Test WWE 2K15 : avec ou sans finitions ?

L’avantage d’avoir le monopole et d’être tout seul sur le créneau, c’est de pouvoir imposer sa loi. C’est ce qui s'est passé pendant plus d'une décennie avec WWE 2K qui ne s'est jamais vraiment remis en question, surtout quand la licence appartenait encore à THQ. Certains médias comme nous avaient beau pointer du doigt les défaillances qui pouvaient amener la série au déclin, les fanboys étaient présents chaque année pour défendre bec et ongles un jeu qui sombrait petit à petit dans la médiocrité. A l'heure de la next gen' et donc de la remise en question, les langues commencent doucement à se délier et certains apôtres commencent enfin à lui tourner le dos, en reconnaissant tous les défauts qu'on fustigeait déjà à l'époque. Il faut dire qu'avec l'avènement de la PS4 et de la Xbox One, les joueurs sont devenus encore plus exigeants. Il y a certes l'aspect purement technique avec le 1080p et le 60fps qu'on exige systématiquement, mais graphiquement aussi, on s'est habitué à l'excellence. Avec l'aide de 2K Games et de Visual Concepts, le studio japonais Yuke's Co peut enfin profiter d'un moteur graphique flambant neuf. Comparé aux épisodes de la génération précédente, c'est quasiment le jour et la nuit, surtout quand il s'agit des catcheurs qui ont bénéficié des nouvelles technologies de modélisation. John Cena, Triple H ou bien encore Randy Norton n'ont jamais été aussi proche de la réalité. C'est principalement lors de leurs intros sur scène qu'on peut se régaler des miracles générés par le motion scan ou la performance capture. Bon, il reste encore du boulot à faire en matière d'expressions faciales, mais une chose est sûre, on est sur la bonne voie.

THE SHOW MUST GO ON !

Manque de bol pour nous, tous les catcheurs du jeu n'ont pas eu droit au même traitement graphique, certainement par manque de temps et encore plus probable d'argent. CM Punk, Shawn Michaels ou bien encore The Rock paraissent en effet plus figés et moins détaillés que d'autres. Certes, leur modèle 3D a une meilleure gueule que celle des versions old gen' mais ça reste assez minimaliste. Le pire étant de les voir à l’œuvre, c'est-à-dire en mouvement sur le ring. Là encore, il y a eu l'effet du deux poids deux mesures, avec utilisation dans certains cas de la motion capture. Compte tenu du chantier, on pourrait se réjouir des changements de certains catcheurs et se dire que la suite, l'année prochaine, augure du meilleur, mais lorsqu'on paye un jeu au prix fort tous les ans, on n'a pas envie de le voir à moitié fini. C'est d'autant plus frustrant qu'il existe alors un contraste important entre les catcheurs qui ont été modélisés et les autres fabriqués à la mano par nos développeurs japonais. Outre les stars de la WWE, le public se devait lui aussi de bénéficier d'un ravalement de façade. C'est chose faite avec une nette amélioration pour ces PNJ qui bougent dans le fond et qui sont quand même censés réagir en fonction de ce qui se passe sur le ring. Pour le coup, ce n'est pas encore la panacée mais on se rapproche davantage d'un public vivant, affichant une plus grande variété que les personnages fades et sans vie des précédents opus. Bon là aussi, il y a du mieux mais quand on voit ce que Visual Concept est capable de faire avec sa série des NBA 2K, il y a encore du pain sur la planche. Car soyons honnêtes, c'est ce genre de détails qui peut carrément ruiner l'immersion, et c'est loin d'être fini puisque les développeurs sont aussi partis dans d'autres délires côté gameplay.

Compte tenu du chantier, on pourrait se réjouir des changements de certains catcheurs et se dire que la suite, l'année prochaine, augure du meilleur, mais lorsqu'on paye un jeu au prix fort tous les ans, on n'a pas envie de le voir à moitié fini.

Premier changement : le rythme du jeu a été considérablement revu à la baisse. Les habitués de la série risquent de râler mais c'était nécessaire si les développeurs veulent davantage lorgner du côté de la simu que du jeu d'arcade limite baston. Pour cela, la gestion des masses des persos a été elle aussi corrigée, empêchant ainsi des mouvements farfelus voire impossibles dans le coin du ring. Dorénavant, il va falloir jouer avec les espaces et le ring bien plus interactif qu'auparavant, ce qui dénote bien les améliorations apportées par Visual Concept qui semble montrer la voie aux développeurs ramollis de Yuke's Co, clairement en panne d'idées. Terminées donc les situations improbables où l'on pouvait enchaîner un adversaire dans un coin sans que celui-ci ne puisse se sortie des coups balancés à la chaîne. Chaque catcheur va en effet se montrer plus réaliste dans ses mouvements et avec une physique adoptée en fonction de la position du personnage sur le ring. Il va donc falloir se montrer encore plus vigilant dans vos prises, surtout que ce qui arrive n'est pas forcément une bonne idée.

