Depuis la Dreamcast et la licence Sonic Adventure, SEGA a multiplié les tentatives avec sa mascotte, devenue quasiment l’ombre d’elle-même si on fait le bilan de son existence. Cela fait en effet plus de 15 ans que notre hérisson bleu fait le yo-yo entre les productions correctes et les épisodes ratés. Une sorte de malédiction que les fans traduisent par une trahison de la part de SEGA, qui a décidé un beau matin de juillet 2015 qu’il était temps de regagner la confiance de ses joueurs les plus fidèles. Cette envie de reconquête, de faire les choses bien et de produire des jeux de qualité peut parfaitement se matérialiser par ce Sonic Mania, qui repose sur une formule toute simple : reprendre ce qui existe déjà et le remettre au goût du jour. L’idée pour Christian Whitehead était donc de faire usage de la nostalgie que les joueurs peuvent avoir envers la licence Sonic, qui ne s’est jamais mieux portée que lorsqu’elle s’habille de ses vieux pixels et de son gameplay d’antan. Green Hill, Chemical Plant, Hydrocity, Oil Ocean, des stages emblématiques que l’on retrouve certes avec plaisir, mais qui nous ont tout de même assez déstabilisés au premier abord.
LES VIEUX POTS, TOUT ÇA…
La ressemblance avec le jeu original est tellement frappante qu’on a eu presque le sentiment de rejouer à l’épisode de 1991. Mais Christian Whitehead ne s’en cache pas, Sonic Mania a été bâti de façon à faire plaisir aux fans premier de la série, et il était donc important de retrouver le même univers. Pour notre homme, il était primordial que les sensations de l’ère 16-bit soient à nouveau au rendez-vous, quitte à ne pas attirer un nouveau public, puisque Sonic Forces sera là pour s’en charger. Why not. Mais tout de même, on aurait aimé des efforts supplémentaires de sa part et des studios indépendants Headcannon et PagodaWest qui l’ont épaulé dans ce projet. Par exemple, pourquoi ne pas avoir misé sur une refonte totale des graphismes en redessinant sprites et décors, sans pour autant dénaturer le gameplay de l’époque ? Quand on voit ce que DotEmu et Lizardcube sont parvenus à faire avec Wonder Boy en avril dernier, SEGA peut difficilement se cacher derrière de fausses excuses. On note toutefois quelques ajouts qui feront plaisir aux fans, comme de nouvelles attitudes et autres mimiques de la part de Sonic, Tails et Knuckles.
Par exemple, pourquoi ne pas avoir misé sur une refonte totale des graphismes en redessinant sprites et décors, sans pour autant dénaturer le gameplay de l’époque ? Quand on voit ce que DotEmu et Lizardcube sont parvenus à faire avec Wonder Boy en avril dernier, SEGA peut difficilement se cacher derrière de fausses excuses.
Passons cette frustration et focalisons-nous sur le contenu de ce Sonic Mania, qui possède cependant d’autres arguments pour nous séduire. Car même si le jeu multiplie les références à l’épisode Megadrive, jusqu’à reprendre les mêmes stages, il n’hésite pas non plus à apporter sa touche personnelle. Très rapidement, on détecte les variations dans le tracé original, les obstacles inattendus, les nouveaux mécanismes de gameplay, jusqu’à l’apparition d’un boss dès le premier niveau, ce qui n’était évidemment pas le cas en 1991. Les développeurs n’ont d’ailleurs pas lésiné sur ces ennemis de fin de niveau, quitte à en mettre partout. Sonic Mania est en effet construit de 2 actes comprenant Big Boss et Mid-Boss et qui s’enchaînent sans aucune transition, histoire de changer un peu la routine. Au total, le jeu comporte 12 zones, dont 8 sont issus de l’épisode Megadrive et de Sonic CD, chacun proposant ses tracés différents selon le personnage (Sonic, Tails, Knuckles) qu’on aura choisi. Il y a donc seulement 4 niveaux totalement inédits tels que Studiopolis ou Press Garden. Malgré cela, sachez qu’en matière de durée de vie, il y a de quoi faire, surtout si vous souhaitez découvrir tous les bonus cachés, ce qui ne vous arrivera pas au premier run bien entendu.
PRODUIT ARTISANAL CERTIFIÉ
Puisque le leitmotiv était de ne surtout pas dénaturer le produit d’origine, on retrouve dans Sonic Mania tous les ingrédients de ce gameplay bien connu de tous, avec ses chouettes qualités mais aussi ces défauts assommants. Les sauts hasardeux de Sonic, les collisions douteuses, l’inertie de certains de ses mouvements, l’absence de lisibilité de l’action quand la vitesse s’enchaîne, tout ce qu’on détestait dans les premiers Sonic refont surface en 2017. C’est le prix à payer et les puristes (ayatollah ?) de la série n’auront que faire de ses reproches, préférant sans doute apprendre leurs gammes par cœur pour réaliser les meilleures performances et autres speedruns. N’empêche, sous ses airs de gros foutoirs, Sonic Mania reste un bel exemple en matière de level design. Rien n’a été laissé au hasard et la replay-value est véritablement au cœur du jeu. Entre les différents embranchements dans le tracé, les passages cachés, les émeraudes à dénicher et les stages bonus à s’enquiller, Sonic Mania déroule sa partition sans véritable accroc. A ce propos, en matière de bande-son, Christian Whitehead a aussi respecté le cahier des charges en reprenant les musiques originales, tout en y intégrant quelques sonorités plus modernes. Une sorte de remix rétro-moderne qui s’écoute d’ailleurs sur YouTube.