Si tout le monde adule le désormais mythique GTA : Vice City, c'est bel et bien Scarface le daron du milieu. Source d'inspiration intarissable pour le titre de Rockstar Games et tous ses lèche-culs, le film culte de Brian De Palma réclame à son tour sa part du gâteau. Scarface : The World is Yours reprend là où le film se termine, avec une petite touche personnelle qui permet à Tony de ne pas se faire buter froidement dans le dos par un sbire de Sosa. La vie sauve donc pour notre réfugié cubain, mais tout un empire à rebâtir. Cela passe d'abord par la reconquête de sa propre villa, placée sous le controle de la police depuis la fusillade. Avec l'aide de Gaspar Gomez, Tony va devoir dans un premier temps arroser les ripoux pour qu'ils lui cèdent son bien. Une mise en bouche qui met le doigt sur l'un des moteurs du jeu : la thune.
Forgive me mama
Ici, avoir les poches blindées de biftons est dix fois plus efficace qu'un gilet pare-balles. Confiné aux petits deals de bouffon quand il débarque à Little Havana, Tony doit convaincre divers patrons de lui vendre leur établissement pour qu'il puisse en faire des façades. Il pourra ainsi négocier des kilos de blanche, alimenter son réseau, et faire grimper son compte en banque. En plus du trafic de drogue, on peut aussi faire danser les gangs de quartier, et remplir les missions plus ou moins foireuses de Felix pour se faire du fric. Avec tout cet argent sale dans les mains, mieux vaut connaître dans son entourage un banquier capable de le blanchir. On le sait, les banques ont les dents assez longues, et il va falloir tchatcher sec encore une fois pour éviter de se faire entuber avec leur taux de merde. Le principe est simple et original : un cercle divisé en plusieurs zones s'affiche à l'écran; lorsque l'on appuie sur O, une jauge rouge apparaît et reste active tant que l'on a le doigt dessus. Il faut alors relâcher le bouton dans la zone la plus avantageuse pour endormir son monde. Ce système est omniprésent dans les négociations, même avec les flics que l'on peut baratiner si on ne veut pas se faire confisquer la coke et l'argent sale que l'on a sur soi.
Oyé sapapayaaa !!!
Le sexe, la corruption, l'argent, les poucav', les coups de Trafalgar, voilà le quotidien de Montana qu'a essayé de retranscrire Radical Entertainment, avec un style Miami Vice assez bien foutu. Normal, on est en Floride. Des dealers à chaque coin de rue, des meufs qui se déhanchent les fesses pour aguicher, des inconnus qui racontent leur vie privée au premier venu, voici le rêve américain dans toute sa splendeur ! Des lieux mythiques du films tels que le Babylon Club, sont aussi de la partie. Le clipping, les ralentissements de boucher et les bugs de collision d'école brisent les yeux, c'est vrai, mais la gestuelle de Tony est tout bonnement admirable. Sans parler de son verbe et ses répliques au débit cassé toujours aussi fracassants. On aurait juste aimé un travail plus profond sur ses expressions faciales. Dans Scarface : The World is Yours, la tenue correcte exigée est composée d'une paire de schlaps, un pince, une chemise, une veste et un flingue. Tiens, en parlant de flingues, les gunfights représentent sans doute la faiblesse la plus notable du jeu. On ne remet pas en cause l'aspect bourrin des affrontements, mais on déplore uniquement le manque de souplesse dans la visée. En effet, il n'est pas possible, en mode lock, de passer d'un adversaire à un autre en un coup de stick. On est obligé de relâcher L1 pour en cibler un autre. D'un autre coté, Scarface : The World is Yours a mis l'accent sur le démembrement et les différentes parties du corps des ennemis que l'on peut viser, histoire de faire monter la jauge de rage. Une fois remplie et activée, Tony devient une grosse brute indestructible avec des coups de fusil plus puissants, et une barre de vie bonifiée à chaque ennemi abattu. Les missions en bagnole sont plutôt bien orchestrées, avec du business à livrer à droite à gauche, et des traîtres à neutraliser. Finalement, le trip réside avant tout dans la crainte que l'on doit inspirer, et le léchage de botte que l'on doit exiger. Via le bouton L2, on accède à un menu où l'on peut non seulement gérer l'extension de son empire et les opérations en cours, mais aussi investir dans des biens exotiques qui feront monter la cote du personnage auprès des malfrats.
Avec Scarface : The World is Yours, on s'attendait à tout sauf à ça ! Assez risible à l'E3 dernier et aux différentes présentations, le titre de Radical Entertainment arrive finalement à tirer son épingle du jeu, grâce à une ambiance proche du film de Brian De Palma. Pas étonnant que le jeu devrait trouver son public, celui qui considère le film comme une oeuvre culte, à juste titre d'ailleurs. Quant aux autres, ils découvrivront un jeu d'action sympathique, quoique assez cru et violent, doté d'innombrables lacunes techniques. Mais en toute franchise, on s'attendait vraiment à pire.