Pour être honnête, depuis la sortie de Resident Evil 5 en 2009, on se demande si Capcom s'y connaît toujours en survival horror, tant la déception fut grande pour la majorité des fans. Dead Space 2 n'a pas vraiment arrangé les affaires de l'éditeur japonais, et ce sont désormais les Nécromorphes qui mettent en panique à chaque coin obscur. En attendant de savoir si Resident Evil 6 marquera le retour de la série au premier plan en termes d'épouvante, Capcom a décidé de reprendre les bases avec Resident Evil Revelations sur 3DS, où la marche semble nettement moins haute que sur les consoles de salon. Voici notre verdict.

Les premières secondes de
Resident Evil Revelations font immédiatement penser au long métrage
La Mémoire dans la peau, avec Jill Valentine et Parker Luciani perdus quelque part en pleine mer Méditerranée, à bord du Queen Zenobia où ont été localisés pour la dernière fois Chris Redfield et sa partenaire Jessica Sherawat. Nous n'allons bien évidemment pas vous révéler toutes les ficelles de l'intrigue, mais
Resident Evil Revelations offre l'occasion de revenir sur la création du
BSAA, la fameuse organisation internationale de lutte contre le bioterrorisme introduite dans
Resident Evil 5. Le jeu permet également de faire connaissance avec des nouveaux personnages (alliés et antagonistes), et puis la fin ouverte démontre clairement que
Capcom a l'intention de prolonger l'expérience, ou d'établir des interconnexions avec les prochains épisodes de la série. En tout cas, on se rend compte au bout de cinq minutes que
Resident Evil Revelations renoue avec les origines de la série. Les grincements métalliques qui sortent des entrailles du Queen Zenobia mettent la pression, les monstres sont planqués à des endroits stratégiques, et il est dorénavant déconseillé de foncer tête baissée comme cela était devenu le cas ces dernières années. En fait, les développeurs ont opté pour l'alternance, car on incarne tour à tour un binôme différent pour découvrir chaque aspect du scénario de
Resident Evil Revelations. Ce choix n'est pas choix anodin, puisque la progression devient du coup moins rébarbative, moins linéaire, et une certaine pression est maintenue sur les épaules du joueur. Avec Jill et Parker, on a droit à du
survival horror pur jus, tandis qu'il faudra souvent vider son chargeur avec Chris et Jessica. Quant aux deux potes Quint et Keith, leur campagne ressemble à un moment de détente que l'on s'accorde entre deux coups de griffes pourries.
Back to the basics

Si les scènes d'action ne manquent pas dans
Resident Evil Revelations, elles sont nettement moins musclées que celles de
Resident Evil 5, ce qui permet de conserver cette angoisse que la licence avait finit par perdre de vue. On ne sait pas si les développeurs de
Capcom ont passé du temps sur
Dead Space, mais certaines séquences ne sont pas sans rappeler la série de
Visceral Games. On pense notamment au passage où Chris Redfield se retrouve encerclé par une horde de loups galeux, après avoir chuté de quelques mètres et s'être brisé la cheville ; une situation aussi compliquée que celle où Isaac Clarke est suspendu par les pieds dans
Dead Space 2, et doit faire face à une armée de Nécromorphes pas plus accueillants. Il y a aussi les zones aquatiques qui s'avèrent particulièrement efficaces dans
Resident Evil Revelations, et que l'on peut comparer aux espaces sans gravité de
Dead Space. Bref,
Capcom semble avoir retenu la leçon et écouté les prières des aficionados, qui ne doivent en revanche pas s'attendre à grand chose d'original avec l'écran tactile de la 3DS. En effet, naviguer dans les différents menus à coups de stylet ne fait plus rêver depuis un moment, détourner le système électronique d'ouverture des portes non plus. Ce qui agace sérieusement, c'est la
map qui est parfois totalement illisible. Il est impossible de déterminer sa position avec précision, déjà parce que les différents étages ne sont pas délimités clairement, mais surtout parce que l'on ne peut pas manipuler la carte dans tous les sens ; alors que c'est censé être l'un des avantages apportés par l'écran tactile de la console. Il n'est donc pas rare que l'on se trompe de chemin dans le Queen Zenobia, et il aurait sans doute été préférable d'avoir recours à un système type GPS nettement plus clair.
Si les scènes d'action ne manquent pas dans Resident Evil Revelations, elles sont nettement moins musclées que celles de Resident Evil 5, ce qui permet de conserver cette angoisse que la licence avait finit par perdre de vue."

