ce premier opus sur Wii, Konami et Hudson Soft – qui s’est occupé de la programmation – reprennent la formule gagnante du naufrage en pleine mer comme prétexte à la survie en milieu hostile. Ce mausolée bâtit à même la nature revêt encore et toujours les traits d’une île déserte, dont les nombreux dangers devront être repérés dans un premier temps, pour ensuite être déjoués afin de maintenir un degré d’intégrité physique satisfaisant à ses occupants. Une nécessité s’ils ne veulent pas finir leurs jours noyés dans une rivière, écrasés au fond d’un précipice, ou dissous dans l’estomac d’un représentant de la flore locale. Un point de départ forcément intéressant et attractif quand on prend Moundir en maître à penser, mais qui commence furieusement à s’essouffler.
"Tiens ta femme !"
Lost in Blue : Shipwrecked ne partage pas que ses îles sauvages avec ses aînés, il leur reprend également toute leur structure de jeu. Une véritable leçon de game design recyclé. Affichant un réel déséquilibre entre exploration et gestion des paramètres vitaux (soif, faim et fatigue) des personnages, Lost in Blue : Shipwrecked est la preuve qu’aucune des critiques formulées n’a pas été prises en compte par Konami. Le concept de la série n’a pas pour idée de nous laisser prospérer sur un morceau de terre au milieu de l’océan, mais bien de trouver un moyen pour mettre les voiles et retourner à la civilisation. C’est dans ce but, et uniquement dans ce but, que l’on s’enfonce toujours plus profondément dans ces territoires inconnus. Le problème réside dans le fait que ces expéditions se révèlent toujours aussi fastidieuses, malgré les raccourcis que l’on débloque (en poussant un tronc d’arbre, par exemple), la faute à des estomacs insatiables et à des gosiers étanches. Aidan et Lucy, les héros de cette aventure, ne sont pas du genre à s’acclimater à un milieu pauvre en nourriture, au contraire. Plaintifs et équipés d’un appareil digestif troublant d’efficacité, ils doivent régulièrement s’alimenter sous peine de mourir de fatigue. Pour pallier à cela, il est important de faire ses nuits comme un bébé, et près d’un feu si possible. Un repos qui, comme d’habitude, creuse le ventre engendrant un faux-rythme, puisqu’il est impératif d’assouvir les besoins de nos héros. Déjà suffisamment pénible comme cela, Lost in Blue : Shipwrecked en rajoute une couche en attachant Aidan au boulet qu’est Lucy. Certes, sur ordre, son petit singe Hobo peu lui donner un coup de main en allant chercher vivres et objets dans les arbres, mais rien qui puisse véritablement compenser le poids du fardeau qu’est la jeune blondinette. Incapable de se prendre en main, elle nous oblige à la lui agripper pour l’emmener boire ou à lui ordonner de se nourrir. Techniquement, Lost in Blue : Shipwrecked se montre totalement indigne de son support. On a beau avoir l’habitude de déplorer la fainéantise des développeurs sur Wii, il faut reconnaître qu’on atteint ici des sommets dans l’irrespect ; ou les abysses de la médiocrité, c’est selon. Complètement risible, le moteur du jeu rappelle les balbutiements de la 3D dans le monde vidéoludique avec une caméra qu’on ne peut faire pivoter librement, des modélisations bancales et une animation totalement raide. Les mouvements de la version DS semblent même plus probants, c’est dire. Autant de défauts qui rendent le jeu bien moins agréable que sur la petite portable de Nintendo. La Wiimote et le Nunchuk remplacent efficacement le stylet dans les mini-jeux de constructions et de fouilles, mais ceux-ci s’avèrent bien trop anecdotiques et récurrents pour apporter une réelle plus-value. Reste que le jeu se montre toujours aussi long et complet pour ceux qui aiment prendre le temps de bricoler et de dénicher de nouvelles recettes.