Les anciens ont de beaux restes et entendent le démontrer. Le phénomène est flagrant sur la scène musicale. Quelles que soient les raisons de leur motivation retrouvée (gros chèque ; désir d’humilier la jeune génération ; maturité suffisante pour passer l’éponge sur des histoires de vol de groupies entre membres d’une même formation), nombreux sont les groupes-phares des années 80 et 90 à reprendre du service après des années de silence. Des Pixies à NTM, de Jesus Lizard à Faith No More, les quadras et parfois quinquas ont, à quelques exceptions près, plus de leçons à donner qu’à recevoir.
From dust 'til dawn
Si Bach et Rage Against The Machine ne se démodent pas, les vieux jeux vidéo, eux, souffrent davantage des aléas du temps. Space Invaders et Pong sont certes des légendes, mais mieux vaut ne pas les approcher de trop près aujourd’hui au risque de connaître une vilaine désillusion. Il en va de même pour les titres un peu moins antiques, tel, au hasard, Another World. Les créateurs de ces merveilles ont eux aussi vieilli, mais là encore, certains entendent prouver qu’à l’heure du "bac à sable" ou du FPS-couloir en HD, ils n’ont rien perdu de leur inventivité. Après 13 années d’un silence presque total, Eric Chahi, membre d’une génération de bricoleurs géniaux et grand nom de la "french touch", revient ainsi aux affaires et tente de réunir deux mondes, deux époques. Dématérialisée et haute en couleurs, sa nouvelle œuvre met au goût du jour le gameplay vingtenaire d’une autre légende des 90’s : Populous. A l’image de la licence de feu-Bullfrog, From Dust vous invite à voir les choses en grand et fait de vous un être (relativement) omnipotent, omniprésent et omniscient. En deux mots : un dieu. Idole de tribus qui tentent de se sédentariser dans des environnements hostiles, vous disposez de pouvoirs qui vous permettent de remodeler l’environnement et de protéger ainsi vos paroissiens. Remodeler, mais pas maîtriser : la nature est indomptable et capricieuse, et il vous faut comprendre et exploiter les manifestations de sa colère pour assurer la pérennité des fragiles villages.
La planète sauvage
Vous n’avez aucun contrôle direct sur les tribus. Tout juste pouvez-vous leur ordonner de rallier un point remarquable, notamment un totem (autour duquel s’édifie un village) ou une relique. Le recueil d’un artefact enrichit une base de connaissances et vous octroie parfois de nouveaux pouvoirs. Tout divin que vous êtes, vos compétences de base sont en effet limitées : vous pouvez juste vous emparer de certains éléments du décor et les placer ailleurs. A quoi bon prendre de la lave pour la faire couler plus loin ? Pour sauver vos pauvres hères. Dans From Dust, les catastrophes naturelles sont innombrables et menacent en permanence leurs petites existences. Tsunamis, éruptions volcaniques, inondations, incendies, Dame Nature use à une cadence infernale de ses armes dévastatrices. Heureusement, celles-ci ne demandent qu’à être détournées de leur usage destructeur. En refroidissant, le magma se solidifie et forme des barrières naturelles efficaces contre certains phénomènes. Lorsqu’un village est menacé par une crue, quelques prélèvements effectués dans un volcan et relocalisés intelligemment pourront ainsi constitués une digue des plus efficaces. Si c’est le feu qui guette les bicoques, vous creuserez le terrain, disposerez de l’eau dans les ravines nouvellement formées et créerez ainsi des douves naturelles. Autre solution : une fois déracinés et repositionnés, les très exotiques arbres à eau déverseront leur contenu à l’approche des flammes. En sus de ce surpuissant « pick and drop » géologique, chacun des 4 totems de chaque niveau vous octroiera donc une compétence de luxe. Figer toute l’eau présente sur la carte durant quelques secondes, arrêter les incendies, ces bonheurs sont de courte durée mais d’une grande utilité et assureront votre survie dans un titre pas toujours très simple.
From Dust est un rêve mystique de géomorphologue. Les fleuves y naissent et y meurent en quelques secondes, les terres dévastées refleurissent, et vous façonnez le monde presque comme bon vous semble."
