Test IL-2 Sturmovik : Birds of Prey

Malgré son arrivée dans le monde des consoles, IL2 Sturmovik n'opère que peu de concessions concernant la communication avec le joueur. Point de menus fouillés ou d'introduction pétaradante, le titre de Gaijin Entertainment reste sobre justement comme une simulation. De fait, n'espérez pas vous lancer dans un vol d'essai, le jeu peine à démarrer afin de rentrer de plein pied dans une immersion à la Call of Duty. Ici, il vous sera nécessaire de faire vos preuves en amont en remplissant une grande partie du didacticiel proposé en début du mode "Campagne". Après les instructions de base, vous pourrez enfin être jeté dans des dogfights du siècle dernier, uniquement si vous êtes tenté de vous essayer au mode arcade. Car la richesse du titre réside bien cachée dans ses deux autres niveaux de difficulté, à savoir "Réaliste" et "Simulation". Pour y accéder, vous aurez l'obligation de terminer entièrement le tutorial, passage passablement soporifique mais essentiel pour saisir les surprenantes subtilités d'un soft étonnamment riche. Car bien plus que de s'étendre à tous les publics, IL-2 Sturmovik : Birds of Prey trouve un équilibre et une ouverture internes d'une rare qualité.

Ne décrochez pas !

Lorgnant vers la double identité en proposant d'un côté une jouabilité arcade proche d'un Ace Combat, et de l'autre deux approches bien moins permissives, IL-2 Sturmovik : Birds of Prey a également deux visages en ce qui concerne son intérêt à long terme. En effet, malgré une accessibilité permettant de réellement s'amuser sans ressentir de frustration ludique, le niveau de difficulté Arcade réduit drastiquement la durée de vie du jeu. Plus pénalisant, le jouer ne ressentira aucun véritable sentiment d'évolution ni dans sa manière d'appréhender les différentes situations, ni dans son pilotage. Un souci qui aurait pu passer inaperçu avec un scénario fort et une mise en scène percutante. Malheureusement aucune de ces deux composantes n'étant présente, IL2 Sturmovik tourne quelque peu à vide après quelques missions relativement similaires enchainées à peu de minutes d'intervalles. Certes, la création de Gaijin Entertainment permet d'aborder de manière intelligente son déroulement sans se prendre la tête, mais par sa construction même, le fait de se diriger vers la difficulté Réaliste se fait presque naturellement, tant elle renouvelle l'expérience de jeu. Elle se transforme alors en un parcours légèrement ardu, ayant comme finalité la maîtrise totale de votre appareil. Un objectif qui vous occupera de longues heures mais qui vous gratifiera en retour d'un plaisir de jeu très progressif et d'un gameplay finalement extrêmement prenant, masquant un tantinet le peu de soin apporté à la narration.

Lorgnant vers la double identité en proposant d'un côté une jouabilité arcade proche d'un Ace Combat, et de l'autre deux approches bien moins permissives, IL-2 Sturmovik : Birds of Prey a également deux visages en ce qui concerne son intérêt à long terme."

Survolant les plus grandes campagnes de la Seconde Guerre Mondiale, comme la Bataille des Ardennes, l'attaque de Berlin ou encore le siège de Stalingrad, IL-2 Sturmovik : Birds of Prey ne s'attarde que peu sur les événements, narrant simplement au joueur le journal de bord, loin d'être passionnant pour un pilote lambda. De même, là où Ace Combat 6 : Fires of Liberation excellait, c'est-à-dire dans l'implication du joueur en pleine action, grâce à des rebondissements bien sentis et des dialogues radios épiques, IL2 Sturmovik fait le minimum en relayant quelques conversations plates et une construction scénaristique redondante. D'où l'intérêt qu'à ce titre de se vivre comme un jeu pour le jeu, le principe de base d'une simulation. Si cette approche ne lui retire évidemment pas ses défauts de game design, elle suffit largement à démontrer la réussite majeur du studio russe dans son adaptation d'une jouabilité relativement aride, dans le cadre d'un titre console sans la rendre à aucun moment génératrice de frustration majeure. Certes, la brutalité du mode "Simulation" en refroidira un grand nombre, notamment à cause de la sensibilité bien trop importante des sticks et ce même après quelques réglages. Mais après une campagne entière sous la houlette du réalisme, cette tâche ne devrait plus vous sembler insurmontable. Et c'est dans cette subtile limite entre l'envie de s'améliorer et la précision à outrance démotivante que se place avec une rare maestria  IL2 Sturmovik. Il est de ce fait encore plus regrettable que le reste du menu proposé s'avère un peu terne.

Une histoire de modes

Une fois la campagne principale terminée, il ne vous restera en effet plus vraiment de nouveaux challenges vous permettant de mettre au défi vos nouveaux talents de pilotage. La faute non pas à un manque de contenu (vous pourrez débloquer des missions au fur et à mesure de votre avancée) mais davantage à une variété absente, vous donnant la désagréable impression de faire encore et toujours la même chose. Un mode multijoueur est également présent, restant lui aussi fort classique, pouvant tout de même accueillir jusqu’à 16 joueurs simultanément, et pouvant se révéler assez sympathique si toutefois vous parvenez à dénicher des compagnons, ce qui est loin d'être facile. Vous pourrez toujours vanter la qualité graphique très convaincante du titre à vos amis afin de mettre en place quelques matchmaking entre connaissances – seule alternative au manque d'une forte communauté. Pourtant,  IL-2 Sturmovik : Birds of Prey est l'un des rares softs qui parvient à marier convenablement arcade et simulation, tout en réussissant à générer un mode intermédiaire extrêmement convaincant et prenant. Malgré ses chutes de frame-rate et sa mise en scène à bout de souffle, IL2 Sturmovik est l'un des jeux de combat aérien le plus convaincant sur consoles actuelles, juste après l'impressionnant Ace Combat 6. Reste à la série russe à s'inspirer du maître des airs pour gonfler son background et son immersion. L'adrénaline et la découverte excitante naissent effectivement de la richesse seule d'un gameplay exceptionnel, mais l'Histoire aurait mérité une simple histoire.