Les affaires tournent pour Pendulo Studios. Spécialiste de l’aventure "l'ancienne" depuis près de quinze ans, la minuscule compagnie a pu compter sur l’énorme succès commercial – et critique – de la trilogie Runaway pour se mettre à l’abri du besoin. Cette manne inespérée a permis aux Madrilènes de s’offrir un luxe parmi les plus enviés dans le milieu : le temps. Le long intervalle qui sépare chaque projet de son successeur est toutefois largement mis à profit, et le studio fignole ses oeuvres avec toute l’application que l’on peut attendre d’un artisan du jeu vidéo. Le résultat n’est jamais très impressionnant, et pour cause, depuis les premiers Monkey Island, le point & click n’a guère changé : un personnage se déplace dans un décor précalculé dans lequel se trouvent quelques objets qu’il peut ramasser, combiner et utiliser ailleurs. Les évolutions de gameplay sont minimes, quant aux progrès techniques, ils ne sont jamais flagrants. La 3D a toutefois fait une apparition plus ou moins remarquée au fil des années, alors que l’augmentation de la résolution a permis d’afficher des décors toujours plus colorés et détaillés… sur PC.
Miniaturisation
Soucieux d’effectuer un portage parfait de la version d’origine sur DS, Cyanide s’est appliqué à faire rentrer les superbes environnements conçus par les Espagnols sur l’écran inférieur de la portable. Le résultat est impressionnant, mais manque souvent de lisibilité, un défaut qui pénalise l’ensemble de l’aventure. Car dans un titre où vous devez cherchez la petite bête, le machin qui dépasse d’un trou de souris dans un mur, mieux vaut disposer d’une belle vue d’ensemble, impossible à obtenir sur un écran de 3 pouces. Cet impressionnant tassage réduit également considérablement la précision de vos actions. Vous ne contrôlez pas directement votre avatar, mais lui ordonnez de se déplacer, d’examiner quelque chose ou de ramasser un objet en cliquant sur une zone. Or, la miniaturisation du produit contraint le joueur a faire preuve d’une précision chirurgicale, assez incompatible avec le jeu "nomade". Quelques innovations vous permettent de vous y retrouver plus facilement (lorsque vous passez le stylet sur une partie de l’écran, tous les éléments interactifs alentours apparaissent en surbrillance), mais même posé, au calme, il est parfois nécessaire de s’y reprendre à trois ou quatre fois pour parvenir à effectuer l’action souhaitée ou manipuler un objet dans l’inventaire. Ne parlons même pas du double-clic, là encore bien peu tolérant, censé vous permettre de vous déplacer rapidement. Ces défauts de prise en main, auxquels viennent s’ajouter une gestion du son toujours aussi problématique (peu de voix, des musiques, trop rares et qui se déclenchent totalement aléatoirement), restent toutefois d’autant plus surmontables que les péripéties de Gina et de Brian ne manquent pas de piquant. Suite logique de Runaway : The Dream of the Turtle, partiellement construit sous forme de flashbacks, ce nouvel épisode multiplie les situations cocasses et les dialogues loufoques, dans la plus pure tradition de la saga. Méfiez-vous néanmoins des apparences : bien que rigolo et très coloré, le jeu ne se destine pas aux plus jeunes. Allusions sexuelles, meurtres et références en pagaille, cette troisième itération fera davantage rire et vibrer les (un peu) plus grands, qui progresseront sans peine dans un titre joyeusement déglingué et pas trop retors, bouclé en six petites heures, voire moins pour les vieux briscards.