Dès les premières minutes de jeu, Lost Sphear ne cache vraiment pas son intention de ne rien révolutionner, puisqu'on se retrouve dans la peau d'un jeune orphelin, au saut du lit, dans une petite maison, située au milieu d'un petit village qui commence à être envahi par des monstres… Les adeptes des JRPG du siècle passé ne risquent pas d'être dépaysés. Très rapidement, le jeune Kanata retrouve ses amis Lumina et Locke afin de combattre les importuns. Puis ils sont rejoints par un mystérieux voyageur qui semble dissimuler ses véritables intentions, rencontrent des soldats de l'Empire censés les protéger, visitent leurs premiers donjons, combattent leurs premières créatures importantes, et c'est parti pour la prise continuelle de points d'expérience et la montée régulière en niveau, via quelques séances de grinding si nécessaire. L'univers nous propose de l'heroic fantasy mâtinée de technologie (via des armures mécaniques appelées Exomechs), une mythologie basée sur la Lune, et un concept de lieux et de personnages "perdus", que l'on doit sortir de la brume blanche qui les dissimule en ramassant des "souvenirs" au fil de l'aventure (souvenirs qui ne sont en réalité pas grand-chose d'autre que de simples objets obtenus lors des combats). Que les choses soient bien claires, le scénario de Lost Sphear ne vous surprendra à aucun moment. Il arrive même que son caractère ultra prévisible et que ses clichés perpétuels se montrent quelque peu irritants. Mais certains joueurs nostalgiques, ou au contraire nouveaux venus, apprécieront certainement que le fond et la forme soient aussi conventionnels. Avec un peu de bonne volonté, on peut voir dans ce classicisme un vibrant hommage aux jeux cultes qui ont marqué le genre, et la garantie d'une certaine efficacité puisque la recette a fait ses preuves depuis longtemps. En cela, Lost Sphear ne se démarque pas beaucoup de I am Setsuna, le précédent titre de Tokyo RPG Factory, qui empruntait déjà énormément aux Final Fantasy et autres Chrono Trigger.
UN JEU QUI CONNAÎT SES CLASSIQUES
Cette nouvelle production bénéficie tout de même d'un système de combats amélioré, qui constitue d'ailleurs son principal point fort. Basé sur le classique système Active Time Battle des Final Fantasy, qui mélange tour par tour et temps réel, il reprend également le principe de Momentum déjà aperçu dans I am Setsuna, et y ajoute une dose de dynamisme supplémentaire grâce à la possibilité de placer nos héros où on le souhaite lors de chaque attaque. On pourra par exemple se servir de ce degré de liberté pour éloigner autant que possible les personnages des monstres adeptes du corps à corps (certains n'hésitant d'ailleurs pas à utiliser des pouvoirs leur permettant de remettre les combattants dans leur zone d'attaque), placer les épéistes de manière à ce que leurs coups frappent plusieurs monstres regroupés, ou rejoindre une position qui permet aux tireurs à distance d'enquiller plusieurs cibles sur une même ligne de tir. Voilà qui offre au joueur l'occasion d'exprimer son sens de la tactique lors des affrontements, ce qui rend ces derniers bien plus intéressants que ceux de I am Setsuna.
Du côté des graphismes c'est également la douche tiédasse. La direction artistique est sympathique mais assez impersonnelle, tandis que l'aspect technique, en cohérence avec le reste de l'aventure, nous renvoie lui aussi au siècle dernier, ou presque. Bref, on reste dans le domaine du mignon et rien de plus.
Lost Sphear progresse également en matière de localisation puisque cette fois le jeu est intégralement traduit en français. On ne peut que s'en réjouir mais, hélas, la personne chargée de la traduction semble avoir un sacré problème avec la forme négative. On doit ainsi se coltiner d'affreux "je peux pas", "j'ai pas", "je suis pas", "on sait pas" et autres "si on trouve rien". La qualité littéraire du matériau d'origine ne semble pas formidable de toutes manières, les dialogues tombant régulièrement à plat (mention spéciale à "si mon pouvoir me permet d'affronter le désespoir grâce à l'espoir"…). Du côté des graphismes c'est également la douche tiédasse. La direction artistique est sympathique mais assez impersonnelle, tandis que l'aspect technique, en cohérence avec le reste de l'aventure, nous renvoie lui aussi au siècle dernier, ou presque. Bref, on reste dans le domaine du mignon et rien de plus. En revanche, les musiques sont quant à elles très réussies et relativement marquantes. Il fallait bien ça pour relever la sauce d'un jeu qui ne manque pas de défauts objectifs, surtout si l'on a déjà parcouru d'autres JRPG par le passé, mais qui sait tout de même se montrer attachant et efficace par moments. Car si on peut clairement reprocher aux développeurs de Tokyo RPG Factory de ne jamais sortir de leur zone de confort, on ne peut pas leur enlever le fait qu'ils maîtrisent plutôt bien leur sujet.