RING A BELL ?

Pour on ne sait quelle raison, les concepteurs du jeu ont décidé de modifier le système de choppe, à savoir le chain wrestling, lorsque deux catcheurs s'attrapent au même moment. Dorénavant, nous avons le droit à un système basé sur la chance, un peu comme le jeu du shifumi (ou pierre, feuille et ciseaux). Au moment de la lutte, trois possibilités vont apparaître à l'écran, laissant le choix aux adversaires d'opter pour telle ou telle prise. En fonction des forces établies, s'ensuit alors un mini-jeu où il est demandé de jouer avec le stick analogique, trouver la zone sensible de son adversaire, la maintenir pour remplir une jauge. Dans le cas d'une offensive, celui qui remporte le mini-jeu peiut continuer à lui mettre la misère. A l'inverse, si on remporte le défi en mode défensif, alors il est possible de se mettre en position de force. Sur le papier, c'est franchement pas con, mais une fois le jeu en mains, ça ne passe mais alors pas du tout. Non seulement, les situations sont beaucoup trop rapides pour qu'on puisse véritablement faire de ce qu'on veut et ce putain de facteur chance (excusez l'expression qui trahit ma frustration) ruine toute notion de skill. Quel intérêt sérieusement de faire intervenir un jeu où seule la chance ne compte ? Non mais allô quoi !!

TU ME FAIS TOURNER LA TÊTE

Vous l'aurez compris, l'idée de base était de rendre les combats encore plus ludiques, pour ne pas dire grand public, ce qui a pour effet néfaste de plomber un peu plus l'immersion du jeu. C'est d'autant plus regrettable que le gameplay avait gagné en maturité avec ce rythme certes plus lent mais plus réel et cette physique revue et corrigée pour les catcheurs. Passons... Côté contenu, WWE 2K15 n'a pas à rougir face à son prédécesseur. Il y a toujours autant de possibilités dans les affrontements proposés, afin de ne pas lasser le joueur au bout de 3 heures de partie. A ce propos, NBA 2K devrait en prendre de la graine quant à l'interface de tous les modes de jeu de WWE 2K15, bien plus classe, plus sobre et plus claire que son homologue sur les parquets. Pour une fois qu'il peut lui filer un bon tuyau... En attendant, c'est plutôt l'inverse qui se passe, avec notamment l'arrivée du mode "MaCarrière", repris de la série NBA 2K et qui propose de créer son propre catcheur pour l'emmener dans les strates de la célébrité du catch américain. C'est là qu'on se rend compte que les possibilités en terme de création ont été sacrément revues à la baisse. On passe en effet de 100 slots de départ dans l'épisode 14 à 25 aujourd'hui. On sait que les temps sont durs et que les DLC sont la nouvelle politique des éditeurs, mais quand même...

On ne vous cachera pas qu'il se dégage un sentiment d'insatisfaction et de jeu pas fini, même s'il est difficile de nier les évolutions apportées à la série.

Terminée aussi la création des scénarii ou des entrées qu'on pouvait customiser à loisir, il va falloir se contenter de ce qui nous est proposé désormais. Pour en revenir au mode "MaCarrière", sachez qu'il n'apporte au final pas grand-chose puisqu'il n'est qu'une succession de matchs sans intérêt, mais surtout sans aucune approche sentimentale. J'entends par là que rien n'est fait pour se prendre d'amitié avec son avatar fraîchement créé. Pas de cinématique, pas de gestion de l'image, pas de situations amusantes avec d'autres catcheur qui pourraient nous coacher. Rien, que chi, que dalle ! Encore une fois, on sent que le chantier était trop important pour qu'on puisse bénéficier d'un jeu bien complet et que les développeurs ont mis ce qu'ils ont pu dans la galette. On ne vous cachera pas qu'il se dégage un sentiment d'insatisfaction et de jeu pas fini, même s'il est difficile de nier les évolutions apportées à la série. Dans un monde idéal, WWE 2K aurait dû prendre une année sabbatique pour revenir plus claquant que jamais l'année suivante. Dans les faits, on se retrouve avec un jeu en nette progression sur certains aspects mais en régression sur d'autres.