C’est le regard trouble, les oreilles bourdonnantes et l’air complètement groggy que le sergent Matt Baker reprend ses esprits. Secoué par l’un de ses hommes, il reprend aussitôt son fusil en main et regagne sa position. Les soldats allemands situés sur le versant est de la colline 30 progressent de manière effroyable grâce à un feu nourri et à l’appui de blindés qui sonneront le glas de ce qui reste de la 101ème aéroportée. Une fois de plus, le sergent Baker s’écroule au sol et ne peut qu'assister impuissant à la mort de ses camarades de guerre. L’écran ne noircit par un effet de fondu pour laisser place au générique d’ouverture du jeu griffé Ubisoft et Gearbox Software. En l’espace de 5 minutes, les développeurs ont réussi le tour de force d’imposer une ambiance particulière à leur soft.
Based on a true story
Car on le sait depuis le début de sa mise en chantier, Brothers in Arms se veut être un FPS résolument différent des autres productions du genre. Pour ce faire, les développeurs ont eu recours à diverses techniques. Dans un premier temps, ils se sont payés les services de John Attal, ancien colonel de l’armée américaine et aujourd’hui à la retraite. La Seconde Guerre Mondiale, il en connaît un rayon et qui mieux qu’un homme de son grade pouvait aiguiller les concepteurs dans leur projet ? Afin de renforcer le sentiment de réalisme, Gearbox Software a décidé de reconstituer les huit jours qui ont suivi le Jour J d’une escouade de parachutistes, envoyés sur le front pour mater l’armée nazie. Loin de la série des Medal of Honor avec laquelle il partage pourtant bien des points communs, Brothers in Arms propose en effet de suivre le parcours de la 101ème aéroportée. Huit jours qui ont changé la face de l’Histoire à tout jamais ! Le point culminant de cette épopée étant la bataille décisive de "Hill 30" qui sert de préambule au jeu et qui fera basculer le destin des Alliés.
On ne gagne pas une guerre tout seul
Dans la peau du Sergent Baker, vous allez devoir arpenter les campagnes normandes occupées par les Nazis, à la tête de votre équipe qu’il va falloir diriger d’une main de fer, par l’intermédiaire de commandes, un peu à la manière de Rainbow Six. Vous disposez de cinq ordres différents qui vous permettront d’appréhender toutes les situations délicates et débusquer ainsi n’importe quel soldat allemand, qu’il soit caché derrière un arbre ou en position de combat aux commandes d'une mitrailleuse lourde par exemple. Ces ordres, un peu délicats à maîtriser de prime abord, se révèleront être assez intuitifs dès lors que vous aurez passé le tutorial, concis mais efficace. Grâce à l’addition de plusieurs touches, il est possible de demander à vos co-équipiers de lancer un assaut, garder une position, concentrer leurs tirs sur une cible précise, vous couvrir ou bien tout simplement se déplacer. Qu’ils vous collent les baskets ou qu’ils soient à l’autre bout du champ de bataille, ils réagiront à vos ordres au doigt et à l’œil. Seule ombre au tableau, il arrive souvent qu’ils se perdent dans les environs, ne choisissant pas systématiquement le chemin le plus court pour venir vous épauler, ce qui peut être assez gênant durant un affrontement délicat. Mais avant de lancer une quelconque offensive, il est préférable d’accéder au plan de la zone de combat, accessible en appuyant sur le bouton "Select". Le jeu passera alors dans une vue aérienne et permettra ainsi d’avoir un plan d’ensemble sur la position des ennemis, repérables à l’aide d’une icône rouge. Cela rend-il le jeu plus facile ? Oui et non en fait. Car même si vous connaissez l’emplacement des opposants, cela ne signifie en rien qu’ils seront plus faciles à déloger.
Chose devenue rare dans les FPS actuels, l’intelligence artificielle de Brothers in Arms se montre assez convaincante. Sans non plus atteindre des sommets, elle permet aux soldats allemands de réagir en fonction de vos déplacements et n’hésiteront pas à rebrousser chemin pour aller trouver une nouvelle planque, à l’abri de vos tirs. Les moins patients joueront certainement la carte du rentre-dedans, efficace au début du jeu mais rapidement inutile lorsqu’on s’enfoncera dans la campagne normande. Toutefois et c’est bien là l’un des gros points faibles du jeu, ce côté tactique bien pensé, se limite à laisser ses hommes attaquer sur le front pour ensuite contourner, surprendre et éliminer l’ennemi de manière systématique. Une technique qui marche quasiment à tous les coups, provoquant une certaine répétitivité dans les actions. Puisque nous sommes dans la partie des points faibles du jeu, signalons également une absence cruelles de scènes spectaculaire qui auraient pu marquer de manière indélébile les esprits.
Héros d’un jour, héros toujours
Le parti pris de proposer un jeu qui tire ses inspirations de faits réels permet au joueur de s’attacher à la personnalité des soldats de la compagnie. Brothers in Arms s’articule autour d’un groupe de soldats, unis aussi bien sur le terrain que dans la vie finalement. Les développeurs ont réussi à créer une osmose entre les différents personnages et le doublage français de qualité apporte encore plus de crédit à cette union amicale. De plus, sa mise en scène remarquable permet de s’imprégner de l’ambiance du titre, appuyée elle-même par la présence d’un très bel effet de flou sur l’image qui donne au jeu un cachet unique. Si, de manière générale, la plupart des textures manquent de finesse, l’ensemble graphique reste de bonne facture et le level-design se montre relativement bien conçu pour apprécier le jeu à sa juste valeur. En contre partie, il faudra se contenter de décors qui se déroulent en grande partie dans la campagne normande et donc en extérieur.