Test Saints Row 4 : du grand n'importe quoi ?

Vous l'avez donc compris : pour Saints Row 4, le studio Volition est parti dans une direction complètement différente des autres épisodes de la série. Vous êtes désormais le Président des Etats-Unis et vous devez faire face à une invasion alien qui menace la survie de la planète. Du coup, exit les guerres de gangs qui semaient le trouble dans les rues de Steelport à l'époque de Saints Row : The Third ; désormais, vous incarnez l'autorité suprême. Ce changement scénaristique induit quelques petites modifications côté gameplay, et d'un GTA-like assez classique finalement, on arrive à un jeu d'action dans la même veine que Prototype, pour ne pas le citer. Les déplacements boostés par vos super-pouvoirs vous permettent en effet de grimper aux murs comme dans le titre de Radical Entertainment, tandis que vos attaques spéciales décimeront les adversaires sans le moindre effort. Comparaison toujours, on retrouve d'autres similitudes avec Prototype, comme ces environnements constamment baignés dans une nuit interminable qui rend le jeu nettement moins vivant qu'auparavant...

Omni Président

Côté scénario, vous devez donc repousser l'invasion des aliens Zins, venus asservir l'Humanité, enfermant l'esprit de chacun dans une matrice, qui rappelle évidemment celle de la trilogie des frères Wachowski. Votre boulot sera donc d'aller réveiller la plupart des membres de votre gang et de les exfiltrer de la matrice. Pour ce faire, vous avez accès à certains niveaux spéciaux dans lesquels il vous est demandé de remonter dans les souvenirs les plus lointains de vos amis. Une fois l'équipe reconstituée, il vous faudra déstabiliser la matrice, pour vous offrir une chance d'anéantir les vilains extraterrestres. Les références à Matrix sont donc récurrentes, et tout au long de l'aventure, répliques et situations vous renvoient vers l'aventure de Neo.  D'ailleurs, si d'un point de vue purement scénaristique, Sains Row 4 s'inspire des autres, qu'en est-il du gameplay ? Là encore, les développeurs sont allés puiser leurs idées à droite et à gauche et le gameplay ressemble davantage à un beat'em all à monde ouvert qu'aux précédents épisodes de Saints Row qui lorgnaient du côté de GTA. Ce n'est pas un reproche pour autant et Saints Row 4 offre une multitude de choses à faire, d'entrée de jeu d'ailleurs puisque le joueur à accès à toute la map dès le début de la partie. Il est possible, grâce à un système téléphonique, de faire appel à des véhicules à tout moment ou mieux, de demander l'intervention d'un coéquipier pour qu'il vienne vous prêter main-forte lors d'une mission délicate. Vos nouveaux super-pouvoirs, eux, vous permettent de vous déplacer plus rapidement et plus librement en plus de leur évidente utilité en combat : le lancer de boues de glaces et la télékynésie deviendront vite indispensables. Quant à vos super-sauts et votre super-vitesse, ils vous serviront également à exécuter de redoutables enchaînements au corps-à-corps.

"La loi, c'est moi !"

Niveau customisation et missions annexes, Saints Row 4 est généreux. Chaque quartier de la ville comporte toute une série de missions facultatives à effectuer afin de libérer vos amis de l'infâme emprise Zin. D'autres missions basées sur la protection d'un objectif fixe ou mobile ont été intégrées pour vous permettre de récolter un maximum de cash, et ainsi vous donner accès à une tonne d'items personnalisables. Votre avatar peut être customisé de la tête aux pieds et ce jusque dans les moindres détails de son anatomie : du style vestimentaire à sa morphologie, en passant aussi par ses punchlines préférées. Tous les véhicules du jeu sont eux aussi modifiables à loisir via des garages à déverrouiller au fil de l'aventure. Les artistes en herbe comme les bricoleurs confirmés peuvent aussi profiter du nombre d'options disponibles pour personnaliser chaque engin dans les moindres détails. Il en va de même pour toute votre artillerie. D'ailleurs, sachez que vous ne serez pas limité aux armes humaines, l'arsenal des Zins est également à disposition, ce qui permet de faire joujou avec des tentacules aliens et autres fusils-laser, qui disposent chacun d'une mise à niveau ultime, rendant l'arme encore plus dévastatrice. Au rang des armes débiles, on retrouve le fameux Dubstep Gun qui permet de faire danser les gens sur une musique insupportable avant de les faire imploser.

Pour ce qui est de la bande-son, on retrouve une playlist fort bien travaillée et des morceaux triés sur le volet. On peut citer par exemple une course en moto façon TRON avec "What is Love" de Haddaway dans les oreilles. Grisant. La scène d'introduction révèle en une poignée de minutes toute l'étendue des loufoqueries proposées par Saints Row 4. Parmi les autres aspects du jeu qui nous ont marqués, on peut citer le sympathique passage en scrolling 2D, baptisé "Saints of Rage" et qui rend hommage au vénérable Street of Rage de l'ère Megadrive. D'autres références sont également présentes comme ces allusions aux travaux de Hideo Kojima, mais on vous laisse le soin de les découvrir par vous-mêmes en jouant au jeu. Autres petite chose amusante : si vous effectuez des donuts en voiture, une foule viendra vous acclamer. Klaxonnez-la et une flopée d'insultes et de doigts d'honneur viendront agrémenter votre spectacle.

Un bon gros row !

Saints Row 4 est-il largement canonisable pour autant ? Malheureusement non, car les Saints ont goûté au pêché et ce à plusieurs reprises. LE premier défaut du jeu n'est autre que son aspect graphique, vraiment en retrait, surtout en 2013 où la fin de vie des consoles nous offre généralement des jeux à la réalisation incroyable. Sans exagérer, on se retrouve avec une qualité graphique digne d'une PS2, la faute à des textures ultra simplistes, une modélisation des personnages vraiment sommaire et des animations pas toujours très fluides. A ce manque de naturel, on peut aussi reprocher à Saints Row 4 une direction artistique vraiment douteuse, dûe à une charte graphique qui rappelle malheureusement celle de Far Cry 3 : Blood Dragon. Ceux qui n'aiment pas les lumières flashy et les ambiances boîte de nuit risquent de se sentir agressés pendant toute l'aventure. Des problèmes de caméra sont également assez présents, la faute très clairement aux pouvoirs de notre Président, qui l'empêche de suivre l'action avec assuidité. Saints Row 4 manque donc de finition et cela se ressent aussi dans le pilotage des véhicules, assez étrange au départ et au final pas vraiment raffiné, puisqu'ils se manient tous de la même façon. A cela se rajoute une flopée de bugs en tous genres, jeu open world oblige (collisions, problèmes de pathfinding, comportement bizzare des corps après un choc), ce qui fera le bonheur des YouTubeurs en herbe qui risquent de partager leurs vidéos sur les réseaux sociaux. En attendant, Saints Row 4 amusera les amateurs de jeux à l'ambiance déjantée et au gameplay assez libéré. De quoi patienter encore un peu avant l'arrivée du maestro GTA 5.