Inutile de créer un faux suspense à deux balles, la polémique autour de Tony Hawk’s Pro Skater 5 est suffisamment virulente pour que vous sachiez déjà à quoi vous en tenir avec le jeu. Oui, Tony Hawk’s Pro Skater 5 est un jeu raté. Oui, Tony Hawk’s Pro Skater 5 est un jeu archi buggué et oui, il y a des chances pour que le titre ait été développé en seulement quelques mois. A l’heure où vous lisez ces lignes, le jeu affiche un 34% de moyenne sur le site référent Metacritic, qui le place aussi sec dans la case des jeux les plus salement notés de 2015. Mais pour être honnête avec vous, on a vu le truc venir depuis plusieurs mois, à l’E3 2015 pour être précis, lors de notre passage sur le stand d’Activision qui dévoilait le jeu pour la toute première fois. A l’époque, Tony Hawk’s Pro Skater 5 proposait des graphismes différents de ceux qui s’affichent aujourd’hui à l’écran. L’entourloupe a été possible grâce à un fameux patch Day One (plus gros que le jeu en lui-même) qui a modifié la patte graphique du jeu à la dernière minute. Il faut dire que Tony Hawk’s Pro Skater 5 faisait peine à voir, pas si loin d’un titre produit à l’époque de la PS2 ; et on exagère à peine. Malheureusement, la prise de conscience chez Robomodo a été beaucoup trop tardive pour rectifier le tir en pleine production, d’où l’apparition de ce patch qui a complètement modifié la patte artistique, avec désormais des graphismes en cel-shading. Dès lors, Tony Hawk’s Pro Skater 5 apparaît moins fade qu’auparavant, mais ce changement n’a in fine aucun impact sur notre jugement qui reste identique : graphiquement, ça reste faible, très faible même...
OH LA BELLE GAMELLE !
Passer en cel-shading a peut-être permis au jeu d’arborer un look plus cool, plus cartoon, mais ça n’a en aucun cas masqué les carences techniques qui restent toujours aussi visibles. La modélisation des personnages de manière générale fait peine à voir, avec des skateurs célèbres difficilement reconnaissables, notamment en ce qui concerne Lizzie Armanto, Leticia Bufoni et David Gonzalez qui pourraient tous les trois porter plainte pour usurpation d’identité… Quant à ceux qui espéraient retrouver toutes les signatures moves de leurs stars préférées, ils risquent également de déchanter, les skateurs ayant été tous créés sur la même base. Certains diront qu’on en demande un peu trop, mais quand on débarque pour la première fois sur PS4 et Xbox One, la moindre des choses, c’est d’être présentable, ou du moins être un minimum à la hauteur. Mais les choses se gâtent sérieusement quand il est question d’animation. Là encore, on a véritablement la preuve que le jeu a été bâclé et développé à la hâte. C’est simple, on a l’impression que Robomodo ne s’est pas cassé le cul à créer de nouvelles animations en partant from scratch, mais a tout simplement recyclé ce qui existait déjà dans les Tony Hawk de la génération précédente. Quand on sait que les derniers épisodes souffraient déjà de la concurrence de Skate d’Electronic Arts, se taper de telles animations en 2015 relève carrément du foutage de gueule. L’exemple le plus frappant qui prouve à quel point le développement de Tony Hawk’s Pro Skater 5 a été torché en deux-deux, c’est la physique des ragdolls, complètement à la rue et qui transforme nos skateurs en poupées désarticulées dès lors qu’il chute de leur planche. Même Octodad s’en sort dix fois mieux !
Techniquement à la peine, Tony Hawk’s Pro Skater 5 aurait pu tenter de trouver un équilibre en proposant un gameplay en béton armé, mais là encore, le titre dévoile très rapidement ses limites.
Techniquement à la peine, Tony Hawk’s Pro Skater 5 aurait pu tenter de trouver un équilibre en proposant un gameplay en béton armé, mais là encore, le titre dévoile très rapidement ses limites. C’est dommage car le concept de revenir aux sources – en faisant fi de tout scénario prétexte – et en se focalisant sur le plaisir immédiat était une bonne idée en soi, mais le tout est plombé par une multitude de bugs qui nuisent à l’expérience de jeu. Bugs de collision, chutes de map, persos qui restent coincés dans un élément du décor, freezes intempestifs, skateurs qui quittent sa planche sans raison valable, la liste des défaillances techniques est longue, sans compter que le frame-rate se met à chuter dès lors que vous jouez online et qu’il y a plus de 5 joueurs sur le même skatepark. Là aussi, il est évident que le code réseau a été fait à l’arrache…
PLUS DURE SERA LA CHUTE
Mais au-delà de ses graphismes caduques, ses défauts techniques et ses bugs incroyables, Tony Hawk’s Pro Skater 5 pêche aussi par son manque de prise de risques. Quand on revient sur le devant de la scène après l’avoir désertée pendant 5 ans, le minimum est de proposer un semblant de nouveautés. Sans doute par manque de temps, le studio Robomodo n’a fait que reprendre une recette écumée avec un gameplay basé uniquement sur des enchaînements de figures, avec des objectifs aussi inintéressants que ramasser des cassettes, récupérer les lettres du mot "SKATE" ou "COMBO" ou bien encore enchaîner des tricks dans un certain ordre. Des défis qui étaient valables il y a 10 ans mais qui sonnent comme une redite aujourd’hui. Et que dire du level design, lui aussi d’une pauvreté hallucinante, avec des niveaux qui manquent clairement de vie, d’inspiration et d’interactions. Il faut plutôt se tourner vers la communauté et les quelques créations disponibles pour avoir un semblant de fun et de créativité dans les skateparks. Il faut d’ailleurs savoir féliciter ces joueurs qui ont pris de leur temps pour tenter de maîtriser l’éditeur de skateparks, franchement pas intuitif et qui mériterait une refonte totale. Le jeu tout entier d’ailleurs…