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Test également disponible sur : PS3

Test Demon's Souls

Test Demon's Souls
La Note
16 20

Ode à la noirceur, à la décrépitude et au désespoir, Demon's Souls parvient à placer ces sentiments, concepts et émotions jusque dans ses rouages. Particulièrement difficile et ne faisant aucune concession, le RPG de From Software fonctionne à la frustration. C'est au gré de ses échecs que le joueur progresse, l'évolution de son personnage fonctionnant de pair avec une quasi obligation de mémoriser les niveaux pour espérer les traverser. Une approche old school au sein d'un jeu bourrée d'idées nouvelles qui crée un ensemble à la fois fascinant, intelligent et repoussant. Sans pitié, jusque dans son ambiance glauque et sa jouabilité mal équilibrée, Demon's Souls se ferme au public mais devient une sorte d'icône pour joueurs en manque de challenge. Si pour vous le jeu vidéo est synonyme d'une soirée au fond d'un canapé ou de la découverte émerveillée d'un univers fantastique, ne rentrez pas dans Boletaria. Le roi de cette province est la performance.


Les plus
  • Une atmosphère très angoissante
  • Une expérience unique
  • La perfidie du level design
  • La notion de solidarité à double tranchant
  • Un concept de base riche et solide
  • Un mode en ligne très bien pensé
  • Une direction artistique soignée
  • Le risque du Black Phantom
Les moins
  • Le gameplay assez lourd et imprécis
  • Une gestion des collisions laxiste
  • L'éditeur de personnages horrible
  • Pas mal de bugs
  • Le manque de surprise en refaisant un niveau
  • Musicalement pauvre
  • Scénario assez convenu


Le Test

Reprenant à son compte la malédiction qui s'étend dans les lignes de son scénario, Demon's Souls avait plutôt mal commencé sa carrière au Japon, tout du moins au niveau critique. Malgré des ventes assez consistantes, le jeu semblait en difficulté au moment de arrivée aux Etats-Unis huit longs mois plus tard. Et pourtant, par le bouche-à-oreille, avec les premiers avis extrêmement positifs de la presse et des sites spécialisés, le titre de From Software s'est rapidement très bien vendu. A tel point qu'une sortie européenne quasi improbable est revenue dans l'actualité pour trouver sa finalité très récemment. Que possède donc ce jeu pour être parvenu à créer un buzz ? La part démoniaque en lui doit y être pour quelque chose.


Sombre et désespéré, Demon's Souls ne ménage pas le joueur et pose directement son ambiance avec fracas. Dès la scène d'introduction, le jeu de From Software définit sa place et assène une ribambelle d'événements horribles. Soumis à un nuage ténébreux provoqué par l'imprudence du roi Allant XII, le Royaume de Boletaria se voit totalement coupé du monde. Un état que tentent de régler les plus grands guerriers en envoyant des groupes de héros dans ces territoires obscurs. Si nombre d'entre eux disparurent purement et simplement, un seul parvint quand même à s'extirper du brouillard pour narrer au monde ce qu'il avait vu à l'intérieur du royaume. Le Roi Allant XII n'avait pas seulement isolé son pays mais réveillé par la même occasion l'Ancien. Ce démon légendaire habitant le Nexus libéra alors des nuées de créatures, dont le seul but était de se nourrir des âmes des êtres humains. Une fois sans esprit, ces derniers devenaient soit violents, soit amorphes, détruisant par eux-mêmes leurs anciennes contrées. Le chaos se répandit alors dans le royaume entier sans que personne ne parvienne à stopper son avancée. C'est pour cela que de nombreux chevaliers et guerriers tentèrent de percer une brèche dans le brouillard, afin de libérer Boletaria. Une mission suicide qui devient la votre et qui se solde dès les premières minutes par votre mort pure et simple. Une fois dans le monde des morts, le Nexus, vous recevez la mission de collecter suffisamment d'âmes de démons pour acquérir le pouvoir nécessaire à la destruction de l'Ancien. Pas follement inventif donc, le scénario n'est qu'une sympathique toile de fond qui justifie l'ambiance glauque et dérangeante dans laquelle vous allez évoluer, et souffrir, durant de nombreuses heures.

