Avant d'aborder l'épineuse question du gameplay, il convient de s'intéresser dans un premier temps au scénario du jeu et à sa fidélité avec l’œuvre cinématographique dont il est tiré. Sur ce point, Jurassic Park : The Game remplit parfaitement son contrat. L'histoire, parallèle à celle du film, introduit de nouveaux personnages mais respecte totalement les évènements que l'on connaît. Elle démarre par exemple au moment de la mort de Dennis Nedry, tué par des dilophosaures alors qu'il s'enfuyait avec des embryons de dinosaures dissimulés dans une canette de mousse à raser. Une mercenaire locale et un sous-fifre du docteur Lewis Dodgson s'aventurent près de la jeep abandonnée pour mettre la main sur ce précieux trésor. Pendant ce temps, le vétérinaire Gerry Harding et sa fille tentent de s'échapper du parc, devenu extrêmement dangereux depuis que les animaux ont retrouvé leur liberté. A commencer par le T-Rex, qui fait plusieurs apparitions remarquées, notamment au centre des visiteurs que l'on retrouve avec plaisir. Et encore, il ne s'agit là que d'un bref résumé du premier volet de l'aventure, découpée en quatre épisodes. Tous baignent dans une ambiance fidèle à celle du film. Ici ou là, on reconnaît sans cesse un personnage, un lieu, une musique, un événement... Sur ce point, les fans du film (voire du livre dont il est tiré) ne seront pas déçus. Bon point également pour la localisation, qui fait le choix de la version originale sous-titrée en français. Les anglophobes devront fournir un léger effort d'attention mais, objectivement, ce système reste préférable à des voix françaises bâclées ou à une VO totale. La réalisation graphique souffle quant à elle le chaud et le froid. Des progrès réels ont ainsi été faits par rapport à ce que le studio nous propose d'habitude. Cela s'imposait car, contrairement aux jeux à vocation humoristique, il n'était guère possible pour un titre comme Jurassic Park de dissimuler ses faiblesses techniques derrière un style graphique cartoon et anguleux. Cependant, dans l'absolu, nous restons encore loin de ce qui se fait de mieux actuellement. Le travail sur les visages est assez intéressant, mais certains éléments de décor restent trop peu détaillés.
Comme sur des roulettes...
En réalité, même si l'on remarque la présence de quelques bugs (comme ces phrases répétées deux fois dans la séquence post-générique), ce n'est pas vraiment la réalisation technique qui déçoit le plus. C'est surtout le positionnement du produit, qui abandonne le gameplay traditionnel des point & click et se rapproche un peu trop du film interactif. Ainsi, il n'y a aucun inventaire à gérer ni aucun objet à ramasser dans les décors. On ne dirige pas non plus directement le personnage que l'on incarne (et qui change régulièrement, mais là n'est pas la question). On se contente en de rares occasions de faire un choix entre différents lieux. Quant aux énigmes, elles sont distillées au compte-gouttes et toujours extrêmement simples. Seuls les dialogues à choix multiples restent à la hauteur de ce qu'on a l'habitude de voir dans un jeu d'aventures. Certains sont bien écrits et influencent légèrement la suite de l'action. Mais en réalité, la majeure partie du jeu (peut-être bien 80%...) est composée de scènes cinématiques et de QTE. En effet, à la manière d'un Heavy Rain, Jurassic Park : The Game se repose pour l'essentiel sur des Quick Time Events, ces séquences où l'on nous demande de presser des boutons au bon moment. Au passage, les joueurs PC auront tout intérêt à brancher une manette sur leur machine, car la jouabilité clavier/souris est encore moins intéressante qu'au pad. Si ces QTE sont globalement bien réalisés, c'est leur principe même qui reste discutable. Ce n'est guère valorisant pour le joueur (un singe bien entraîné serait tout à fait capable d'en faire autant) et pas si immersif qu'on pourrait le penser. Focalisé sur les pictogrammes qui apparaissent à l'écran, on n'a plus le temps d'apprécier la scène qui se déroule derrière. Il faut tout de même reconnaître que certains passages plus orientés action (notamment les affrontements avec les dinosaures) fournissent leur petite dose d'adrénaline. On apprécie également le découpage de chaque épisode en différentes scènes, rejouables indépendamment les unes des autres. A l'occasion, cela permet d'améliorer son score (représenté par une médaille d'or, d'argent ou de bronze) sur un passage particulier. Reste qu'au final l'aventure tient un peu trop du voyage organisé et peu interactif, à l'image des fameuses voitures sur rail destinées à faire visiter le parc...