Deux ans, c'est le temps qu'il aura fallu à OSome Studio pour proposer une suite au fort sympathique Les Schtroumpfs Mission Malfeuille. Si ce dernier était souvent comparé à Super Mario Sunshine ou Luigi's Mansion dans son gameplay, Les Schtroumpfs 2 Le Prisonnier de la Pierre Verte s'inspire cette fois-ci d'une autre grosse licence : Ratchet & Clank. De ses mécaniques de gameplay jusqu'à l'utilisation de portails spatio-temporels, il est évident que OSome Studio a étudié le titre d'Insomanic Games dans ses moindres détails pour tenter d'en faire une copie à la française. Le fameux Vaporisaschtroumpf du premier épisode est ici remplacé par le SchtroumpfoMix, une sorte de canon capable de tirer des projectiles, d'aspirer des ressources et surtout de nettoyer les nombreux flasques visqueuses générées par la présence de cristaux émeraude dans le monde des Schtroumpfs. Ces morceaux de cailloux verts sont le fruit de Solas, une entité née après que la Pierre Verte détenue par Gargamel ne se brise en plusieurs parties. Et c'est à vous, les Schtroumpfs qu'incombe la tâche de sauver le monde qui court à sa perte. La légèreté du scénario, c'est comme pour les jeux Mario, on n'en tiendra pas rigueur ; ni le fait d'ailleurs que nos Schtroumpfs fassent équipe avec Gargamel. Le genre de scénar' sorti tout droit d'un Shonen qui consiste à faire du grand méchant de l'arc précédent un allié et désormais un partenaire de confiance. Mais passons...
PRISONNIER D'UNE BOUCLE SURTOUT
Concernant le gameplay, Les Schtroumpfs 2 Le Prisonnier de la Pierre Verte reprend les mécaniques de jeu de Ratchet & Clank, qu'il s'agisse de l'arme principale qui nous permet de changer de projectile, ou bien encore les capacités physiques de nos Schtroumpfs, qui peuvent sauter, double-sauter, dasher vers l'avant (au sol comme dans les airs), ou bien encore faire des esquives sur le côté, il ne fait aucun doute quant aux inspirations d'OSome Studio envers le jeu des PlayStations Studios. Est-ce un mal pour autant ? Evidemment que non, surtout que les développeurs lyonnais ont soigné la jouabilité, qui répond au millimètre près, mais aussi la prise en main qui est carrée et immédiate. De toutes les façons, Les Schtroumpfs 2 Le Prisonnier de la Pierre Verte est un jeu familial, crédo de Microids qui vise avant tout le jeune public avant les gamers. Mais c'est ce qui va aussi poser problème dans le jeu, on y revient dans quelques instants... Ce qui étonne de prime abord dans le gameplay des Schtroumpfs 2 Le Prisonnier de la Pierre Verte, c'est la disponibilité d'entrée de jeu de toutes les capacités des personnages. Généralement, dans n'importe quel jeu classique, on obtient ses capacités au fil de l'aventure, histoire de donner de l'intérêt à la progression, mais OSome Studio s'est dit que ce serait cool d'avoir toutes les aptitudes dès le premier niveau. Sans doute que les développeurs ont pensé aux jeunes joueurs avant tout, ce qui n'est pas forcément une mauvaise idée en soi, mais forcément, avoir tout d'un coup, ça nuit aussi sec à l'évolution de son personnage. Bien sûr, d'autres capacités sont à améliorer au fil du jeu, via un arbre de compétences, là aussi tout se débloque facilement et rapidement, surtout si vous prenez le soin de détruire tous les cristaux qui jongent les sols et les murs, et qui vous octroient des points de bonus à échanger par la suite. En l'espace de quelques heures à peine, vous aurez tout fait augmenter, si bien qu'un sentiment de lassitude va vite pointer le bout de son nez. Malheureusement, à ce sentiment d'ennui va venir se greffer une forte impression de répétitivé.