Pour ce qui est de la prise en main,
Resident Evil Revelations propose plusieurs types de configuration, dont une avec le fameux
Circle Pad Pro vendu en
bundle. Pas de doute, l'accessoire permet indéniablement de gagner en confort de jeu, malgré les mouvements rigides des personnages. Avec le stick droit qui sert à
strafer et évite de se faire prendre en traître, il est possible de tirer sur les infectés tout en se déplaçant, ce qui était déjà le cas dans
Resident Evil : The Mercenaries 3D, pour ceux qui l'auraient oublié. Quant à la visée, elle peut être ajustée en mode
FPS où à la troisième personne : c'est une question de goût avant tout, l'efficacité restant la même dans un sens ou dans l'autre. Les demi-tours rapides sont toujours de mise, et la sélection des armes - principales et secondaires - passe par le pad directionnel. En parlant des armes justement, celles-ci peuvent être customisées en ramassant des kits au fil de l'aventure. Ceux-ci augmentent alors la puissance, la précision ou bien encore la cadence de tir de l'arsenal. Si ces bonus sont plutôt anecdotiques au départ, ils deviennent rapidement indispensables face à des golgoths quasi immortels, comme le boss final par exemple. Pour inciter à l'exploration,
Resident Evil Revelations dispose du Génésis avec lequel les personnages peuvent scanner les lieux à la recherche d'
items cachés, ou alors récupérer des données précieuses sur le virus à l'origine du mal. Mouais. Nous n'avons pas été convainvus non plus par la présence d'un partenaire à nos cotés. Contrôlé par l'
I.A., il se contente de tirer sur les créatures sans forcément leur faire mal, et c'est finalement au joueur de faire tout le travail. Impossible d'échanger des objets avec le coéquipier, ni même d'élaborer une stratégie d'attaque comme le suppose la coopération. Heureusement qu'il ne possède pas sa propre jauge vitale, ce qui permet de s'en servir d'appât dans les moments tendus. Oui, c'est moche.
Les jeudis de l'angoisse

Soyons clairs : graphiquement,
Resident Evil Revelations est de loin le jeu le plus impressionnant sur 3DS. Les décors sont variés, regorgent de détails et jonglent habilement entre endroits sombres et zones éclairées. Mieux encore, certains passages obligent les personnages à se servir de leur lampe torche, ce qui diminue considérablement le champ de vision et fait grimper le taux d'angoisse. Délicieux. Encore une fois, la 3D relief n'apporte pas grand chose au débat et accentue même l'aliasing une fois activée. On ne sait pas si
Resident Evil Revelations pousse déjà la 3DS dans ses derniers retranchements, mais les nombreux ralentissements que nous avons constatés prouvent en tout cas que le jeu est gourmand en ressources. Si la majorité des cinématiques sont sympathiques à regarder, la compression de quelques-unes fait parfois mal aux yeux. Sans forcément
rusher, la campagne principale et ses douze chapitres nécessitent entre neuf et dix heures de jeu. Pour les plus téméraires, le mode "
Commando" permet de revisiter les principaux niveaux aperçus en solo, mais à deux joueurs cette fois-ci, aussi bien en local qu'en ligne. Enfin,
Resident Evil Revelations offre une compatibilité avec le
StreetPass, avec lequel on peut accéder à des nouvelles missions pour le mode "
Commando", mais aussi récupérer des objets supplémentaires pour améliorer son arsenal.