Demon Saoule

Dès son entrée en matière, Demon's Souls est détestable. Car après avoir passé de longues, très longues minutes dans l'éditeur de personnages, il devient évident qu'il est quasiment impossible d'en obtenir un qui dispose d'un minimum de classe. Et ce, malgré l'éventail des possibilités de "construction" présentes. Résolu à diriger un être étrange dans son aventure, le joueur doit ensuite choisir une classe sans réels indices sur l'utilité de chacune, avec comme seule aide des statistiques dont l'impact demeure obscur. Pas vraiment sûr de lui après cette progression à l'aveugle, l'aventurier lambda achève cette découverte de la vie en terrain hostile par un game over sauvage. Simple avertissement, cette mise en bouche acide semble a priori donner une vision extrême de ce qui peut advenir à un novice. C'est faux. Elle démontre justement ce que va être le quotidien pendant la majeure partie de l'aventure. Grand amateur de la mort "one shot", Demon's Souls est en quelque sorte un Vagrant Story poussé à l'extrême. Un jeu qui vous montre ses bases, quelques mouvements de survie et qui vous lâche dans un monde complexe, aux rouages très précis et particulièrement mystérieux. C'est l'inconnu, l'incompréhension qui va servir de moteur à l'apprentissage, et le plus souvent aux dépens du joueur. A l'image des vieux Ghost'n Goblins ou des Contra, les ennemis conservent un placement et des patterns similaires au sein d'une même partie, ce qui donne un rôle important à la mémoire. RPG oblige, les manipulations de statistiques aident à contourner dans une certaine limite cette grande difficulté.

Grand amateur de la mort "one shot", Demon's Souls est en quelque sorte un Vagrant Story poussé à l'extrême. Un jeu qui vous montre ses bases, quelques mouvements de survie et qui vous lâche dans un monde complexe, aux rouages très précis et particulièrement mystérieux."

Des limitations due en partie à un level design redoutable, où des pièges sont disposées avec une rare perfidie et qui ne laissent parfois aucune chance de survie. La seule alternative à cet élément de gameplay sur lequel vous n'avez aucune prise est la possibilité de laisser des messages d'aide au sol, grâce à la connexion permanente au PlayStation Network. Lors de chacune des sessions de jeu, il est possible de voir des ombres fantomatiques effectuer des actions ou simplement courir aux alentours. Ces dernières sont en fait l'apparition courte et soudaine d'autres joueurs dans votre espace. L'intérêt est alors d'essayer d'interagir avec ces nombreux aventuriers en inscrivant une des nombreuses phrases prédéfinies ou à compléter sur le sol. Principe intelligent, le partage des connaissances est un élément essentiel de Demon's Souls, surtout face à des ennemis très souvent cachés au détour d'un couloir et pouvant vous tuer en deux coups bien placés. Très bonne étude sociologique, le jeu de From Software démontre également que la nature humaine placée dans une atmosphère propice à la trahison ne s'en prive pas. Preuve en est les dizaines de faux messages qui vous conduisent droit dans un précipice ou dans les griffes de créatures puissantes. Le doute s'ajoute donc à la tension pour créer un sentiment d'insécurité original qui provoque un sursaut d'attention et une immersion totale. Mais là où d'autres titres se seraient arrêtés de peur de perdre définitivement le joueur, Demon's Souls continue.

La mort n'est qu'un début

Laissé à l'état de fantôme dans le Nexus, le joueur est rapidement poussé à retrouver son âme. Une entreprise qui trouvera son aboutissement avec la mort du premier boss et qui offre d'un coup un personnage vivant, avec une barre de vie conséquente et une sorte de sécurité ludique grisante. Une confiance qui fonctionne jusqu'à une erreur d'inattention fatale, et renvoie directement le personnage au Nexus avec seulement 50 % de la jauge de vie restante (ou 70 % avec un anneau spécial). D'autant qu'un échec en plein niveau - c'est à dire avant d'avoir vaincu un boss - vous replace au tout début de la zone, et oblige donc à la retraverser. Pire, si vous êtes sous la forme de fantôme et que vous mourrez, vous perdez l'ensemble de vos âmes collectées. Une situation qui oblige à retrouver l'endroit de son décès afin de récupérer son esprit et l'ensemble desdites âmes. Et si la mort vient vous emporter une nouvelle fois sur le trajet, tout est perdu, point. La seule petite concession du jeu reste alors la conservation des objets que vous avez acquis. Une progression par l'erreur constante qui s'avère aussi frustrante et décourageante que motivante et prenante. Un changement de point de vue qui dépend de la compréhension des rouages du jeu, et plus simplement de l'acceptation d'un système très archaïque. Car une fois que l'on a compris que la forme spectrale est paradoxalement plus puissante malgré son défaut de résistance, et qu'il est préférable d'avancer à tâtons, le titre devient un tantinet plus vivable. Un ensemble de renversements des valeurs  - avec un game over presque digne d'intérêt - à la fois surprenant et probant qui s'accompagne de deux principes très bien vus : le Blue Phantom et le Black Phantom.

