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Vivendi se paie Activision !


Vivendi sait reconnaître ses erreurs. Après avoir longuement hésité à se séparer de sa division Jeux Vidéo, le groupe français a récolté l'année dernière les premiers, et modestes, fruits de sa patience. Avec un résultat net de 90 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros en 2006 – chiffres qui devraient considérablement augmenter en 2007 –  Vivendi Games a mis fin à une série longue série d'années catastrophiques et, surtout, a ravivé l'intérêt de sa maison-mère pour un pôle à fort potentiel.

En annonçant aujourd'hui un rapprochement de Vivendi Games avec Activision – soit l'un des trois plus gros éditeurs mondiaux – l'ancienne Compagnie Générale des Eaux réalise un énorme coup et relance brutalement la course à la consolidation du milieu. Dévoilée cet après-midi, l'opération, qui doit encore être approuvée par les actionnaires d'Activision et répondre aux diverses réglementations américaines et européennes sur la concurrence, vise à la création en deux temps d'une structure baptisée Activision Blizzard. Vivendi Games, dont les actions seront converties en 295,3 millions d'actions nouvelles Activision, sera tout d'abord fusionné avec une filiale à 100% d'Activision. Vivendi se portera acquéreur dans le même temps de 62,9 millions d'actions nouvelles Activision au prix de 27,5 $ l'action (+ 31% par rapport au cours moyen récent), pour un total de 1,7 milliards de dollars en cash. L'opération achevée, Vivendi détiendra environ 52 % de la nouvelle structure.

Activision Blizzard lancera ensuite une offre publique d'achat portant à hauteur de 4 milliards de dollars en numéraire sur un maximum de 146,5 millions d'action, à 27,5 $ l'unité. Vivendi pourra acquérir des actions émises à hauteur de 700 millions de dollars maximum. Si l'offre publique d'achat est totalement souscrite, Vivendi sera présent à hauteur de 68 % environ du capital de la nouvelle structure.

 

Online, offline, consoles, PC, il faut de tout pour s'enrichir

 

La complexité de l'opération est à la hauteur de son ambition. En rapprochant ses activités jeux vidéo d'Activision, Vivendi donne naissance à un nouveau géant présent sur toutes les plates-formes – PC, consoles et téléphonie mobile -, leader sur le marché du jeu en ligne, dont World of Warcraft reste l'étentard, et fort d'un sacré paquet de licences fortes, qu'elles soient de purs produits internes ou qu'elles aient été payées à un prix plus ou moins élevé. Call of Duty, Spiderman, Star Wars, le porte-feuille intellectuel d'Activision a toujours semblé plus riche et plus porteur que celui de Vivendi Games, mais la stratégie de rachat de studios opéré par l'éditeur français au cours des dernières années (Massive Entertainment, Radical Entertainment, Swordfish Studios, High Moon Studios), le développement de  licences cinématographiques (La Mémoire dans la peau et Ghostbusters sont attendus sur consoles en 2008) et, surtout, le poids de la pépite Blizzard, témoignent d'une ambitieuse logique industrielle et d'un potentiel indéniable.

Activision Blizzard devrait donc tirer parti des qualités et du savoir-faire de chacun. Les grands pontes des deux groupes se félicitent évidemment de l'opération, et donnent tous des indications quant à l'avenir de la société. Robert Kotick, CEO d'Activision, indique ainsi : "en réunissant les leaders des jeux grand public et des jeux en ligne par abonnement, Activision Blizzard sera le seul éditeur à occuper des positions de premier plan sur l'ensemble des secteurs du divertissement interactif.  Cette opération va nous permettre de mieux tirer parti de nos franchises en exploitant toutes les nouvelles opportunités en ligne comme Blizzard l'a fait avec tant de succès. Nous diversifions nos sources de revenus entre les jeux en ligne, sur consoles, pour PC, et aussi les activités en développement telles que les jeux pour mobiles et le casual online".

 

Rentabilité et créativité peuvent-elles faire bon ménage ?

 

Jeux en ligne, jeux sur mobile, casual online, les actuelles et (présumées) futures poules aux oeufs d'or du jeu  vidéo se retrouvent dans le panier de Kotick, qui deviendra le CEO de la nouvelle entité où il sera secondé par Bruce Hack, actuel CEO de Vivendi Games. Les gourous d'Activision voient également d'un très bon oeil le rapprochement avec l'une des filiales d'un groupe qui possède également Universal Music Group. Le leader de l'industrie musicale mondiale dispose en effet d'un catalogue d'une richesse unique, qui sera d'une grande utilité à un certain Guitar Hero!

Ambitieux, les deux heureux parents prévoient un chiffre d'affaire pro forma d'environ 3,8 milliards de dollars en 2007 et annoncent que Activision Blizzard affichera les marges d'exploitation les plus élevées du milieu. Derrière les rêves de dollars, René Pénisson, président de Vivendi Games et président du conseil d'administration de la future entreprise, n'oublie pas l'essentiel et a déclaré lors de l'annonce du rapprochement : "Activision Blizzard deviendra une référence en termes de qualité, de renommé et de rentabilité. Cette opération réunira également les équipes les plus créatives du secteur." La notion de créativité ne manquera pas de faire sourire ceux qui suivent attentivement l'actualité de Vivendi Games et surtout d'Activision, deux éditeurs pas spécialement réputés pour leurs prises de risques. L'histoire ne dit pas non plus si ces talentueux développeurs pourront continuer à exprimer tout leur talent dans la nouvelle entité, ni si certains ne seront pas invités à aller exprimer leur génie ailleurs.

Les talentueux analystes de JeuxActu ne manqueront pas de revenir sur le sujet au cours des prochaines semaines, notamment pour évoquer les réactions des différents acteurs du secteur. Certains, petits ou gros, ne devraient en effet pas manquer de s'inquiéter de la naissance de ce géant tentaculaire.


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