REPEAT AFTER ME
Si la prise en main du jeu est simple, efficace et immédiate, la structure quant à elle va montrer rapidement ses limites, et nous révéler une boucle de gameplay ultra répétitive. C'est simple, du début jusqu'à la fin de l'aventure, Les Schtroumpfs 2 Le Prisonnier de la Pierre Verte ne fait que répéter cette structure assez basique : couloir à suivre (pour faire de la plateforme), zone ouverte (pour éliminer des vagues d'ennemis), dévaler des pentes en glissant sur les fesses (pour le côté un peu senstationnel) et trouver le prochain portail pour passer dans la zone suivante. Et puis c'est tout. Et ce sentiment de répétition est doublé par un bestiaire archi limité qui se résume à 5/6 ennemis différents et on n'exagère rien. Araignée, abeille, crapaud, papillon et champignon, c'est en effet l'ensemble des ennemis que vous allez croiser tout au long des 7/8h nécessaires pour boucler l'aventure. C'est court, mais le jeu n'est pas dénué de challenge cependant, avec des passages assez ardus d'ailleurs, en totale inadéquation avec la cible enfant auquel se destine le jeu. En effet, certains passages de plateforme nécessitent un certain sens du timing et une gestion du saut minitieuse que les enfants de moins de 10 ans (voire plus) ne pourront pas avoir. Certains affrontements, notamment face aux boss, demande également pas mal de sang-froid, le jeu abusant sur leur nombre et la tonne de projectiles qu'ils balancent à la fois. En tant qu'adulte, rien d'insurmontable, mais ces passages ardus popent un peu subitement, sans raison valable, ce qui prouve que la difficulté de ce Schtroumpfs 2 est mal dosée.
A l'instar du premier épisode, Les Schtroumpfs 2 Le Prisonnier de la Pierre Verte va nous faire jouer plusieurs Schtroumpfs différents, sauf que cette fois-ci, impossible de passer de l'un à l'autre comme bon nous semble, ils sont imposés par le déroulé des événements. On commence donc par Tempête avec qui on va parcourir une forêt, pour ensuite enchaîner avec le Schtroumpf Bêta qui va nous emmener dans les montagnes enneigées, continuer avec le Schtroumpf à lunettes dans le monde souterrain de la lave et terminer avec le Schtroumpf bricoleur juste pour le dernier moment du jeu, qui n'est autre que le combat final. Si le nombre de Schtroumpfs jouables reste honnête, on se demande vraiment quel est l'intérêt de nous l'imposer tant ils ne présentent quasiment aucune différence, si ce n'est leur pouvoir spécial qui varie. Tempête va décocher une flèche puissante, le Schtroumpfs Bêta va balancer des carottes appât pour détourner l'attention des ennemis, tandis que le Schtroumpfs à lunettes va lancer une bombe. C'est la seule différenciation entre chaque personnage, le reste ne bougeant pas.
VARIÉTÉ FRANÇAISE
Là où le jeu manque d'ambition, c'est dans l'absence de cumul des armes comme dans Ratchet & Clank, ou plutôt du type de projectiles. On en compte 4 au total : tir principal, boulette de miel qui permet de figer les objets et coller les ennemis au sol, le tir électro-magnétique (qui va permettre de déplacer des objets, ou d'attirer les ennemis entre eux) et enfin la boule rebondissante qui créé une déflagration si elle rentre en contact avec une fleur spéciale. On aurait aimé les avoir en stock, mais dans le jeu, il faut récolter les ressources à chaque fois pour les obtenir, car le jeu n'autorise que de porter deux projectiles en même temps. Rien de grave, car le jeu n'est jamais avare en ressources (ni en coeurs pour revigorer sa santé), car l'esprit "jeu pour enfant" reste le leitmotiv du titre. Ces derniers passeront d'ailleurs un bon moment, car il n'ont pas le recul nécessaire pour comprendre les soucis de game design et de level design, d'autant que Les Schtroumpfs 2 séduit aussi par ses graphismes chatoyants. C'est coloré, c'est cartoon et c'est dans l'ensemble maîtrisé, bien que techniquement, on est loin des standards actuels, mais pour ça, il faut abandonner à l'esprit que la Nintendo Switch soit la plateforme lead de production. Mais ça, c'est encore un autre débat...