Avant un projet peut-être plus étoffé déjà en développement via Kickstarter, Schafer et Gilbert nous offrent avec The Cave un concentré de gameplay, de la simplicité vidéoludique pur jus. Le joueur commence ainsi par choisir une équipe de trois explorateurs parmi les sept gugus un peu loufoques qui lui sont proposés : un Chevalier, un Moine bouddhiste, des Jumeaux maléfiques, une Aventurière, un Fermier, une Scientifique, une Voyageuse Temporelle. Tous souhaitent plonger au cœur de la Caverne, un dédale de tunnels mystérieux afin d'y trouver ce qu’ils désirent le plus (ce que nous vous laissons découvrir). Oui, un peu comme quand Yoda envoie Luke dans la petite grotte qui pue sur Dagobah. Une sorte de gigantesque et cynique introspection, avec une petite morale à la clé. Pourquoi cynique ? Parce qu’il y a un huitième passager (décidément, que de références cinématographiques) : la Caverne elle-même. Celle-ci se fera un plaisir de commenter les mésaventures de vos petits protégés avec un second degré terriblement efficace. C’est d’ailleurs par sa voix que passera l'essentiel de la narration, même si on peut en apprendre plus sur chacun des héros en découvrant les peintures rupestres qui ornent les mures de la Caverne. La finesse de l’écriture rappelle de manière frappante les meilleurs dialogues des point’n click de la grande époque LucasArts, et elle devrait régulièrement vous porter à sourire. Autre élément de filiation évident : la direction artistique du titre, qui lui permet de passer au-dessus d’une technique médiocre et pourtant gourmande sur les configurations petites et moyennes.
SE CREUSER LES MÉNINGES
Epuré, le gameplay l’est aussi. Si The Cave s’apparente plus à un jeu de plates-formes qu’à un point’n click, ce n’est qu’une façade. En effet, le titre de Double Fine ne vous demandera aucun skill en termes de timing ou de gestion des sauts. Ce qui est, il faut bien l’avouer, aussi bien, car The Cave ne brille pas particulièrement par la précision des déplacements des personnages, qui bougent tous à la même vitesse et sautent tous de la même façon. Non, le cœur du jeu se situe bien dans les énigmes. On traverse ainsi la Caverne de tableau en tableau, la plupart d’entre eux étant consacrée à l’histoire personnelle d’un de vos aventuriers, dévoilant son obscur passé. Chaque zone terminée ouvre la porte vers une autre aux énigmes encore plus tordues. Vu que l’on ne peut contrôler qu’un personnage à la fois, avec un seul objet entre les mains, il s’agira de switcher entre les membres de votre trio afin de résoudre au mieux les problèmes qui s’offrent à vous. Sans vous en dire trop, le jeu vous demandera un sens de l’observation et une logique parfois au-dessus de la moyenne pour amener le bon objet au bon endroit, utiliser la capacité spéciale nécessaire, ou anticiper une réaction en chaîne. Certaines énigmes sont vraiment velues et pourront rebuter les néophytes, tout comme les nombreux allers et retours qu'il vous faudra effectuer pour bien cerner certains mécanismes mais leur difficulté n’a d’égale que l’immense fierté ressentie une fois la solution trouvée. D'autant qu'aucun des protagonistes ne peut mourir et qu'il respawnera simplement au dernier point de passage.