THERE AND BACK AGAIN
Vous allez en effet contrôler trois protagonistes différents à tour de rôle suivant le chapitre du jeu, comme ce fut déjà le cas dans la série,. Chacun apportera un éclairage supplémentaire vis-à-vis de ce qui se trame vraiment sur le mont Hikami, dont vous allez déterrer les secrets au fur et à mesure que vous poussez un peu plus loin votre exploration des lieux. Le jeu vous demandera en effet de revenir plusieurs fois aux mêmes endroits, à des moments différents pour faire avancer le pitch et débloquer l'accès à un nouveau secteur. Une forme de répétitivité qui ne plaira pas forcément à tous les joueurs, mais qui a le mérite de renforcer l'unité de lieu et de temps, malgré les retours récurrents au café dans lequel travaille Yuuri entre les expéditions. Fort de ce rythme lent, ce nouveau volet garantit une très bonne durée de vie, ne serait-ce que pour aller au bout de l'aventure, sans forcément parler de scoring et de rejouabilité. Mais honnêtement, les allers-retours incessants, y compris à l'intérieur des niveaux, ne sont pas le principal problème dont pâtit ce cinquième opus principal de Project Zero.
HIKAMIQUETTES
La série désormais gérée conjointement par Nintendo et Tecmo n'a en effet pas évolué de la même manière que d'autres licences d'horreur célèbres. Elle n'a par exemple pas suivi le virage de Resident Evil vers l'action. Non, Project Zero, c'est de l'horreur pur jus, une ambiance très inspirée du cinéma de genre japonais, The Ring en tête, avec un soin tout particulier apporté aux éclairages et au sound design, qui permettent de maintenir constamment la tension sans avoir recours trop régulièrement à la facilité du jump scare. Des sentiers forestiers sombres et d'une glauquitude folle, des bâtisses traditionnelles labyrinthiques et lugubres, des grottes qui suintent l'humidité et le malaise : voilà ce qui vous attend dans ce titre à l'ambiance réussie, qui réussira sans problème à vous coller les miquettes (bien plus d'ailleurs qu'à nos héros, étonnament impassibles devant des évènements qui auraient fait cavaler Fox Mulder himself).
LA DOULEUR FANTÔME
Cependant, le fait que la série ne se soit pas ouverte à des genres différents implique également un immobilisme technique beaucoup plus problématique. Les textures crasseuses, les chutes de framerate au-delà de deux persos à l'écran, le manque de renouvellement dans les décors, les visages inexpressifs : ầ la limite, passe encore. Surtout que l'ambiance pesante peut facilement nous faire oublier les soucis cosmétiques. Et puis bon, développer sur Wii U, on sait que c'est pas tous les jours faciles… Cependant, difficile de faire l'impasse sur la rigidité cadavériques des déplacements, sur la caméra apathique (même quand elle est poussée au max de sa sensibilité) et surtout sur le caractère brouillon des combats avec l'appareil photo, dont l'objectif se situe désormais sur votre GamePad. Un choix aussi bancal qu'intéressant.
L'idée d'utiliser le GamePad et son gyroscope n'est pas foncièrement mauvaise. Mais cumulée à la maniabilité fâcheuse du jeu, elle engendre des combats particulièrement désastreux
Comme dans les précédents épisodes, les héros conjurent donc les esprits auxquels ils font face à l'aide d'une Camera Obscura, un appareil photo mystique que vous pourrez customiser dans une certaine limite durant le jeu. Celle-ci servira aussi à résoudre de petites énigmes, à activer des mécanismes et à déverrouiller des portes, en reproduisant par exemple une photo dans un lieu donné. Le système de combat reste le même qu'auparavant : visez les points faibles du spectre pour le diviser en fragments ; plus vous aurez de cibles dans l'objectif, plus vous ferez de dégâts, dans une sorte de combo. L'idée d'utiliser le GamePad et son gyroscope pour laisser le joueur cadrer au mieux sa photo n'est pas foncièrement mauvaise. Mais cumulée à la maniabilité fâcheuse du jeu, elle engendre des combats particulièrement désastreux dans les petits périmètres, qui sont légion dans le jeu. Heureusement, les objets de santé sont disséminés un peu partout et il faudrait vraiment être inattentif pour taper un Game Over, tout du moins en mode Normal. Si vous n'accrochez pas à l'histoire ou à l'ambiance, ce ne sont pas les combats, sans réelle courbe de progression, qui vous inciteront à prolonger l'aventure.