Très bonne étude sociologique, le jeu de From Software démontre également que la nature humaine placée dans une atmosphère propice à la trahison ne s'en prive pas. Preuve en est les dizaines de faux messages qui vous conduisent droit dans un précipice ou dans les griffes de créatures puissantes."

En effet, une fois sous forme humaine - ou Body Form -, le joueur peut invoquer d'autres participants en tant que Blue Phantom s'ils ont au préalable déposé une Blue Eye Stone au sol. Pour ce faire, il faut obligatoirement être un fantôme et bien penser à laisser cette gemme dans un endroit visible, de préférence en tout début de niveau ou avant un boss retors, ce qui est un pléonasme dans Demon's Souls. Une fois disposée sur le sol, cette demande d'invocation sera visible par les joueurs en Body Form qui auront donc le choix de répondre favorablement ou non à cette requête. Un principe gagnant-gagnant qui permet d'une part au joueur humain d'avoir une aide substantielle dans sa traversée de donjon, et d'autre part de redonner son corps à un joueur spectral une fois le boss vaincu. Néanmoins, les intervenants invoqués devront refaire le niveau entièrement pour le valider. Un petit croche-pied supplémentaire de Demon's Souls qui prouve bien que la finalité du concept du jeu est bien de réussir par soi-même, malgré une grande part de solidarité. Mais sous cet aspect de camaraderie déjà pas forcément très franche, réside un côté très sombre.

Iron Black Maiden

Votre partie peut à tout moment être envahie par un Black Phantom, qui aura votre décès comme principal but. Assez tardivement dans le jeu, il est en effet la possible de prendre la forme d'un tel spectre, à condition d'être en Soul Form à la base, et d'être téléporté aléatoirement dans la partie d'un aventurier qui va rapidement se rendre compte que quelque chose ne va pas. Récupérant son corps s'il tue un joueur en Body Form, le fantôme noir peut également se faire humilier s'il n'est pas de taille à éliminer l'hôte. Une idée géniale qui rajoute encore une couche de tension, et qui fait de Demon's Souls une vraie plongée dans un monde hostile où l'on ne se sent jamais à l'abri. Une insécurité due également à un gameplay qui agit contre le joueur, mais pas à dessein. Bardée d'imprécisions et très peu évolutif, le système de combat demande un immense effort avant d'être non pas maîtrisé, mais simplement "débuggé" par le joueur lui-même. Entre la gestion des collisions assez problématique, la difficulté de frapper juste sans avoir locké un ennemi au préalable, les affrontements sont très rapidement pénibles lorsque plusieurs créatures s'en prennent à vous simultanément. Le temps et l'apprentissage améliorent bien évidemment l'expérience, mais c'est un effort de plus dans un ensemble déjà très tributaire de l'acceptation du joueur. C'est en ce sens que Demon's Souls ne peut être conseillé que très difficilement. Le jeu de From Software, malgré ses qualités profondes, ses idées de game design fameuses et son ambiance unique, est un jeu totalement fermé. Il est une sorte de trip pour des joueurs désireux d'une autosatisfaction face à une difficulté estampillée hardcore gamer,  dans un environnement actuel un peu dénué de challenge. Dans ce cadre, Demon's Souls est extrêmement addictif, remplaçant le scoring par la progression. Si en revanche, vous recherchez du divertissement, le Nexus vous sera à jamais définitivement inaccessible. Demon's Souls n'est pas amusant. C'est une véritable épreuve.







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Demon's Souls

Jeu : Action/RPG
Editeur : Atlus
Développeur : From Software
25 Juin 2010

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